Ukraine : chasse à l'homme, et à la femme, politique (février 2011)
jeudi 3 février 2011, par Nicolas Lévilidane
"Depuis l'élection de Viktor Ianoukovitch (1) à la présidence en février 2010 (2), la chasse à l'homme -ou plutôt à la femme- politique est ouverte en Ukraine"
selon Ioulia Timochenko, ancienne chef de gouvernement et ancienne candidate à ces élections (3).
D'après elle, dix membres de son ancien gouvernement sont déjà arrêtés (4) - dont deux leaders de partis d'opposition-, un ancien membre a trouvé asile en République tchèque (5), quinze responsables politiques font l'objet d'enquêtes criminelles.
Elle est elle-même assignée à résidence à Kiev et est accusé "d'abus de pouvoir".
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Incontestablement, Viktor Ianoukovitch "bénéficie" d'une évolution de la Constitution attribuant plus de pouvoir au président.
Incontestablement , il a su rallier (ou intimider ?) une trentaine de députés de l'opposition à la Rada (le Parlement ukrainien).
Incontestablement, les héritiers de la révolution orange -dont se réclame Ioulia Timochenko- risqueraient de perdre en cas d'élections parlementaires anticipées, non pas au profit du Parti des Régions de Viktor Ianoukovitch, mais parce qu'une nouvelle opposition nationaliste radicale -Svoboda- émerge.
Incontestablement, la justice ukrainienne semble poursuivre en priorité les hommes politiques et les journalistes qui gênent l'exécutif (6).
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Alors que cette première année de présidence est marquée par les dénonciations de corruption de l'ancienne majorité -et des actions de justice associées-, les trois projets de loi-anticorruption approuvés par l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et laissés dans les tiroirs gouvernementaux auraient été retirés à la demande personnelle du président Ianoukovitch.
Désinformation ? Règlement de compte ? Elimination de rivaux potentiels ?
Toutes les hypothèses semblent permises.
Reste que la vie quotidienne des Ukrainiens ne s'améliore pas. (7)
Notes
(1) Viktor Ianoukovitch, président ukrainien
(2) Ukraine : les élections présidentielles de janvier et février 2010 donnent une revanche au candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch
(3) Ioulia Timochenko, ancienne Première ministre ukrainienne
(4) Evgueni Kornitchouk, ancien ministre de la Justice, et Youri Loutsenko, ancien ministre de l'Intérieur, sont arrêtés.
(5) Bogdan Danilichine, ancien ministre de l'Economie, a trouvé refuge à Prague.
(6) Les chaînes de télévision TVi et 5 Kanal se sont vues retirer leur licence, suite à une plainte déposée par Valéri Khorochkovski, propriétaire de 9 chaînes de télévision en Ukraine -dont la plus importante Ukraine Inter- et accessoirement directeur des services spéciaux ukrainiens (SBU).
(7) Le budget national 2011 -en déficit (3% du PIB)- prévoit une réduction des dépenses publiques (exigée par le FMI, en contrepartie d'un prêt de 1,5 milliard de dollars / la BERD a déjà apporté une aide de 1 milliard de dollars en 2010) ; la croissance du PIB devrait être de 4,5% et l'inflation de 8,9%. Le 22 janvier 2011, l'opposition réunissait 6 000 personnes lors d'une manifestation à Kiev.
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