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Élections législatives le 5 juillet en Macédoine


samedi 17 juin 2006

Le 5 juillet prochain, les Macédoniens sont appelés à renouveler leur Parlement. Les élections législatives se dérouleront le premier jour du calendrier prévu pour ce scrutin puisque le Premier ministre, Vlado Buckovski (Union social-démocrate de Macédoine, SDSM), avait en effet le choix de fixer la tenue du scrutin entre le 5 juillet et le 3 octobre.

Le choix, le 18 avril dernier, de la date du 5 juillet par le Premier ministre, accusé par l'opposition de jouer avec le calendrier électoral, a fait l'objet d'une polémique. La date choisie permet en tout cas au gouvernement, qui explique son choix en affirmant qu'il souhaite que le dernier trimestre de l'année soit consacré à la mise en place des réformes, de repousser ces mêmes réformes, indispensables mais impopulaires. Les partis au pouvoir bénéficient d'un soutien populaire qui s'étiole de mois en mois comme le montrent les enquêtes d'opinion. Selon Ibrahim Mehmeti, directeur de l'organisation non-gouvernementale « Recherche pour un terrain commun », le gouvernement a commis une erreur en n'organisant pas d'élections anticipées en décembre dernier après la décision du Conseil européen de décembre 2005 d'accorder à la Macédoine le statut de pays candidat à l'Union européenne, une adhésion ardemment souhaitée par les autorités comme par les Macédoniens. « À mesure que le temps passe et que la date de l'obtention du statut s'éloigne dans le passé, l'Union social-démocrate de Macédoine perd des points » souligne Ibrahim Mehmeti.

La Macédoine est, depuis les dernières élections législatives du 15 septembre 2002, gouvernée par une coalition gouvernementale dirigée par Vlado Buckovski, et rassemblant l'Union social-démocrate, le Parti libéral démocrate et l'Union démocratique pour l'intégration.

La campagne électorale

Les formations albanophones, toujours divisées, font campagne en insistant sur le fait qu'elles sont soutenues par l'Albanie et le Kosovo, ce qui n'est pas sans leur être reproché par certains de leurs partisans qui préfèreraient que les partis travaillent à résoudre les problèmes qui se posent en Macédoine plutôt que de se rendre en Albanie ou au Kosovo pour y faire des déclarations sur la stabilité des Balkans. « La solution à nos problèmes, si elle existe, ne peut être trouvée qu'ici en Macédoine, et non pas en Albanie ou au Kosovo », déclare Ibrahim Mehmeti. Deux formations albanophones, l'Union démocratique pour l'intégration et le Parti de la prospérité démocratique, ont signé, le 28 mai dernier, une déclaration de pré-coalition en vue des élections législatives. Le document met en avant l'intégration future de la Macédoine dans l'Union européenne. Les deux partis s'engagent à participer de façon juste et non-violente au processus électoral.

Trois nouvelles formations politiques ont récemment vu le jour. Le Nouveau parti social-démocrate ((NSDP), parti de gauche créé à partir d'une scission de l'Union social-démocrate et du Parti libéral-démocrate ; le Parti pour le renouveau démocratique (DOM), formé par des dissidents du Parti libéral-démocrate ; et enfin le Parti pour un avenir européen (PEI), fondé par des intellectuels et des hommes d'affaires, qui se définit comme une formation centriste et oeuvrant pour tous les citoyens, indépendamment de leurs origines. L'amélioration du processus électoral en Macédoine, le développement économique des régions les moins développées du pays, une rapide intégration euro-atlantique du pays, la réduction du taux de chômage et le développement des investissements étrangers figurent parmi les objectifs de cette formation présidée par Fijat Canovski et qui a établi des listes de candidats parmi lesquelles ne figure aucune personnalité ayant déjà exercé des responsabilités politiques.

Les leaders de huit formations politiques (l'Union social-démocrate, l'Union démocratique pour l'intégration, l'Organisation révolutionnaire-Parti démocratique pour l'unité nationale, le Parti démocratique albanais, le Parti libéral-démocrate, l'Organisation révolutionnaire-Parti du peuple (VMRO-NP), le Parti libéral (LP), le Nouveau Parti social-démocrate) ont signé, le 18 mai dernier, une déclaration pour assurer des élections justes et démocratiques et pour condamner tout acte de violence, d'intimidation et d'activités non-démocratiques et dénoncer ces dernières comme contraires aux intérêts du pays.

Le Président de la République, Branko Crvenkovski (SDSM), a déclaré que « la qualité des élections est plus importante que le vainqueur ». « D'avoir atteint un large consensus sur toutes ces décisions - la déclaration d'engagement signée par les formations politiques - est un encouragement et envoie un signal positif aux citoyens macédoniens comme à la communauté internationale, ce qui est une bonne chose. Mais ceci n'est qu'un début et pour pouvoir véritablement parler de succès, nous devons remplir notre mission jusqu'au bout. Je n'ai pas l'illusion de croire que cette déclaration seule garantisse que le but soit atteint, mais j'aime à croire que chacun d'entre nous a signé le texte en toute responsabilité et avec une volonté politique et une responsabilité sincères », a souligné le Chef de l'Etat.

L'ambassadeur de l'Union européenne auprès de la Macédoine, Erwan Fouere, a averti les hommes politiques que la tenue d'élections justes et démocratiques était essentielle pour l'avenir du pays. « Je suis sûr que le pays a la capacité d'organiser des élections justes et démocratiques. Vous avez toutes les institutions pour le faire, tout ce qu'il vous faut maintenant, c'est la volonté politique. Les formations politiques doivent abandonner leurs anciennes façons de penser et d'agir. Il serait dommageable qu'il y ait des irrégularités car ce sont les citoyens qui en paieraient le prix », a t-il déclaré. « La première chose que vous avez à faire est d'assurer un scrutin en parfaite concordance avec les critères de l'Organisation de sécurité et de coopération en Europe (OSCE) » a souligné Karel de Gucht, ministre belge des Affaires étrangères, président en exercice de l'OSCE. « L'adoption en mars dernier d'un nouveau code électoral est encourageant. Mais nous savons tous qu'il ne s'agit pas seulement de mettre en place des instruments qui fonctionnent mais bien plutôt d'une affaire de volonté politique », a-t-il affirmé. « La principale raison pour laquelle le pays doit organiser des élections libres et justes n'est pas à cause de l'Union européenne ou de l'OTAN mais parce les citoyens macédoniens le méritent », a renchéri Carlos Pais, ambassadeur de l'OSCE à Skopje.

Un scrutin à risque

Le souvenir des dernières élections locales des 13 et 27 mars 2005 fait craindre pour le bon déroulement du scrutin législatif. « Les problèmes des élections municipales de l'an passé doivent être dépassés » a averti Josep Borrell, qui a précisé : « Toute notre attention sera dirigée vers la Macédoine et la façon dont elle conduira ses élections législatives de façon juste et démocratiques selon les critères de l'OSCE ». Jaap de Hoop Scheffer, secrétaire général de l'OTAN, a également prévenu les autorités du pays qu'elles devaient être en mesure d'assurer la transparence des prochaines élections législatives. La Macédoine est, depuis novembre 2001, un membre potentiel de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. Au sommet d'Istanbul de juin 2004, l'OTAN a reconnu que le pays remplissait les conditions requises pour devenir membre à part entière de l'organisation. Les observateurs s'attendent à ce que la Macédoine soit admise dans l'OTAN lors du sommet qui se tiendra à Riga en novembre prochain ou, au plus tard, en 2007.

Le Premier ministre, Vlado Buckovski, a affirmé qu'après les élections législatives, la Macédoine intensifiera les pourparlers avec la Grèce au sujet de l'appellation du pays, ce qui, a t-il aussitôt précisé, ne signifie pas que la Macédoine soit prête à changer de nom. La Grèce conteste au pays le droit de s'appeler Macédoine estimant que ce nom appartient à son histoire nationale, l'une des provinces du pays portant ce même nom. Rappelons que la Bulgarie voisine possède également une région appelée Macédoine et que Sofia a cependant été le premier pays à reconnaître la République de Macédoine. La Macédoine compte beaucoup pour cette question du nom, qui fait obstacle à son adhésion définitive à l'Organisation des Nations Unies (ONU), sur le soutien des Etats-Unis, qui ont reconnu le pays sous le nom de Macédoine le 4 novembre 2004, non sans provoquer la colère d'Athènes. Le pays a été admis à l'ONU en avril 1993 sous le nom provisoire d'ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM ou FYROM en anglais).

La question ethnique, le statut encore indéterminé du Kosovo et la faiblesse de l'économie (près d'un tiers de la population active est sans emploi) sont les problèmes les plus importants auxquels la Macédoine doit faire face. Les dernières enquêtes d'opinion donnent un léger avantage à l'Organisation révolutionnaire-Parti démocratique pour l'unité nationale (VMRO-DPMNE) qui devance l'Union social-démocrate (SDSM). En ce qui concerne les partis albanophones, l'Union démocratique pour l'intégration (DUI-BDI) demeure la formation la plus populaire et remporterait deux fois plus de voix que le Parti démocratique albanais (PDA-PDSh).

Corinne Deloy

À lire également :
-  Macédoine : la composition du Parlement (2002-2006)
-  Macédoine : quel horizon pour l'adhésion à l'Union Européenne ?
-  Macédoine : le point sur la situation politique des collectivités locales



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