Abkhazie : résultats des élections présidentielles du 12 décembre 2009
lundi 14 décembre 2009, par Mirian Méloua
La république autoproclamée d'Abkhazie a reconduit Sergueï Bagapch au poste de président le samedi 12 décembre 2009. Outre la Russie, le Vénézuela avait envoyé des observateurs pour surveiller le scrutin. L'opposition conteste les premiers résultats : son principal candidat a déclaré qu'il déposerait un recours auprès de la Commission électoirale centrale et saisirait les tribunaux.
L'électorat
En cinq ans, le nombre d'électeurs abkhazes a singulièrement diminué : il n'est plus que de 131 000 (1).
Les électeurs d'ethnie géorgienne, aujourd'hui minoritaires, ont été "administrativement" exclus du scrutin (2).
Les candidats
Parmi les 5 candidats en lice, on retrouvait le président sortant Sergueï Bagapch (3) et Raoul Khadjimba (4), ancien officier du KGB, ancien Premier ministre et vice-président qui se présentait comme candidat d'opposition.
Ils s'étaient déjà affrontés en octobre 2004, s'accusant de fraudes électorales respectives : l'un et l'autre avaient été proclamés élus à quelques jours d'intervalle. Un haut fonctionnaire russe, d'origine abkhaze, Nodar Khashba, avait été envoyé de Moscou pour assurer les fonctions de premier ministre abkhaze et normaliser la situation. Un "ticket" commun avait été admis par les deux rivaux pour le nouveau scrutin du 12 janvier 2005 et avait été élu, Sergueï Bagapch à la présidence, Raoul Khadjimba à la vice-présidence. Ce dernier avait par la suite démissionné.
Se présentaient aussi deux hommes d'affaires, Zaous Ardzinba (sans lien avec le fondateur et ancien président de la république autoproclamée d'Abkhazie) et Beslan Boutba : ils critiquent la politique du président sortant, en particulier la cession des chemins de fer abkhazes à la Russie pour 10 ans.
Vitali Bganba, un professeur de philosophie, ne soutient ni le pouvoir actuel, ni l'opposition.
Les résultats provisoires
Selon la Commission électorale centrale, la participation au vote a été de 64,29 % des électeurs inscrits.
Sergueï Bagapsh obtient 59,37% des suffrages exprimés et Raoul Khadjimba 15,44%.
Elle proclamera les résultats définitifs le 21 décembre 2009.
Les observateurs russes et vénézueliens ont déclaré dès samedi 12 décembre au soir que les élections s'étaient déroulées dans la transparence.
La tutelle de la Russie
La Russie a fait reconnaïtre l'indépendance de l'Abkhazie au Nicaragua et au Vénézuela, liés avec elle économiquement et politiquement. Elle essaie de convaincre également l'Equateur, la Biélorussie et certains pays d'Asie centrale.
La communauté internationale, et particulièrement la Chine, les Etats-Unis et l'Union européenne, ne reconnaissent pas l'indépendance de l'Abkhazie.
La Russie a d'ores et déjà installé trois bases militaires en Abkhazie, fortes de 3 600 hommes. Elle y a disposé également des gardes-côtes : la côte abkhaze constitue pour elle un élément stratégique au cas où l'Ukraine ne renouvellerait pas le bail du port de Sébastopol à la marine russe. Autre élément stratégique, l'aéroport de Soukhoumi, celui de Sotchi est sous-dimensionné pour les Jeux Olympiques d'hiver de 2014.
Notes :
(1) Le nombre d'électeurs inscrits était de 180 000 en octobre 2005
(2) L'Abkhazie compterait aujourd'hui 216 000 habitants, après l'expulsion manu militari de 250 000 Géorgiens en 1992.
(3) Abkhazie : Sergueï Bagapch (1949-2011), ancien président de la république autoproclamée
(4) Abkhazie : biographie de Raul Khadjimba, ancien Premier ministre de la république autoproclamée
Voir aussi :
Géorgie : quelle signification à l'élection controversée du nouveau président de l'Abkhazie (octobre 2004) ?
Abkhazie : Vladislav Ardzinba (1945-2010), ancien président de la république autoproclamée
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