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Géorgie : "Un dragon dans les eaux pures du Caucase", un film de Nino Kirtadzé
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vendredi 23 décembre 2005, par Mirian Méloua

L'histoire n'a pas retenu comment les grands propriétaires terriens furent expropriés à la fin du XIXème siècle afin de permettre le passage du chemin de fer destiné à transporter le pétrole de la mer Caspienne à la mer Noire. Le cinéma retiendra certainement comment les petits paysans géorgiens furent expropriés au début du XXIème siècle afin de permettre le passage de l'oléoduc Bakou - Tbilissi - Ceyhan.

Le maître d'oeuvre ne s'exprime plus en russe et ne s'appelle plus "Gouverneur", mais il s'exprime en anglo-saxon et s'appelle "Executive Director". Le "hussard du tsar" est devenu "Land Officer", les acteurs n'ont toujours pas suivi le moindre cours d'art dramatique. Mi-comédie italienne, mi-tragédie grecque, la fresque de 90 minutes dressée par Nino Kirtadzé met en scène un village du district de Borjomi situé au Sud de la Géorgie.

Le mythe de l'argent facile est resté, la spoliation de l'outil de travail également, avec les tricheries traditionnelles. Entrepreneurs occidentaux, politiques et affairistes locaux tirent les ficelles. Le réveil est douloureux, les voix polyphoniques du village sont loin de s'accorder. Rien n'aurait changé en un siècle entre Mont Elbrouz et Mont Ararat ? Les financements de la Banque Mondiale ou de la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement suffisent peut-être à construire les oléoducs, certainement pas à reconstruire les hommes. La cinéaste géorgienne ne montre ni banque, ni conseil d'administration, seulement les eaux pures du Caucase et un dragon de tubes que Saint Georges n'a pas encore terrassé. Le tout avec talent.

Mirian Méloua


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