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"Pour la Russie, soutenir l'Iran permet surtout de nuire à l'Occident" par Jean-Sylvestre MONGRENIER


mercredi 11 avril 2012

Dans le bras de fer que se livrent l'Iran et l'Occident, la Russie a trouvé sa place : elle rééquilibre la balance. Moscou est ainsi en train de masser ses troupes, se faisant menaçante en cas d'attaque visant le régime de Téhéran. Une position qui rend tout projet d'intervention dans la région particulièrement complexe.

Atlantico : La Russie serait actuellement en train de mettre en place un "plan d'action" en cas d'attaque occidentale contre l'Iran. En cas d'explosion d'un conflit avec l'Iran, la Russie pourrait-elle intervenir militairement ?

Jean-Sylvestre Mongrenier : Nonobstant le discours du « reset » initié par l'administration Obama en 2009 et ses variations françaises, les oppositions russo-occidentales sur l'Iran et la Syrie, comme dans d'autres domaines par ailleurs, sont majeures. La crise diplomatique autour du nucléaire iranien, avec une possible escalade militaire, est la toile de fond de l'exercice militaire russe « Caucase 2012 », annoncé par Moscou pour l'été prochain (cet exercice est organisé chaque année pour bloquer les groupes armés du Nord-Caucase, plus actifs après la fonte des neiges).

D'autres informations et déclarations ont depuis fait part d'une série de dispositions militaires autour de la Géorgie, dans la perspective de frappes américaines en Iran. En matière d' « agit-prop », l'ambassadeur russe auprès de l'OTAN Dmitri Rogozin s'illustre, comme à l'accoutumée, et va parfois au-delà des positions officielles mais il est vrai que sa nomination au poste de vice-ministre est en soi significative.

Après le retour en force de Moscou dans le Sud-Caucase, marqué par l'invasion en 2008 d'une partie du territoire géorgien et l'annexion de facto des régions sécessionnistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, les dirigeants russes entendent consolider leur présence militaire dans ce qui est considéré à Moscou comme l' « étranger proche », c'est-à-dire une sphère de domination dans l'aire post-soviétique. Significativement, les bases russes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud seront engagées dans ces exercices. En cas de frappes sur les sites nucléaires iraniens, il ne s'agirait pas tant pour Moscou d'intervenir directement dans le conflit que de maintenir les liaisons logistiques et militaire avec la base russe de Gumri, située sur le territoire arménien, et de renforcer ses positions sur le flanc sud de la Russie. En l'état actuel des choses et du fait de la rupture des relations russo-géorgiennes d'une part, de l'hostilité arméno-azérie d'autre part, les liaisons terrestres entre la Russie et cette base ne sont plus possibles ; le ravitaillement se fait par voie aérienne et les livraisons énergétiques sont assurées par l'Iran.

Le « plan d'action » que l'on évoque à Moscou et commente en Occident pourrait donc comporter une invasion du territoire géorgien pour rétablir la continuité stratégique Russie-Arménie, satellisant dans le même mouvement la Géorgie, un Etat engagé dans de profondes réformes intérieures et tourné vers l'Occident. Les menaces implicites contenues dans ce « plan d'action » concernent l'Azerbaïdjan. Si Bakou pratique une subtile politique d'équilibre entre la Russie et l'Occident, il y bien volonté en Azerbaïdjan de s'émanciper définitivement de la domination russe, et ce dans le cadre d'une vision à long terme. Par ailleurs, l'Azerbaïdjan et Israël ont renforcé leurs liens militaro-industriels et, selon certains scénarios peut-être sujets à caution, des sites azerbaïdjanais pourraient être impliqués dans une éventuelle action militaire israélienne en Iran (Bakou nie la chose). Aussi la Russie renforce-t-elle sa pression sur Bakou comme dans l'ensemble du Sud-Caucase et l'aggravation de la situation autour de l'Iran pourrait être le prétexte à pousser des pions dans la région. Un effet d'aubaine en quelque sorte. Cela semble être le point central du « plan d'action » : « Vous attaquez l'Iran, nous prenons le contrôle total du Sud-Caucase ».

Suite de l'interview

http://www.atlantico.fr/decryptage/....

Recueilli par Romain Mielcarek pour Atlantico auprès de Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l'Institut français de Géopolitique (Université Paris VIII), membre de l'Institut Thomas More.



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