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Géorgie : la chanteuse Lela Tataraidze
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CHOEUR KESANE

samedi 2 juin 2007, par Mirian Méloua

Grande dame de la chanson et de la musique traditionnelles géorgiennes, Lela Tataraidze a fait connaïtre un art populaire qui aurait pu se perdre ; elle l'a enrichi de ses compositions musicales personnelles.

Lela Tataraidze est née en 1952 dans le village de Dano en Touchétie, une région de haute montagne au Nord - Est de la Géorgie. L'héritage familial en fait une joueuse de pandouri (luth à trois cordes) et de garmoni (sorte d'accordéon), sans véritable formation musicale. Elle se révèle surtout une exceptionnelle vocaliste, interprétant les chants traditionnels avec spontanéité et émotion.

Après ses études, elle revient dans sa région natale afin d'y enseigner aux jeunes enfants. Elle y forme un premier choeur féminin, puis un choeur mixte du nom de Tusheti. Sa renommée grandit et elle devient soliste à l'Orchestre Philharmonique de Tbilissi, puis à l'Orchestre d'Etat de Musique Traditionnelle : elle se produit à la radio et à la télévision nationales géorgiennes.

Toujours à l'époque soviétique, elle participe à plusieurs tournées en Hongrie, en Roumanie, en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie et en Bulgarie. Elle effectue également ses premiers enregistrements (1988, Melodiya Records).

En 1992, elle rejoint le Théâtre National de Musique et de Littérature comme musicienne et actrice.

En 1995, Lela Tataraidze forme un trio avec Mzia Bekurashvili et Zaira Chokheli : le répertoire s'élargit à toutes les régions de la Géorgie, même si les chants de montagne restent prédominants.

Elle participe à plusieurs tournées en France et donne en particulier des concerts au Festival Est - Ouest de Die dans la Drôme et au Théâtre de la Ville de Paris en 1998.

En 1999, elle enregistre aux Pays-Bas le CD le plus représentatif de son art vocal et de son art musical, Janghi (brouillard du matin). Il comporte des chants traditionnels, mais également des textes qu'elle a mis en musique : Samchoblo (la Patrie) reprend l'écrit du poète Vaja Pchavela, datant du XIXéme siècle (1).

En 2000, elle publie avec l'ensembre Soinari un CD particulier, Chants et Musique de Géorgie : IDJASSI (2). Poésies musicales masculines et féminines alternent.

-  Les musiciens les plus doués de leur génération, Giorgi Shoshitashvili, Zaur Tsereteli, Merab Bichinashvili, tous trois au doudouki (sorte de hautbois) et Ivane Tatiashvili au doli (tambour à double face), chantent des poésies lyriques en s'appuyant sur les mélodies douces des trois instruments à vent (Tu pars de nouveau, Jardins de fleurs et de roses ...). Ils utilisent un phrasé très tbilisséen, qualifiable de narvéliani en langue géorgienne. Une mauvaise traduction littéraire conduirait à "phrasé biliaire" en langue française, "phrasé oriental" conviendrait mieux, suggérant les connotations de langueur et de nostalgie que le mot Orient porte.

-  Lela Tataraidze, dans un dépouillement musical extrême, a capella, accompagnée de quelques mesures de son pandouri, donne la réplique de sa voix chaude et enveloppante (La fille de Chatila, J'ai défait ma natte neuf fois ...).

Elle fonde ensuite le trio Kesane (Kessané en prononciation française), avec Marina Giorgadze et Lia Khountsaria dans un premier temps, la kesane étant une fleur des montagnes de Touchétie.

Aujourd'hui, elle se consacre de plus en plus à l'enseignement et à la direction d'ensembles de musique traditionnelle, mais n'oublie pas ses talents de soliste et entreprend ponctuellement des tournées. Elle s'est produite par exemple en France fin 2005, à l'Espace Marcel Carné de Saint Michel sur Orge dans l'Essonne et à France Culture.

En juin 2007, le dernier CD proposant des interprétations de Lela Tataraidze a été commercialisé ; il s'intitule Songs of Survival : traditionnel music of Georgia (3).

Elle demeure la grande dame du chant traditionnel féminin géorgien, symbolisant un art populaire venu des âges les plus anciens et des espaces les plus majestueux.

Les autres choeurs féminins s'y référent.

Notes :

(1) CD "Janghi Morning Fog", Musiques du monde, PAN-186-0713958018620, 1999.

(2) CD "Chants et musique de Géorgie : IDJASSI", Long Distance.

(3) CD "Songs of Survival : traditionnel music of Georgia", City Hall Catalog number 935, UPC Product Code 714822093521, 2007.

Différentes sources, dont texte de Frank Kane écrit pour le Théâtre de la Ville de Paris en 1998.


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