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Géorgie, France et Géorgie : Irakli Okrouachvili, ancien ministre, incarcéré et libéré sous condition (11 janvier 2013)


TEXTE INITIAL DU 23 AVRIL 2005
vendredi 11 janvier 2013, par Mirian Méloua

Sous l'ère Chévardnadzé, Irakli Okrouachvili suit Mikheïl Saakachvili au ministère de la Justice, puis à la municipalité de Tbilissi. Après la Révolution des Roses, il est de tous les gouvernements successifs, Procureur Général, ministre de l'Intérieur et ministre de la Défense. Il "démissionne" en novembre 2006, avant de fonder un mouvement d'opposition, d'être emprisonné pour outrages au chef de l'Etat et relâché après s'être rétracté. Il annonce le 11 octobre 2007 qu'il abandonne la politique. Il part ensuite en exil. Après la défaite de Mikheîl Saakachvili aux élections parlementaires du 1er octobre 2012, il revient en Géorgie : il est arrêté.

Irakli Okrouachvili est né en 1973, à Tskhinvali, en Ossétie du Sud. En 1995, Il est diplômé de la Faculté de Droit et de Relations Internationales de l'Université d'Etat de Tbilissi.

De 1996 à 2000, il est juriste au cabinet "Korsadzé, Svanidzé, Okruachvili and Partners", et devient membre de différentes associations (Georgian Young Lawers Association, World Lawyers Association et Lawyers International Association).

En décembre 1996, il est consultant sur le projet européen TACIS, "State Service Division". De 1997 à 2001, il donne des cours de droit du commerce international à l'Université d'Etat de Tbilissi.

Irakli Okrouachvili est marié, avec un enfant. Il parle géorgien, russe et anglais.

Une carrière politique auprès de Mikheïl Saakachvili

D'octobre 2000 à octobre 2001, avec Mikheil Saakachvili comme ministre, il est adjoint au ministère de la Justice.

En juin 2002, il rejoint le Mouvement National de Mikheil Saakachvili et est élu à la municipalité de Tbilissi ; en novembre il devient responsable des auditeurs.

En novembre 2003, après la Révolution des Roses, il devient gouverneur de la Chida-Kartlie, qui comprend la région de Tskhinvali : il y établit des mesures fermes contre la corruption et la contrebande.

Le 14 février 2004, il est nommé Procureur Général de la Géorgie.

Le 10 juin 2004, il est nommé ministre de l'Intérieur.

Le 27 décembre 2004, il est nommé ministre de la Défense (1).

Le 10 novembre 2006, il démissionne et est nommé ministre de l'Economie (2).

Le 17 novembre 2006, il démissionne de son poste au ministère de l'Economie (3).

Le 20 novembre 2006, lors d'une conférence de presse conjointe avec son ancien ministre, le président Mikheïl Saakachvili regrette publiquement cette "démission" et souhaite qu'Irakli Okrouachvili profite de sa nouvelle liberté afin de compléter sa formation à la politique de défense et à la conduite des affaires publiques.

Un homme haut en couleurs

Irakli Okrouachvili est coutumier des déclarations provocantes, souvent reprises par la presse russe afin d'illustrer l'impossibilité de coopérer sérieusement avec les Géorgiens.

En avril 2006, après l'interdiction de l'importations des vins géorgiens en Russie, il propose d'interdire la bière russe en Géorgie. Quelques jours plus tard il ajoute que le marché du vin en Russie est un marché de consommateurs à bas niveau et que l'on peut y écouler des matières fécales. La Présidente du Parlement géorgien, en visite à Moscou, s'excuse de ces propos au nom de la Géorgie. L'inimité personnelle entre les deux protagonistes est ainsi révélée par les médias.

En mai 2006, Irakli Okrouachvili déclare publiquement vouloir passer le Nouvel An 2007 à Tskhinvali, capitale de l'Ossétie du Sud sécessionniste dont il est originaire, avec la menace de démissionner si son voeu ne s'exauçait pas.

Un homme fortuné

Irakli Okrouachvili est réputé proche de l'homme d'affaires géorgien Kibar Khalvachi, propriétaire jusqu'en novembre 2006 du groupe de médias Rustavi 2, groupe composé du canal de télévision le plus populaire en Géorgie Rustavi 2, du canal de télévision Mzé TV et d'une radio.

En février 2007, les médias géorgiens le crédite d'une des plus grosses fortunes de Géorgie, soit 250 millions de dollars.

L'apprentissage dans l'opposition

Le 25 septembre 2007, lors de la présentation officielle de son parti politique d'opposition, le Mouvement pour la Géorgie Unie, Irakli Okrouachvili accuse le président Mikheïl Saakachvili et son entourage de corruption, de banditisme et d'incitation au meurtre (4).

Il est arrêté le 27 septembre et est libéré le 9 octobre sous caution (4 millions de dollars), après avoir reconnu certaines négligences dans l'exercice de ses responsabilités au poste de ministre de la Défense et après s'être rétracté des déclarations concernant le président Saakachvili. Le 11 octobre, il informe qu'il abandonne la politique.

Ses proches diffusent largement aux médias que les conditions de détention de l'ex-ministre de la Défense ont été difficiles physiquement et mentalement, mais il a réussi sa mission de rassembler l'opposition en vue des élections législatives de 2008 (5) et que les autorités géorgiennes le contraignent à l'exil.

L'exil

Le 5 novembre, d'Allemagne, il revient sur ses rétractations. Le 13 novembre, la Géorgie lance un mandat d'arrêt international pour abus de pouvoir dans l'exercice de ses anciennes responsabilités ministérielles : il est arrêté le 27 novembre par les autorités allemandes, extradé vers la France le 9 janvier (car porteur d'un visa d'entrée en France), arrêté à nouveau et libéré sous condition le 29 janvier par la chambre d'instruction de la Cour d'appel de Paris.

Le 28 mars 2008, le Tribunal de Tbilissi le condamne à 11 années de prison pour "corruption passive à grande échelle, extorsion de fonds et participation à un groupe criminel".

Le 16 avril, l'examen par la chambre d'instruction de la Cour d'appel de Paris de la demande d'extradition formulée par les autorités géorgiennes est renvoyé au 4 juin, c'est à dire après les élections législatives géorgiennes du 21 mai, auxquelles le parti politique fondé par Irakli Okrouachvili prend part.

Ses avocats annoncent le 23 avril que sa demande d'asile en France a été accordée par l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (6) et que son extradition vers la Géorgie n'en serait que plus difficile.

Au printemps 2011, son parti politique se joint quelques jours à l'opposition extra-parlementaire menée par Nino Bourdjanadzé, ancienne présidente du Parlement. Les manifestations de protestation conduisent à deux morts, à Tbilissi, durant la nuit du 26 mai.

La Justice géorgienne instruit contre Irakli Okrouachvili une procédure de constitution illégale de groupes armés.

Le retour en Géorgie, l'arrestation, la libération sous condition

Le 20 novembre 2012, après que le nouveau Parlement, à majorité défavorable au président Saakachvili, ait publié une liste de 184 prisonniers et de 22 exilés politiques (dont il fait partie), Irakli Okrouachvili revient en Géorgie : il est arrêté à l'aéroport.

Le ministère géorgien de la Justice estime que de nombreuses charges criminelles pèsent sur lui, dont l'organisation illégale de groupes armés. Il affirme pouvoir prouver son innocence.

Le 11 janvier 2013, il est libéré sous condition.

Notes :

(1) Irakli Okrouachvili a joué un rôle particulièrement important dans les réformes en cours de l'armée géorgienne afin de la préparer à intégrer l'OTAN. Il déploie une énergie farouche auprès des instances de cette organisation. En février 2006, il rencontrait à Bruxelles les Secrétaires Généraux adjoints, John Colston et Martin Erdmann, les ambassadeurs des pays membres, le représentant spécial pour le Caucase du Sud du Secrétaire Général, Robert Simmons, et le président du comité militaire de l'OTAN, Raymond Hénault, afin de faire valoir les progrès accomplis par la Géorgie dans le cadre de son Plan d'action de partenariat individuel (IPAP) et devant la conduire à terme à un Plan d'Action pour l'adhésion (MAP). En juin 2006, il intervenait à Bruxelles au niveau des ministres de la Défense des pays membres de l'OTAN.

Début 2005, son passage du ministère de l''Intérieur au ministère de la Défense avait déclenché deux polémiques. L'une avec son successeur, Vano Mérabichvili (néanmoins "ami personnel") parce qu'il aurait dépouillé l'état-major du ministère de l'Intérieur au profit de son nouveau ministère. L'autre avec son prédécesseur au ministère de la Défense, Guiorgui Baramidzé, à propos de corruption dans l'armée géorgienne. Le Président Saakachvili avait dû interrompre un voyage en Ukraine pour calmer la situation.

(2) Géorgie : à l'occasion d'un remaniement ministériel, départ du chef de file des "faucons" (décembre 2006)

(3) Géorgie : historique des titulaires de postes ministériels

(4) Irakli Okrouachvili a notamment accusé Mikheïl Saakachvili de vouloir faire éliminer le milliardaire géorgien Badri Patarkatsichvili, propriétaire de chaîne de télévision IMEDI et proche de certains partis politiques.

(5) Une dizaine de mouvements d'opposition se sont fédérés après l'arrestation d'Irakli Okrouachvili pour protester et réclamer une anticipation des élections parlementaires à avril 2008, le Forum National, le Groupe Géorgien, le Mouvement pour la Géorgie Unie, Par Nous Mêmes, le Parti Conservateur, le Parti de la Liberté, le Parti du Peuple, le Parti Républicain, le Parti Travailliste et la Voie de la Géorgie. La plupart de ces mouvements politiques ne sont pas représentés au Parlement actuel.

(6) La France accorde l'asile à un opposant à Mikheïl Saakachvili (avril 2008).

*

Sources multiples :

-  biographie officielle

-  médias géorgiens dont Civil Georgia

-  médias internationaux.

Voir aussi : Géorgie : les grandes fortunes en 2006



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