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URSS et Géorgie : Edouard Chévardnadzé, homme d'Etat soviétique et géorgien


SHEVARDNADZE EDUARD
mercredi 23 juin 2004, par Mirian Méloua

Edouard Chévardnadzé est né le 25 janvier 1928 à Mamati, dans l'Ouest de la Géorgie. Son père, instituteur de village, de conviction menchévique, avait été inquiété après l'invasion de la Géorgie par l'Armée rouge en 1921 : il devient ensuite communiste. Le jeune Edouard entre à l'Institut Pédagogique d'Etat de Kouitaïssi, avant de rejoindre les Jeunesses communistes.

Le premier parcours en Géorgie

Il devient membre du Parti communiste en 1948 et membre du Soviet Suprême en 1959. Il a en charge la police en 1965 et le ministère de l'Intérieur de 1968 à 1972, années durant lesquelles il s'attaque au crime et à la corruption, sans exclure les officiels du pouvoir.

Il est nommé premier secrétaire du Parti communiste géorgien en 1972 et rejoint le Comité central du Parti communiste d'URSS en 1976. Face à l'agitation des dissidents, il fait procéder à un grand nombre d'arrestations, à leur enfermement ou à leur déportation (dont Zviad Gamsakhourdia). Face au souhait de russification des autorités centrales, il obtient la constitutionnalisation de la langue géorgienne en Géorgie.

Le parcours en URSS

En 1985, il est nommé au Bureau politique (Politburo) et au ministère des Affaires étrangères de l'URSS. Sur la ligne de Mikhaïl Gorbatchev, il engage une politique de coopération et de compromis avec les pays capitalistes, dissuade les partis "frères" de toute attente d'aide soviétique et encourage les pays du bloc de l'Est à tenter de nouvelles expériences démocratiques et économiques.

Partisan de la réduction des arsenaux militaires, il prépare les conférences entre Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan en Suisse (1985) et en Islande (1986) : elles aboutissent à un accord de désarmement sans précédent entre l'URSS et les Etats-Unis. Partisan du retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan, il parvient à ses fins en février 1989.

En 1990, lors d'un discours au Parlement, il démissionne pour mettre en garde Mikhaïl Gorbatchev contre la menace représentée par le pouvoir militaire et les Communistes conservateurs : le coup d'Etat aura lieu quelques mois plus tard. Boris Eltsine jouera le beau rôle et saura l'utiliser pour arriver au pouvoir en Russie. Avant la disparition de l'URSS, il est rappelé en 1991 au ministère des Affaires étrangères.

Il a gagné l'estime de la communauté internationale par ses actions en faveur de la détente et de la fin de la guerre froide, en particulier celle de James Baker, secrétaire d'Etat américain, et celle de Hans-Dietrich Genscher, ministre allemand des Affaires étrangères.

Le deuxiéme parcours en Géorgie

Après le coup d'état de décembre 1991, Edouard Chévardnadzé est appelé par le Conseil militaire. Il devient président du Conseil d'Etat en mars 1992 et sera confirmé par le suffrage universel une année plus tard.

Par son image, il conforte les reconnaissances de l'indépendance de la Géorgie : la Belgique, les Etats-Unis, la France, l'Inde, le Pakistan, la Suède et la Suisse attendent 1992 pour le faire. La Géorgie deviendra membre de l'Organisation pour la Coopération et la Sécurité en Europe le 24 mars 1992, des Nations Unies le 31 juillet 1992, du Conseil de l'Europe le 27 avril 1999 et de l'Organisation Mondiale du Commerce le 14 juin 2000.

-  Les minorités ethniques et le jeu de la Russie

Il trouve un contexte tendu avec les minorités ethniques. En août 1992, les troupes qui lui sont loyales sont défaites par les milices abkhazes aidées des forces russes : 10 000 morts sont dénombrés, 250 à 300 000 Géorgiens fuient l'Abkhazie. Parallèlement l'ancien président Zviad Gamsakhourdia essaie de reprendre le pouvoir dans cette partie Ouest de la Géorgie. Ses partisans sont défaits en novembre à Zougdidi, les troupes loyales à Edouard Chévardnadzé ayant été aidées cette fois par les forces russes.

La Russie exige des concessions. Il signe un cessez-le-feu avec les Abkhazes, qui déclarent unilatéralement leur indépendance. Il accepte que la Géorgie rejoigne la Communauté des Etats Indépendants, héritière de l'URSS sans les pays baltes. Il accepte que la Russie maintienne des bases militaires en Géorgie.

-  L'instabilité intérieure

En août 1995, à la sortie du Parlement, il échappe à un attentat attribué à Djaba Iosséliani (opposant politique, emprisonné plus tard) et à Igor Guiorgadzé (ancien responsable de la Sécurité, réfugié à Moscou). En novembre 1995, après le vote d'une nouvelle constitution, Edouard Chévardnadzé est élu président de la république au suffrage universel (70% des voix). En février 1998, il échappe à un deuxième attentat à Tbilissi, attribué à des partisans de l'ancien président Zviad Gamsakhourdia.

-  Le rapprochement avec les Etats-Unis

La guerre de Tchétchénie et l'infiltration de combattants étrangers par la vallée de Pankissi tendent encore plus les relations avec la Russie, une intervention militaire sur le territoire géorgien est crainte. Progressivement Edouard Chévardnadzé développe des relations avec les Etats-Unis, projet d'oléoduc Bakou - Tbilissi - Ceyhan et projet de gazoduc Bakou - Tbilissi - Erzéroum afin de contrecarrer le monopole énergétique russe, rapprochement vec l'OTAN et plan de mise à niveau de l'armée géorgienne avec l'aide américaine. Un contingent de soldats géorgiens est envoyé en Irak.

-  La nouvelle génération politique et la Révolution des Roses

Il met le pied à l'étrier à une nouvelle génération, Zourab Jvania (président du Parlement et futur Premier ministre) "son élève le plus doué", Nino Bourdjanadzé (présidente du Parlement et future présidente de la république par intérim), Mikheïl Saakachvili (ministre de la Justice et futur président de la république), Zourab Nogaïdéli (ministre des Finances et futur Premier ministre), Guiorgui Baramidzé (futur ministre et vice-premier ministre).

Si l'honnêteté personnelle d'Edouard Chévardnadzé n'est pas mise en cause (au début des années quatre-vingt il voyageait encore par les transports en commun, délaissant les limousines et les fastes), son entourage s'est approprié les leviers de l'économie géorgienne et la corruption s'est développée.

Les élections législatives du 2 novembre 2003, peu transparentes, déclenchent des manifestations de masse à Tbilissi et l'envahissement du Parlement alors qu'il s'y exprime. Après tractions, et pour éviter un bain de sang, il se retire du pouvoir. Le rôle modérateur de la Russie, plus particulièrement du ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov de mère géorgienne, et des Etats-Unis, plus particulièrement de Colin Powell, est déterminant.

La retraite

Edouard Chévardnadzé refuse de s'expatrier : il prend sa retraite politique et renonce à s'exprimer publiquement. En janvier 2004, sa petite-fille Sophie accorde une interview à la revue française Le Point : "Même s'il a commis des erreurs, mon grand-père a toujours oeuvré pour la Géorgie". Mi-2004, son gendre est emprisonné pour délit financier : sa fille obtient une libération après transaction avec le fisc. Le 20 octobre, sa femme Nanouli Tagareichvili décède. En 2006, il publie ses mémoires, "Pikri tsartsoulsa da momavalzé", "Réflexions sur le passé et sur le futur". Le 25 janvier 2008, il fête ses 80 ans en famille : le Patriarche Ilia II, chef de l'Eglise Orthodoxe géorgienne, s'est joint à la table. Edouard Chévardnadzé avait reçu le baptême en 1991.

Note : "Chévardnadzé : le renard blanc du Caucase, de Nicolas Jallot, Editions Belfond, Paris, 2003.

*

Sources multiples :

-  biographie officielle

-  Géorgie, bibliographie : politique et géopolitique

-  médias géorgiens dont Civil Georgia.



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