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"Russie : la tentation impériale" par Hervé COLLET


mardi 17 février 2004

L'élection présidentielle russe va se tenir le 14 mars prochain. Sept candidats seront présents, mais chacun sait que ce scrutin constituera un plébiscite pour le président Poutine, crédité pour le moment de plus de 70 % des intentions de vote.

Le régime politique russe est républicain, mais à bien des égards, on voit se préciser ce que l'on pourrait appeler une tentation "impériale". Les commentateurs ont déjà évoqué le tropisme de la diplomatie Russie vers la reconstitution de l'ancien empire tsariste ou de l'ancienne Union soviétique. Un empire certes renouvelé et même qualifié de libéral par certains, mais un empire tout de même, avec ses vassaux et ses "marches". La CEI avait ce but à l'origine, mais les liens entre les États membres s'étaient un peu distendus au fil des années : on voulait s'affranchir de la tutelle du "grand frère". Mais dix ans plus tard, les pays anciennement soviétiques ont affermi leur autonomie et sont davantage enclins à renforcer leurs relations mutuelles, en acceptant la Russie comme un "primus inter pares". La preuve en est que, dès qu'un de ces pays connaît des soubresauts politiques, ses leaders s'empressent de faire le voyage de Moscou pour demander aide et protection (cf. récemment le cas de la Géorgie). L'Europe et les Etats-Unis agissent plus ou moins ouvertement dans ce sens. L'Union européenne, à mesure qu'elle s'étend à l'Est, pousse les pays slaves de l'ancienne URSS dans les bras de Moscou. Comme à Yalta, l'administration américaine laisse le soin au Kremlin de "faire le ménage" dans sa zone d'influence, dans un combat confraternel contre "l'axe du mal". Vladimir Poutine a œuvré dans ce sens en resserrant les liens avec les pays d'Asie centrale, en renouant avec l'Azerbaïdjan, et en renforçant la coopération russo-arménienne. Aussi l'opinion publique voit-elle en Vladimir Poutine le digne continuateur de Pierre le Grand ou de la Grande Catherine, le héros civilisateur susceptible de rendre à la Russie sa grandeur passée. Mais la tentation impériale, c'est aussi la fascination du pouvoir absolu, l'envie d'exercer un monopole sur les médias, sur l'économie, en un mot sur l'ensemble de la société. Les adversaires politiques du président Poutine et aussi les observateurs étrangers redoutent de plus en plus le risque d'une mainmise sur la démocratie russe. La tentation impériale, c'est enfin l'antonyme de la "Tentation de Venise" : la volonté de persévérer dans l'être politique, opposée au désir de quitter le pouvoir pour savourer les charmes de la vie civile. On entend déjà, ici ou là, les "pressions amicales" s'exercer sur le président Poutine en vue de porter son mandat de quatre à sept ans ou de modifier la constitution pour qu'il puisse remplir un troisième mandat. Le propre d'une tentation politique est d'être résistible. La résistance peut venir, soit de l'intéressé lui-même, soit du suffrage universel. Il faut reconnaître au maître du Kremlin le fait qu'il a, pour le moment, balayé ces hypothèses. Mais comment ne pas céder aux demandes insistantes de l'opinion publique ? Il est dur de résister aux "pressions amicales" quand elles viennent du peuple lui-même... Hervé Collet, rédacteur en chef



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