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Bibliographie : "La mer Noire" de Kéthévane Davrichewy
http://www.colisee.org/article.php?id_article=2961jeudi 22 avril 2010 Présentation du livre par l'éditeur En ce jour anniversaire de ses quatre-vingt-dix ans, la première pensée de Tamouna est pour Tamaz, son amour de jeunesse. Cet homme, qu'elle a rencontré l'été de ses quinze ans à Batoumi, et qu'elle n'a cessé d'attendre, devrait être le quarante et unième convive de la fête familiale qui se prépare. Dans un demi-sommeil, la vieille dame se souvient de leurs amours timides et éblouies, très vite interrompues par le départ précipité pour la France, en cet automne 1918 où le nouveau gouvernement est contraint à l'exil. Le père de la jeune fille, ministre de l'agriculture d'une Géorgie dont l'indépendance à tout juste été proclamée, veut mettre sa famille à l'abri de la reprise en main par les bolchéviques. Dès que sa femme et ses filles sont installées au château de Leuville-sur-Orge, où se réfugient tous ls démocrates, lui repart, dans un geste quasi désespéré pour tenter de défendre la liberté de son pays. Il ne reviendra pas, et Tamouna ne retournera jamais en Géorgie. Sa vie peu à peu se construit en France, dans la petite communauté qui vit modestement et garde vivaces les traditions de la terre natale, tentant de perpétuer un bonheur de vivre qui aurrait dû être immuable. Le manque, la nostalgie et la peine, Tamouna les confie pendant son adolescence aux lettres qu'elle ne cesse d'écrire à Tamaz, sans jamais les envoyer. Tout aussi brutalement que de ses grands-parents et d'une partie de sa famille, elle a été coupée de son bel amour de jeunesse. La Géorgie, pendant toutes ces années, est restée un pays aux frontières hermétiquement closes. Et quand Tamaz finit par reparaître, il est trop tard pour reprendre le fil de leurs espoirs. Leurs vies se sont dessinées autrement. Tamouna a fait un mariage de raison, leurs retrouvailles de loin en loin auront toujours le goût des regrets. Le présent de Tamouna, ce sont ses enfants, ses petites-filles si vives et si aimantes à qui elle a enseigné les coutumes, les recettes, les chants et les danses du pays, et toute cette famille élargie formant autour d'elle une joyeuse communauté. La terre perdue, le passé douloureux, la mémoire tissée des deuils et des déchirements de l'histoire, Kéthévane Davrichewy les évoque avec une grande pudeur et une remarquable économie de moyens. Aucun pathos pour dire les heurs et malheurs de ces gens formidablement exubérants. La longue journée anniversaire -et c'est là aussi le tour de force du roman- est comme la métaphore de la vie de Tamouna. Entourée des siens, elle a laissé ouverte la vanne des souvenirs, et peu à peu, grâce à une narration habilement tissée, l'image de la doyenne qu'elle est devenue se superpose à celle de la jeune fille exilée. L'arrivée tardive de Tamaz en éternel amoureux achève de créer le trouble. L'auteur : Kéthévane Davrichewy, écrivain et journaliste d'origine géorgienne. La mer Noire. Kéthévane Davrichewy. Sabine Wespieser éditeur, Paris, janvier 2010. ISBN 978-2-84805-078-2. Voir aussi : La Ière République de Géorgie en exil en France. [ Accueil ] [ Retour à l'article ] [ Haut ] |
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