Russie : Les réformes administratives annoncées par le président Poutine continuent de susciter de vives réactions (octobre 2005)
lundi 18 octobre 2004
Tandis que le projet de loi modifiant le mode d'élection des gouverneurs a été déposé à la Douma (3 octobre), les réactions aux projets de réformes administratives annoncées par Vladimir Poutine au lendemain du drame de Beslan (Ossétie du Nord) continuent à être vives.
Selon un sondage réalisé par le VTsIOM, 50% des Russes sont opposés au nouveau système de désignation des gouverneurs proposé par Vladimir Poutine. 39 % y sont favorables. Toutefois, près de 45 % des personnes interrogées estiment que "le système de mesures de renforcement du pouvoir proposé par Vladimir Poutine" aidera la Russie à combattre le terrorisme. 29 % environ sont d'un avis contraire.
La nomination des gouverneurs entraînera-t-elle l'élection des sénateurs, s'interroge le quotidien Vrémia novostiéï ? (Le Sénat est composé, pour chaque région, de deux représentants, l'un désigné par le pouvoir législatif, et l'autre par le pouvoir exécutif). Selon Serguéï Mironov, président de la chambre haute, si le mode actuel de formation du Conseil de la Fédération était maintenu, le pouvoir exécutif serait lésé. C'est pourquoi il prône l'élection des sénateurs au suffrage universel.
Dans une interview accordée au quotidien Niézavissimaïa Gaziéta, Lilia Chevtsova, du centre Carnegie de Moscou, estime que "Poutine ne croit pas à la possibilité d'une démocratie efficace dans la Russie contemporaine", le juge partisan convaincu d'une modernisation autoritaire. Personne, déplore-t-elle, ne semble s'apercevoir que le changement de système électoral menace le pouvoir lui-même, qui perdra l'unique mécanisme de sa légitimité. "La docilité avec laquelle les barons régionaux ont accepté d'être nommés par le Président, constate-t-elle, prouve la servilité extrême des fonctionnaires russes."
Le président de la Commission électorale centrale, Alexandre Vechniakov, espère que le nouveau mode de désignation des gouverneurs, proposé par Vladimir Poutine, ne sera qu'une mesure provisoire. Il qualifie ce recul de la démocratie directe de mesure contrainte et forcée, justifiée par le fait que "la guerre déclenchée par les terroristes" a rendu nécessaires l'adoption de mesures urgentes pour renforcer les organes de la justice et du maintien de l'ordre, et la transformation du système de formation du pouvoir.
Les modifications éventuelles de la loi électorale vont-elles changer le rôle des assemblées législatives régionales ? Selon Guéorgui Satarov, président de la fondation INDEM, les assemblées législatives devraient théoriquement devenir plus dociles par crainte de la dissolution. En outre, le rôle des assemblées et l'avantage d'en être membre et d'y constituer un lobby régional diminueront, puisque la verticale présidentielle sera l'élément essentiel. Par conséquent, les assemblées législatives seront formées d'élus différents, soucieux de bénéficier de l'immunité parlementaire. Il en résultera, selon Guéorgui Satarov, une dégénérescence graduelle du parlementarisme régional.
Les maires des villes de plus d'un million d'habitants seront-ils désignés par les gouverneurs ? C'est une éventualité que n'a pas écartée Vladislav Sourkov, responsable adjoint de l'Administration présidentielle.
Le Parti agraire (APR) et le Parti socialiste unifié (SEPR) sont tous deux favorables au nouveau mode de nomination des gouverneurs et à l'élection des députés de la Douma au scrutin proportionnel de liste. Selon l'APR, le nouveau mode de désignation des gouverneurs confortera l'influence et le prestige des leaders régionaux. Quant aux socialistes, ils affirment que la liberté de choix n'est qu'une farce lorsqu'une grande partie de la population est privée de ses autres droits (éducation, santé, loisirs, retraite...). Ils approuvent le Président, qui a décidé "d'assumer la responsabilité de l'avenir du pays".
RIA-Novosti/4 et 12 octobre 2004
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