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La communauté albanaise du Monténégro (2003)


mercredi 8 octobre 2003, par Hervé Collet

Les Albanais du Monténégro représentent environ 7 % de la population résidant au pays, soit 45.000 personnes. On estime que le nombre d'Albanais originaires du Monténégro et implantés à l'étranger est du même ordre. Les Albanais de cette région se considèrent comme un peuple "constitutif" du Monténégro, car installés dans cette région depuis des siècles.

Ils sont concentrés dans cinq communes longeant l'Albanie et le Kosovo :
-  Ulcinje, ville balnéaire au bord de l'Adriatique et du lac Skadar (Scutari en albanais), compte 25.000 habitants, dont 83 % sont Albanais. La municipalité est d'ailleurs dirigée par l'un des deux principaux partis albanais, la Ligue démocratique du Monténégro.
-  Gusinë est un village du Sandjak où l'on a ouvert, il y a quelques années, un poste de douanes qui débouche sur la route qui conduit à Shkodra, la principale ville du nord de l'Albanie. Les Albanais y représentent 60 % de la population, mais on y trouve aussi des Bosniaques.
-  Tuzi, au Nord de Podgorica, a perdu son autonomie municipale en 1960 et a été rattachée administrativement à la capitale. Elle est contrôlée par le président de la deuxième formation politique spécifiquement albanaise, l'UDA de M. Ferhat Dinosha.
-  Rozaje et Plav sont des villes du Sandjak majoritairement peuplées de Bosniaques (près de 90 %) et comptent environ 5 % d'Albanais.

Les revendications des Albanais du Monténégro

Les partis albanais du Monténégro n'ont pas de revendications portant sur l'autonomie de territoires spécifiquement albanais, ou sur le rattachement à l'Albanie. Ils ont surtout des demandes en matière culturelle et éducative, et ils cherchent à accroître leur niveau de reconnaissance politique.

En matière culturelle et éducative, ils ne demandent pas une Université albanaise comme en Macédoine. Mais ils réclament une meilleure prise en compte, dans l'enseignement secondaire et supérieur, de la langue, de la culture et de l'histoire albanaises, en particulier des chaires de littérature et d'histoire albanaises à l'Université. A noter qu'à la radio, on trouve tous les jours des informations en langue albanaise, ainsi qu'à la télévision. A l'école, les cours sont donnés en langue maternelle jusqu'au Lycée. La communauté dispose d'un journal publié en albanais, sur fonds publics.

En matière politique, les Albanais sont représentés au Gouvernement et au Parlement, mais d'une manière jugée encore insuffisante. Ils souhaitent une présence plus grande de leurs compatriotes à tous les niveaux de l'administration. Par ailleurs, les partis albanais réclament une plus grande autonomie pour les collectivités locales, de sorte que les municipalités à majorité albanaise aient les coudées plus franches pour leurs projets de développement (cette revendication est également formulée par les autres communautés, y compris monténégrine-slave). Ils demandent enfin que soit redéfinie la constitution, de manière à présenter le Monténégro comme un Etat multiculturel.

Les partis politiques albanais

La caractéristique principale des Albanais du Monténégro est qu'ils ne militent pas principalement dans des partis "ethniques". La plupart s'inscrivent dans les partis "classiques" (principalement de la majorité DPS ou SDP), qui sont de ce fait multiculturels et multiconfessionnels. Au point que les deux partis spécifiquement albanais sont minoritaires dans le pays, même dans les zones où la concentration de la population albanaise est élevée.

-   La Ligue Démocratique du Monténégro (LDM), présidée par M. Mehmet Bardhi, a été pendant les premières années de l'indépendance un parti unitaire, qui a obtenu jusqu'à 4 sièges de députés. Puis est intervenue une scission, menée par M. Ferhat Dinosha. La LDM est partisane, d'une manière plus ouverte et affirmée que l'UDA, d'un Monténégro indépendant, tout en souhaitant que les Albanais trouvent leur place dans ce nouvel Etat. Elle souhaite en effet une réelle intégration des Albanais (et des autres groupes) dans tous les rouages de l'Etat.

-  L'Union démocratique des Albanais (UDA), présidée par M. Ferhat Dinosha, est née d'une scission avec la Ligue démocratique du Monténégro, pour des raisons moins idéologiques que stratégiques. M. Dinosha, estime que les Albanais sont des citoyens de deuxième rang au Monténégro (contrairement, pense-t-il, à ceux de Macédoine, mieux traités). Et pourtant, il s'agit historiquement d'un peuple constitutif du pays, qui n'a aucune autonomie politique, ni culturelle, et n'a pas d'intégration dans les rouages de la vie administrative du Monténégro. L'UDA dispose d'un seul siège de député (comme la LDM) et d'un poste de ministre. M. Dinosha n'est pas hostile à une éventuelle souveraineté du pays, mais il pense que c'est avant tout "l'affaire des Slaves entre eux" et que les minorités ethniques ne doivent pas être les arbitres de la décision : cela risquerait de se retourner contre elles.

Hervé Collet



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