Accueil Brèves Plan du site Contact Admin


COLISEE Articles
comité pour l’information sur l’Europe de l’Est
   
 
 
[ Imprimer cet article ]


France, Géorgie et France : Salomé Zourabichvili, ancienne ministre géorgienne


TEXTE INITIAL DU 26 MARS 2004
lundi 6 août 2012, par Mirian Méloua

Ambassadrice de France en Géorgie en 2003, ministre des Affaires étrangères de la Géorgie en 2004, "démissionnée" fin 2005, Salomé Zourabichvili a largement contribué à une certaine image de la Géorgie sur le plan international, sans oublier les succès diplomatiques obtenus dont l'évacuation des deux bases militaires russes en Géorgie n'est pas l'un des moindres.

Elle fonde quelques mois plus tard un parti politique, "La Voie de la Géorgie" et se présente aux élections municipales de Tbilissi en 2006. Elle se déclare tour à tour candidate aux élections présidentielles de 2008 et partisan d'une monarchie constitutionnelle, avant de soutenir une manifestation de masse de l'opposition le 2 novembre 2007.

Elle est désignée comme éventuelle Premier ministre en cas de victoire de l'opposition aux élections présidentielles du 5 janvier 2008, sous la bannière de Lévan Gatchétchiladzé.

En 2012, en prévision des élections législatives, elle soutient la démarche du milliardaire opposant Bidzina Ivanichvili, portée par le mouvement "Le Rêve géorgien".

Salomé Zourabichvili, née en mars 1952, est issue d'une famille émigrée en France dans les années vingt, après que l'armée Rouge eut envahi la Géorgie. Son père fut président de l'Association Géorgienne en France ; son cousin a occupé également cette charge, ainsi que son frère. Sa cousine est Secrétaire Perpétuel de l'Académie Française.

Elle est diplômée de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et de l'Université de Columbia aux Etats-Unis.

 

Au service de la France


Elle s'oriente très jeune vers la carrière diplomatique (1) :
-  Troisième secrétaire de l'ambassade de France, Rome (1974 -1977),
-  Deuxième secrétaire de la Représentation permanente de la France aux Nations Unies, New York (1977 -1980),
-  Centre d'analyse et de prévision au Ministère des Affaires étrangères (1980 -1984),
-  Premier secrétaire à l'Ambassade de France, Washington (1984 -1988),
-  Premier secrétaire auprès de la Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe, Vienne (1988 -1989),
-  Deuxième conseiller à l'Ambassade de France, Ndjamena (1989 -1992),
-  Deuxième conseiller à la Représentation permanente de la France au Conseil de l'Atlantique Nord, Bruxelles (1992 -1993),
-  Représentant permanent adjoint de la France à l'Union de l'Europe occidentale, Bruxelles (1993 -1996),
-  Conseiller technique auprès d'Hervé de Charette, ministre des Affaires étrangères, gouvernement Juppé (1996 -1997),
-  Inspecteur des Affaires étrangères (1997 -1998),
-  Sous-directeur des Affaires stratégiques à la direction des Affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement de la direction générale des Affaires politiques et de sécurité (1998 - 2001),
-  Directeur des Affaires internationales et stratégiques auprès du Secrétariat général de la Défense nationale (2001 -2003),
-  Ambassadeur de France en Géorgie, Tbilissi (septembre 2003 - mars 2004).

 

Au service de la Géorgie, dans la sphère diplomatique


Le Quai d'Orsay déclare le 11 mars 2004 que Salomé Zourabichvili, ambassadeur de France à Tbilissi, est mise à disposition du gouvernement géorgien. La présidence de la République de Géorgie déclare le même jour son intention de la proposer au poste de ministre des Affaires étrangères.

Cette nomination demande d'une part l'obtention de la double nationalité, d'autre part un vote favorable du Parlement géorgien, à élire le 28 mars 2004. Le Président Saakachvili accorde la nationalité géorgienne à Mme Zourabichvili le 20 mars 2004, à titre exceptionnel. Le Parlement votera le 10 juin la confiance au gouvernement de Zourab Jvania, gouvernement dans lequel figure de fait depuis plusieurs mois la nouvelle ministre des Affaires étrangères.

Certains observateurs font remarquer que l'expérience de Salomé Zourabichvili dans le domaine euro - atlantique constitue un atout pour la Géorgie en quête d'intégration dans ce pôle. D'autres observateurs estiment que l'expérience de la diplomatie française constitue un autre atout pour la Géorgie en quête de normalisation de rapport avec la Russie.

De fait, Salomé Zourabichvili s'investit dans les contacts diplomatiques avec ses homologues des pays clés pour la Géorgie (Etats-Unis, Russie, Ukraine, Allemagne, France, Grande-Bretagne en particulier) et avec l'Union Européenne. Elle engage également le redéploiement des ambassadeurs géorgiens, nommés après investiture du Parlement.

Outre l'image positive qu'elle donne de la Géorgie lors de ses nombreux contacts et interviews (2), son principal succès est acquis à Moscou : le 30 mai 2005, elle signe avec Sergueï Lavrov (ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie) un accord prévoyant l'évacuation des bases russes de Géorgie avant la fin 2008 (Quartier général de l'armée russe pour la Transcaucasie à Tbilissi, bases de Batoumi et d'Akhalkalaki).

Le 19 octobre 2005, le Premier ministre géorgien Zourab Nogaïdéli annonce le départ du gouvernement de Mme Zourabichvili, après les critiques publiques de certains ambassadeurs et celles des chefs de file de la majorité parlementaire.

L'opinion publique géorgienne n'est pas surprise : des rumeurs courent depuis plusieurs mois à Tbilissi sur la mésentente qui règnerait entre Salomé Zourabichvili et Nino Bourdjanadzé (Présidente du Parlement) et qualifiée de "combat des Reines".

Pour certains observateurs, il est quasi impossible pour une personne née à l'étranger et y ayant fait carrière de s'adapter aux réalités géorgiennes. Pour les autres, les difficultés rencontrées au sein du ministère et des relations avec le Parlement relèvent du manque de communication et du manque de coordination.

Dans ses déclarations, Mme Zourabichvili dénonce l'influence en Géorgie du "dernier bastion néo-bolchévique" et la réticence à "la lutte anti-corruption" rencontrée.

 

Au service de la Géorgie, dans la sphère politique


Le 12 mars 2006, Salomé Zourabichvili anime le congrès fondateur d'un nouveau parti politique géorgien "La Voie de la Géorgie" : le 5 octobre 2006, il reçoit 2,7% aux élections territoriales de Tbilissi.

-  "La Voie de la Géorgie" : un nouveau mouvement politique, lancé par Salomé Zourabichvili (mars 2006).

Parallélement, elle crée en France le mouvement "Initiative européenne pour la Géorgie", dont les membres d'honneur sont Françoise de Panafieu (député - maire du 17éme arrondissement de Paris), Alain Mérieux (PDG de BioMérieux), Ari Vatanen (député européen), Bronislaw Geremek (ancien ministre des Affaires étrangères) et Jérôme Chartier (député).

Elle poursuit ses contacts internationaux en Europe (Javier Solana, Nicolas Sarkozy), aux Etats-Unis (Daniel Fried Secrétaire d'Etat adjoint, Nixon Center), à l'OTAN (Robert Simmons Secrétariat général), à l'OSCE (Marc Perrin de Brichambaut Secrétariat général).

Le 9 février 2007, elle déclare aux médias géorgiens qu'elle souhaite participer aux élections présidentielles de 2008, malgré le fait que la Constitution géorgienne exige des candidats quinze années de résidence en Géorgie.

Le 28 septembre 2007, elle proteste pour l'arrestation d'Irakli Okrouachvili, ancien ministre de la Défense et déclare "que ce n'est pas pour se ranger sous la bannière de l'intéressé mais que c'est une question de démocratie".

Le 8 octobre 2007, elle déclare "J'ai toujours supporté la monarchie constitutionnelle comme forme appropriée de gouvernement pour la Géorgie".

Le 2 novembre 2007, des manifestations de masse réunissent à Tbilissi 100 000 personnes (selon les organisateurs, une dizaine de mouvements politiques, dont "La Voie de la Géorgie"), demandant l'anticipation des élections législatives à avril 2008 : Salomé Zourabichvili participe aux tentatives de négociation avec la majorité présidentielle.

Le 5 janvier 2008, le candidat du "Conseil national unifié" (coalition de neuf partis d'opposition), Lévan Gatchétchiladzé, recueille 25,69% aux élections présidentielles anticipées dans un contexte de contestation de la régularité du scrutin et de manifestations publiques. Salomé Zourabichvili, qui avait été désignée par le Conseil national unifié comme future Premier ministre, en est un des acteurs.

Le "Conseil national unifié" remporte 17 sièges sur 150 aux élections législatives de mai 2008 : la plupart de ses députés démissionnent immédiatement afin de protester contre "les conditions de la campagne électorale, les irrégularités durant le scrutin et la consolidation des résultats". Une manifestation réunira 30 000 personnes à Tbilissi. Un satisfecit sera néanmoins accordé sur ces élections par les observateurs internationaux, OSCE en particulier.

En avril 2010, elle rejoint avec son parti, "La Voie pour la Géorgie", "L'Alliance pour la Géorgie", mouvement animé par Irakli Alassania, ancien ambassadeur de Géorgie aux Nations Unies, passé à l'opposition.

Le 11 novembre 2011, elle annonce vouloir prendre du champ avec la politique active en Géorgie.

Le 4 septembre 2012, elle publie, à titre personnel, une tribune en faveur du milliardaire opposant Bidzina Ivanichvili, animateur de l'alliance d'opposition "Le Rêve géorgien", ayant pour objectifs les élections législatives d'octobre 2012 et l'élection présidentielle de 2014.

 

Au service des Nations Unies


En septembre 2006, elle avait été nommée professeur associé à l'Institut de Sciences Politiques de Paris, puis début 2007 à l'Université Ilia Tchavtchavadzé de Tbilissi, dans le domaine de la diplomatie et des relations internationales.

En novembre 201O, elle devient coordinatrice du panel d'experts assistant "le Comité de sanctions Iran" du Conseil de sécurité des Nations Unies. A ce titre, elle rencontre les ministres des Affaires étrangères concernés (Sergueï Lavrov, Michèle Alliot-Marie en particulier,...).

 

La Femme


Mariée à Janri Kashia, journaliste et écrivain géorgien, Salomé Zourabichvili a deux enfants d'un précédent mariage. Elle parle le français, le géorgien, l'anglais et l'italien, a étudié l'allemand et le russe.

-  Géorgie, France et Géorgie : Janri Kashia (1940-2012), dissident, journaliste et écrivain.

Elle s'engage dans une série d'interviews et de conférences (3).

Elle publie, après son premier ouvrage de jeunesse "La Géorgie" dans la collection "Que sais-je ?",

-  Bibliographie : "Une femme pour deux pays" de Salomé Zourabichvili,en 2006,

-  Bibliographie : "Les Cicatrices des nations" par Salomé Zourabichvili, en 2008,

-  Bibliographie : "La tragédie géorgienne" par Salomé Zourabichvili , en 2009,

-  Bibliographie : "L'Exigence démocratique" de Salomé Zourabichvili, en 2011.

 

Notes


(1) Parmi les interventions et conférences connues dans le public, peuvent être citées :
-  le 28.06.2000 (semaine franco-britannique sur la défense et la sécurité) : "L'état des relations franco-britanniques",
-  le 28.04.2001 (Vilnius) : "Un regard français sur la politique européenne de défense et de sécurité",
-  le 29.11.2003 (Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, Session Internationale Européenne) : "Le rôle de l'Union Européenne dans le nouveau cadre de sécurité européen".

(2) Durant ses 18 mois de fonction au ministère géorgiens des Affaires étrangères, Salomé Zourabichvili a multiplié les interviews pour la presse écrite, les médias radiophoniques et télévisés : le destin d'une Française revenue servir le pays de ses ancêtres, la Géorgie, y était souvent mis en exergue.

(3) Après son départ du ministère, Mme Zourabichvili a engagé une série de conférences, notamment :

-  Caucase : conférence de Mme Salomé Zourabichvili le 21 décembre 2005 à l'Institut de Sciences Politiques de Paris,

-  Nantes : conférence de Mme Salomé Zourabichvili le 28 février 2006,

-  Salomé Zourabichvili, ancienne ministre des Affaires Étrangères de Géorgie, présente son livre "Une femme pour deux pays" à l'IEP de Paris le 12 mai 2006.

*

Sources multiples :

-  biographie officielle

-  médias géorgiens dont La Vie en Géorgie et Civil Georgia

-  médias internationaux.

Voir aussi

-  Géorgie : destitution de Mme Salomé Zourabichvili, ministre des Affaires étrangères (octobre 2005)

-  Géorgie : interview du 5 juillet 2009 de Salomé ZOURABICHVILI sur les manifestations de l'opposition

-  "Halte à la guerre virtuelle ! Le président Saakachvili effraye les citoyens pour se poser en sauveur" par Salomé ZOURABICHVILI (mars 2010)

-  "En finir avec le despotisme de Mikhaïl Saakachvili en Géorgie" par Salomé ZOURABICHVILI (septembre 2012).



[ Imprimer cet article ] [ Haut ]
 

 
 
  01. Le COLISEE
02. Albanie
03. Arménie
04. Azerbaïdjan
05. Biélorussie
06. Bosnie-Herzégovine
07. Géorgie
08. Kazakhstan
09. Kirghizstan
10. Macédoine
11. Moldavie
12. Monténégro
13. Ouzbékistan
14. Russie
15. Serbie
16. Tadjikistan
17. Turkménistan
18. Ukraine
19. Etats autoproclamés
20. Union européenne
21. Grandes régions d'Europe et d'Asie
22. Séminaires et conférences (Europe de l'Est)
23. Evénements (Europe de l'Est)
24. Offres d'emplois et de bourses (Europe de l'Est)
25. Thèmes transversaux
26. Les dossiers du COLISEE

Contact
 

 
 
Dans la même rubrique

Autres articles :
Géorgie : Eka Tkéchélachvili, ancienne ministre
Géorgie : Pétré Tsiskarichvili, ancien ministre
Géorgie : Témour Iakobachvili, ancien ministre
Géorgie : Guiorgui Nodia, ancien ministre
Géorgie : Zaza Gorozia, ancien ministre de l'Agriculture
Géorgie : historique des titulaires de postes ministériels
Géorgie, Russie et Géorgie : Kakha Bendoukidzé, oligarque et économiste
Géorgie : Guéla Béjouachvili, ancien ministre et responsable des services secrets
Géorgie : Guiorgui Khaïndrava, ancien ministre
Géorgie : Papuna (Mirza) Davitaia, ancien ministre des Diasporas

 



© 2014 COLISEE