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Annexes - le conflit macédonien
http://www.colisee.org/article.php?id_article=42lundi 14 avril 2003, par COLISEE Extrait du rapport 1996 du Fonds Européen pour la liberté d'expression. Rapport sur la Macédoine, rubrique "Droit des minorités" "L'aspect sur lequel les Albanais insistent le plus est leur reconnaissance par le Gouvernement macédonien. Ils citent en particulier le cas de leur participation à l'administration. Selon les données officielles, 90 % des fonctionnaires sont d'origine macédonienne (c'est-à-dire slave) et 4, 39 % d'origine albanaise. Sur un total de 114 fonctionnaires au sein du Gouvernement de la République de Macédoine, 14 sont albanais (ce chiffre incluant les ministres, vice-ministres et assistants ministériels d'origine albanaise). L'emploi des Albanais au sein des ministères est plutôt minimal. Si nous comparons ces données aux chiffres officiels, nous pouvons constater qu'ils sont bien au-dessous du pourcentage d'Albanais au sein de la population. Au sein du ministère de l'Intérieur, ils ne sont que 4, 19 % et à la Défense, 3 %. (...). Dans les régions, on constate le même phénomène. A titre d'exemple, à Debar, où vivent 45.9% d'Albanais, un employé sur dix seulement est d'origine albanaise. A Tetovo, où ils représentent 74, 9 % de la population, les Albanais ne sont qu'une poignée à occuper des positions de responsabilité au sein des institutions publiques." "Le couloir "Kosovo-Skopje" caractérisé par un taux de natalité asiatique et un afflux mécanique" Extrait de Utrinski Vjesnik du 10 juin 2001 (Macédoine) "En Macédoine, on observe un chaos démographique. Quelques régions ont un taux de natalité asiatique et un afflux mécanique désorganisé. Cela est particulièrement présent dans la minorité albanaise qui, entre le recensement de 1953 et de 1994, a connu une moyenne de croissance démographique de 4,75%. La moyenne macédonienne a été, pendant le même temps, de 1,46 %. En Macédoine, il existe des villes et des régions qui ont une croissance et une densité démographique jamais vues dans les frontières européennes. L'un de ces exemples est le couloir "Kosovo-Skopje", connu comme "Le pont terrestre", "Le grand transport" ou "L'atterrissage". Le couloir inclut les villages autour de Kumanovo (Lojane, Vaksince, Slupcane,Opae, Orizari, Lipkovo, Matejce, Romanovce) et un village près de Skopje (Arcinovo). D'après les critères mondiaux, le taux annuel de la croissance démographique au dessus de 2, 8 % est considérée comme une explosion démographique. Dans le couloir, le taux est sept fois plus élevé, c'est à dire, environ 20%. Par exemple, à Aracinovo, sur 1.037 habitants recensés, 406 étaient Albanais, tandis qu'en 1994, le nombre d'Albanais a crû 14 fois, ce qui donne 5.269 sur 5.291 habitants recensés. Ces informations ont été fournies par l'ingénieur Zivko Arsovski à la conférence de presse de l'association écologique "Survivance". D'après M. Arsovski, cette situation est le premier critère de l'appauvrissement écologique et social d'un territoire ou d'une commune. "Pendant les 50 dernières années, la population dans la région de Skopje a augmenté 3,5 fois, c'est à dire à environ 400.000 habitants. En même temps, la population en Macédoine a augmenté 1,8 fois. Donc, la croissance démographique à Skopje a été 2 fois plus importante que dans le pays. Environ 50% de la population totale vit à Skopje, Polog et la région de Kumanovo. La solution de ce boom démographique sont des mesures immédiates visant à stabiliser la situation, c'est à dire l'enfermement temporaire de Skopje afin de maintenir la population à 600.000 habitants. La démarche suivante serait le recensement de la population et de son statut pour établir les documents de citoyenneté selon l'endroit, c'est à dire un visa pour pouvoir habiter Skopje, nommé "la carte verte". Enfin, nous devrions commencer à appliquer des mesures rigoureuses contre les immigrés clandestins et adopter une approche sélective selon les expériences et les critères européens." (Emilija Dangalovska. Traduction Colisée) L'échange volontaire des territoires et de la population entre la Macédoine et l'Albanie Nous publions l'article publié dans un des journaux de Macédoine, qui a provoqué un tollé dans la classe politique macédonienne, y compris dans les milieux albanais, et dans la communauté internationale. La proposition d'échange énoncée ici ressemble étrangement aux idées énoncées dans les années 80 par l'Académie des Sciences de Belgrade. Elle traduit la répugnance de certains milieux à admettre l'idée, en Macédoine comme ailleurs, d'une société multiethnique et multiconfessionnelle. "Le quotidien "Vecer" ("Le Soir") de Macédoine découvre concernant la situation de la sécurité dans le pays que les membres de l'Académie Macédonienne des Sciences et des Arts (MANU) ont discuté, dans les cercles politiques informels en Macédoine, de la possibilité de résoudre le problème albano-macédonien par un échange de territoire et de population entre la République de Macédoine et la République d'Albanie. L'idée a été également présentée au Président de l'Académie Albanaise des Sciences et des Arts, Uli Popa, pendant son séjour à Skopje pour la Conférence des Balkans organisée par la MANU, ainsi qu'aux députés au Parlement macédonien. Le point de départ de la proposition était le fait qu'après les événements dans les régions de Tanusevci, Kumanovo et Tetovo, il serait impossible pour les Macédoniens et les Albanais de vivre ensemble comme auparavant. Les Macédoniens et les Albanais sont deux civilisations entièrement différentes, différentes concernant la religion, la langue et les coutumes. La confiance qui a été construite progressivement entre ses deux entités ethniques pendant les dernières décennies de cohabitation est à présent détruite par quelque mois de guerre avec les extrémistes armés. La question est si les voisins macédoniens et albanais même les plus proches seraient capables de cohabiter dans l'avenir proche ou lointain. Dans le but de prévenir les nouvelles guerres et les carnages, la solution la plus civilisée serait pour eux de se dire " à jamais " en paix. L'idée géographique esquissée par les membres de la MANU consiste en le plan pour l'échange de population et de territoires entre les deux pays voisins. D'après "le projet", si un accord est conclu, la Macédoine devrait volontairement céder une partie de la Macédoine occidentale, c'est-à-dire Debar (sans Mavrovo et la région de Reka), la partie de Gostivar qui gravite vers la montagne de Sar, Tetovo et les villages à Polog , peuplés en majorité d'Albanais. L'Albanie, d'autre part, devrait céder ses côtes des lacs Ohrid, Prespa, Podgradec et la Petite Prespa, peuplées de Macédoniens ethniques. Selon le plan, les Albanais devraient quitter les villes et les villages où ils sont en minorité - Kumanovo, Skopje, Veles, Bitola, Kicevo et Struga, ainsi que les parties d'Albanie qui seraient données à la Macédoine. Les Macédoniens devraient quitter Tetovo, une partie de Gostivar, Polog et Debar et déménager à Skopje et dans d'autres parties de la Macédoine. Le mouvement des nations, i.e. le nettoyage ethnique ne serait pas violent, mais volontaire, d'une approche civilisée et une période de trois mois pour un échange volontaire des maisons entre les Macédoniens et les Albanais des deux côtés de la frontière, comme entre les Serbes et les Croates après la guerre en Croatie. La dislocation des Albanais qui restent en Macédoine demanderait une aide financière de la communauté internationale. La motivation pour cette idée de certains académiciens est l'expérience de quelques années précédentes, selon laquelle les conflits interethniques dans les Balkans ne peuvent être résolus que par la création des territoires et des états purs du point de vue ethnique. " L'OTAN, l'UE et la communauté internationale parlent en vain de la création d'une société multiethnique dans les pays de l'ex-Yougoslavie parce que cela ne s'est produit dans aucun d'eux. Les conflits en Bosnie-Herzégovine ont débouché sur trois cantons monoethniques (croate, musulman et serbe), tandis qu'au Kosovo le territoire entièrement albanais comporte une enclave serbe à Kosovska Mitrovica. Même la suggestion de la démocratique RF de Yougoslavie de diviser le Kosovo en parties serbe et albanaise, qui a été rendu officielle par le Vice-président serbe Nebojsa Colic, suit la même veine. Il est absurde d'insister sur le fait que la crise en Macédoine a un autre résultat ", dit une source anonyme pour le quotidien " Vecer " de la part de la MANU. Quel sera l'effet de la guerre que la Macédoine mène actuellement avec les terroristes si, à la fin, nous sommes forcés de créer une société multiethnique et une cohabitation artificielle qui ne fonctionnera pas ? "Le problème est que toute démarche pour maintenir une société multiethnique, c'est-à-dire bi-ethnique, uniquement, remettra la crise à plus tard, la recyclera et permettra au conflit de réapparaître", dit la source du quotidien. Todor Petrov, le Président du Congrès Mondial Macédonien, une organisation nationale qui unit les Macédoniens des cinq continents, a récemment eu une suggestion similaire pour résoudre le conflit albano-macédonien. Bien que la proposition de Petrov ait inclus le territoire Gora au Kosovo, peuplé en majorité de Macédoniens musulmans, appelés "Gorans", elle est presque identique à l'idée des académiciens. L'idée pour l'échange des territoires et de la population est également connue des leaders des partis ethniques albanais. Dans un entretien récent, le leader du DPA, Arben Xhaferi, a dit que s'il n'était pas possible pour les Macédoniens et les Albanais de vivre ensemble, il pouvait y avoir une démarcation volontaire. "À première vue, l'idée peut choquer les cercles politiques, mais si elle est bien planifiée et conclue par un accord, les Macédoniens et les Albanais obtiendront quelque chose de sa part : la résolution des conflits interethniques, interreligieux et interétatiques sans le carnage et avec des inconvénients mineurs (la dislocation). La communauté internationale ne sera pas forcée de faire des efforts supplémentaires et dépenser beaucoup d'argent afin "d'éteindre les feux ethniques". Les états de la région vivront en paix. L'UE et l'OTAN seront capables de faire intégrer les pays des Balkans, qui ne provoqueront plus de conflits et de guerres", dit la source de la MANU pour le quotidien. (transmise par le bulletin d'information du Macedonian Information Center - mai 2001 - Traduction Colisée) Les élections législatives du 15 septembre 2002 La tenue de ces élections était une gageure. Après une campagne électorale émaillée de nombreux incidents sanglants dont on craignait qu'ils finissent par perturber, voire remettre en cause, le scrutin, c'est dans le calme et la sérénité que se sont déroulées les élections législatives le 15 septembre en Macédoine. Alain Le Roy, représentant de l'Union européenne à Skopje, a tenu à saluer "l'esprit de démocratie et de dignité" qui a accompagné le vote, précisant même que cette quatrième consultation législative depuis l'accession de la Macédoine à l'indépendance "a été la plus démocratique de l'histoire du pays". De son côté, le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, a salué l'engagement des Macédoniens "en faveur de la paix et de la démocratie " et déclaré " qu'après un an de paix, les élections montrent que la Macédoine peut regarder vers un futur plus heureux à l'intérieur de l'Europe ". Un millier d'observateurs, dont huit cents désignés par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), supervisaient le scrutin. Une délégation de seize parlementaires du Conseil de l'Europe était également présente lors du vote. Mme Miriana Lazarova-Trajkovska, présidente de la commission électorale, a confirmé la victoire des partis de l'opposition. La coalition "Ensemble pour la Macédoine" dirigée par l'Union sociale-démocrate (SDSM) de Branko Crvenkovski recueille 40,4 % des suffrages, loin devant la coalition gouvernementale (VMRO-DPMNE/LDP : Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne-Parti libéral démocratique), emmenée par le Premier ministre Ljubco Georgievski, qui obtient 24,4 % des voix. Le Premier ministre sortant a immédiatement reconnu sa défaite. L'Union démocratique pour l'intégration (PDI) d'Ali Ahmeti réussit son pari et devient, avec 11,8 %, soit 70 % des suffrages de la population albanaise, le premier parti albanophone de Macédoine distançant largement son principal rival, le Parti démocratique albanais d'Arben Dzhaferi qui recueille 5,2 % des suffrages. Ce dernier a également tenu à féliciter son adversaire pour son résultat. Enfin, le Parti de la prospérité démocratique (PPD) dirigé par Abdurahman Haliti obtient 2,3 %. Dès l'annonce officielle des résultats, le Président Boris Trajkovski dispose de dix jours pour nommer un Premier ministre qui aura vingt jours maximum pour former un nouveau gouvernement. Le leader social-démocrate Branko Crvenkovski devrait donc être le prochain Premier ministre de cette République des Balkans. Toutefois, ne disposant pas de la majorité absolue au Parlement, celui-ci devra former une coalition gouvernementale. Tout au long de la campagne électorale, le chef du SDSM a déclaré qu'en cas de victoire, il proposerait une alliance au parti albanophone arrivé en tête des élections, tout en affirmant qu'il n'était pas question qu'un ancien membre de l'UCK rentre dans son gouvernement. Il se retrouve donc dans une position délicate. D'un côté, il est pressé par la communauté internationale de former une coalition gouvernementale avec le PDI d'Ali Ahmeti ; de l'autre, il doit tenir compte de la volonté de la majorité des Macédoniens qui condamnent toute alliance avec le parti issu de la guérilla et qui considèrent Ahmeti comme un terroriste ayant pour unique objectif la division de la Macédoine. Le discours de l'ancien chef des rebelles albanais est aujourd'hui radicalement opposé aux propos qu'il tenait il y a encore quelques mois. Le leader albanophone a en effet promis d'œuvrer en faveur de la démocratie, "pour l'application de l'accord d'Ohrid et une harmonieuse cohabitation ethnique. (…) Nous luttons ouvertement pour la suppression totale des barrières ethniques. Nous prônons la paix et une orientation résolument européenne" déclarait-il quelques jours avant le scrutin. Ljubomir Frckoski, conseiller du Président Trajkovski, s'est exprimé en faveur d'une intégration d'Ali Ahmeti dans la future coalition gouvernementale. La décision finale appartient à Branko Crvenkovski qui n'est certainement pas sans connaître les risques que comporterait pour la stabilité de la Macédoine l'exclusion du gouvernement du pays des leaders que la population albanophone a placés en tête du scrutin. Les élections législatives du 15 septembre constituaient la dernière étape du processus de paix engagé il y a plus d'un an après sept mois de violences entre les forces gouvernementales et la guérilla albanophone. "Il s'agit d'un pas important vers la réconciliation mais ce n'est pas le dernier" a affirmé Alain Le Roy, représentant de l'Union européenne à Skopje, à l'issue du scrutin. Souhaitons que les nouveaux dirigeants de la République des Balkans fassent preuve à l'avenir d'une maturité identique à celle qu'a témoignée la population macédonienne lors de ces élections Corinne Deloy - Fondation Robert Schuman Résultats des élections législatives du 15 septembre 2002 : Participation : 70 % Formations politiques --Nombre de sièges obtenus Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne/Parti libéral démocratique (VMRO-DPMNE/LDP) 33 Union social-démocrate de Macédoine (SDSM) 60 Union démocratique pour l'intégration (PDI) 16 Parti démocratique albanais (PDA) 7 Parti de la prospérité démocratique (PPD) 2 Parti national démocratique (NDP) 1 Source : Agence France Presse [ Accueil ] [ Retour à l'article ] [ Haut ] |
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