Kosovo : détail des événements de 1987 à 1999
lundi 14 avril 2003
La répression à partir de 1989
L'éclatement sanglant de l'ex-Yougoslavie commence au Kosovo en 1981. Milosevic, arrivé au pouvoir en 1987, supprime d'une manière unilatérale l'autonomie du territoire en 1989. Il déclenche des purges dans toutes les institutions. À partir de juillet 1990, en quelques mois, sont licenciés 90 % d'Albanais de tous les secteurs de la vie sociale et économique : l'enseignement, la santé, les médias, la culture, l'économie. A cela s'ajoute une répression systématique de la police et des unités paramilitaires, relayée par les tribunaux : au cours des années 1981-1988, la police dans sa lutte contre "le nationalisme albanais", "traite" 580.000 personnes (sur 1,8 million d'Albanais habitant le Kosovo). 22.000 personnes sont condamnées à de lourdes peines de prisons de 2 à 14 ans, et plus de 150 Albanais sont tués. Un tel apartheid a pour but de modifier brutalement la structure ethnique du Kosovo.
Une résistance institutionnelle
Face à une telle répression, les Albanais installent un système parallèle d'enseignement, de santé, d'information et de culture. En mai 1992, ils organisent des élections législatives et présidentielles, qui portent Ibrahim Rugova à la tête des institutions parallèles.
La guerre entre les groupes armés kosovars et l'armée yougoslave
En février 1998, l'armée yougoslave lance une campagne militaire au Kosovo pour mettre fin aux activités de groupes armés qualifiés de "terroristes" (qui deviendront ensuite l'UCK). Quatre cents villages sont totalement rasés ou fortement endommagés, plus de 300.000 Albanais chassés de leurs foyers, dont un tiers en Albanie, au Monténégro, en Macédoine et en Bosnie, et parmi les 1.800 personnes tuées et le millier de disparus, la majorité sont des civils (femmes, enfants, vieillards). Plus d'un tiers du territoire du Kosovo est vidé de toute population. Pendant sept mois, différentes zones (la partie frontalière avec l'Albanie, mais aussi celle centrale et le nord) sont soumises à un feu systématique de l'artillerie lourde, des chars et des hélicoptères. Les unités de l'UCK, faiblement armées et sans formation professionnelle, ne peuvent opposer une défense efficace. Les troupes serbes massacrent des civils qui ne réussissent pas à s'enfuir. La torture est régulièrement pratiquée sur les prisonniers politiques, au nombre de 2.000. Ces pratiques, expérimentées déjà en Bosnie, aboutissent au "nettoyage" d'une partie importante du Kosovo.
L'intervention de la communauté internationale
Après la deuxième offensive (mai-juin 1998), des menaces sont adressées à Belgrade par le Groupe de contact et l'OTAN. Celles-ci aboutissent à la signature d1un accord Milosevic-Holbrooke, au terme duquel la partie serbe s'engage à arrêter les opérations, à retirer les forces spéciales, à lever les obstacles à l'acheminement de l'aide humanitaire et au ravitaillement des villes et villages, à permettre l'accès des journalistes aux zones sinistrées. Enfin une force de vérificateurs internationaux se déploie dans la région.
Le 6 février 1999, s1ouvre la conférence de Rambouillet. La première phase de négociations échoue, en raison du refus de la délégation serbe et de la délégation albanaise de signer le projet d1accord. Après l'échec de la seconde phase de négociation, en mars à Paris, l'OTAN commence ses bombardements sur le Kosovo et la Serbie le 24 mars. L'intervention militaire cesse fin mai, après la décision de Milosevic d1engager des négociations. Celles-ci se concrétisent le 9 juin par les accords de paix de Kumanovo (Macédoine) et par le vote de la résolution 1244 des Nations Unies plaçant le Kosovo sous administration internationale.
Le Kosovo reste officiellement membre de la Fédération Yougoslave. Mais le mandat de la communauté internationale stipule que la Mission des Nations Unis pour le Kosovo (MINUK) remplace, à titre provisoire, l'Etat Yougoslave et qu1elle est la seule détentrice de la légitimité politique, en attendant les élections générales qui doivent permettre de constituer des assemblées représentatives de la population du Kosovo.
La MINUK assume provisoirement toutes les fonctions et compétences d1un Etat.
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