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Ukraine : Mme Albright tire la sonnette d'alarme en vue des élections présidentielles (2004)


"COMMENT AIDER L'UKRAINE À VOTER ?"
mercredi 17 mars 2004, par Jeanne Cavelier

Madeleine Albright a écrit un article intitulé « Comment aider l'Ukraine à voter ? », paru dans l'édition du 8 mars du New York Times, traitant du problème de la démocratie dans ce pays.

Madeleine Albright, ancienne Secrétaire d'Etat américaine de 1997 à 2001, en visite à Kiev le 20 février 2004 pour une conférence sur l'avenir de l'Ukraine en Europe, a écrit un article intitulé « Comment aider l'Ukraine à voter ? », paru dans l'édition du 8 mars du New York Times. Cet article traite du problème de la démocratie en Ukraine, en vue des prochaines élections présidentielles d'octobre 2004. Elle y déplore le silence de Washington devant l'avenir de cet important partenaire des américains et la campagne d'intimidation, parfois violente, déjà lancée.

Elle cite plusieurs cas d'entraves à la liberté de la presse, notamment la suppression du service ukrainien de Radio Liberty des ondes FM. Elle rappelle que les autres médias sont pratiquement tous influencés par le gouvernement et que l'avenir de l'unique chaîne de télévision indépendante n'est pas assuré, et que, d'autre part, les autorités fiscales semblent n'enquêter que dans les entreprises qui soutiennent les candidats d'opposition. Les organisations non-gouvernementales elles-mêmes semblent subir sans cesse des pressions.

Elle ajoute que, dans le même temps, ceux qui soutiennent le président Leonid Koutchma tentent de faire voter des amendements à la Constitution afin d'accroître le pouvoir constitutionnel du corps législatif par rapport à la présidence, ce qu'ils perdraient probablement si l'élection est transparente en octobre. De cette manière, pense-t-elle, même si M.Koutchma reste en-dehors de l'élection, puisqu'il a dit qu'il ne se représenterait plus, quelqu'un d'associé à son gouvernement continuerait à diriger le pays.

Elle affirme qu'un débat sur d'éventuels changements constitutionnels pourrait être justifié en d'autres circonstances, mais le corps législatif, c'est-à-dire la Rada, ne bénéficie pas d'une bonne réputation à cause de sa majorité pro-Koutchma, apparue dans des circonstances douteuses après une élection amère et non transparente en 2002. Continuant son analyse, elle ajoute qu'il est certainement mauvais pour la Rada de se saisir de pouvoirs largement étendus juste avant l'élection présidentielle, qui est une occasion significative pour les Ukrainiens d'avoir leur mot à dire sur la direction qu'a prise le gouvernement.

Le chemin que l'Ukraine choisira maintenant revêt, d'après Mme Albright, une importance énorme pour les Etats-Unis. L'Ukraine en effet a été un partenaire important depuis son indépendance en 1991. Elle a abandonné les armes nucléaires héritées de l'URSS, soutenu les efforts pour renverser les effets du nettoyage ethnique au Kosovo, stoppé son aide au programme nucléaire de l'Iran, fermé le réacteur nucléaire de Tchernobyl et envoyé 1600 troupes en Irak et des centaines d'autres dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies au Libéria, au Kosovo et partout ailleurs.

En mai, lorsque les dix nouveaux membres feront partie de l'Union européenne, l'Ukraine, avec près de 50 millions d'habitants, siégera à la frontière orientale de l'organisation. Ce pays deviendra alors encore plus important, selon Mme Albright, dans la manière dont il gérera l'extrémisme islamique au sud, l'autoritarisme de son voisin Bélarus et une Russie dont les leaders expriment parfois leur nostalgie de l'Union soviétique.

Arguant que les Etats-Unis n'ont aucun intérêt dans la bataille électorale en Ukraine, elle souligne néanmoins leur rôle potentiel sur l'enjeu fort que représente la manière dont la victoire aux présidentielles est obtenue, déçue que l'administration Bush en ait parlé seulement en privé et avec distance, au contraire des ambassadeurs étasuniens. Le Secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, a été le seul officiel de haut rang à visiter l'Ukraine récemment, et c'était pour obtenir son soutien à la guerre en Irak. Les opposants au gouvernement ukrainien soupçonnent, face à l'absence d'opinion sur l'Ukraine, bonne ou mauvaise, de la part des Etats-Unis, que la contribution de l'Ukraine à la coalition en Irak a servi à acheter l'amnistie des Etats-Unis, ce qui les décourage, même si, selon Mme Albright, cela ne peut être vrai.

S'interrogeant ensuite sur ce que devraient faire les Etats-Unis pour encourager la démocratie en Ukraine, elle met en valeur trois points essentiels.

Premièrement, parler tout haut. Le président Bush et les officiels du cabinet doivent insister le plus tôt possible pour la tenue d'élections libres. Cette élection pourrait bien être décidée par des tactiques malhonnêtes bien avant que le vote ne commence. Les grands officiels devraient visiter l'Ukraine et il y aura d'autres opportunités en juin quand les leaders du Groupe des huit nations les plus industrialisées, l'Union européenne et l'OTAN se rencontreront. Le plan de l'administration Bush pour promouvoir la démocratie au Moyen-Orient est déjà à l'ordre du jour. Sauver la démocratie en Ukraine, selon Mme Albright, fait aussi partie de cet agenda.

Deuxièmement, accroître le soutien aux médias indépendants et à la société civile. Cela requérrait une implication financière considérable autant que l'aide des voisins démocratiques de l'Ukraine.

Troisièmement, joindre les partenaires européens des Etats-Unis à la description des différents avenirs alternatifs en Ukraine. Une élection libre et équitable, avec ce qui en résulte, pourrait entraîner l'Union européenne à accorder des concessions commerciales et de visa, tout comme une feuille de route pour une éventuelle adhésion dans l'union, encourager la coopération militaire avec l'OTAN et le soutien pour son adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce. Ces mesures, et la perspective d'une démocratie plus stable, serait plus efficace pour accroître les investissements étrangers nécessaires en Ukraine. Comme le président Koutchma réfléchit à son héritage, une Ukraine indépendante et démocratique, fortement implantée en Europe et dans les relations transatlantiques, devrait être clairement sa préférence.

Si, cependant, les élections sont frauduleuses, les leaders ukrainiens doivent savoir que leur entrée dans les institutions occidentales en sera ralentie et que leurs propres comptes bancaires et privilèges de visa seront compromis. Ce devrait être la même chose si les factions de M.Koutchma manipulent la Constitution à leur avantage.

Mme Albright souligne pour conclure que préserver et étendre les frontières de la liberté dans le monde requiert une vigilance constante. Celle-ci, d'après elle, est en train d'être testée en Ukraine aujourd'hui, et ainsi sont ceux qui revendiquent de croire en la liberté comme le droit universel de tout peuple.



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