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Géorgie : Guiorgui Khaïndrava, ancien ministre


TEXTE ACTUALISÉ LE 2 NOVEMBRE 2007
lundi 4 octobre 2004, par Mirian Méloua

Ministère atypique, objectifs atypiques (ramener l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud sécessionnistes dans le giron géorgien), Guiorgui dit Goga Khaindrava est un homme atypique. Sa compréhension des deux conflits s'appuie sur un constat fort, rien ne se résoudra sans une contrepartie pour la Russie, "sa seconde patrie" avec laquelle la Géorgie doit observer un voisinage vigilant mais intelligent. Il tient trente mois, avant de passer à l'opposition.

La biographie officielle de Guiorgui Khaïndrava éveille le soupçon : artiste ou homme d'Etat ?

Né à Tbilissi en 1956, diplômé de l'Institut Polytechnique et de la Faculté de Géologie, il termine aussi l'Institut de Théâtre et la Faculté de Cinéma. Il devient directeur d'un studio de théâtre à 32 ans.

En 1992. il filme la guerre abkhazo-géorgienne, un conflit séparatiste sur fond de haine ethnique. "Le cimetière des rêves" le fait connaître internationalement.

Sous l'ère Chévardnadzé

Edouard Chevardnadzé le nomme ministre d'Etat chargé de la question abkhaze pour deux années. Le traumatisme est grand en Géorgie. La république autonome a fait sécession. Dix mille Géorgiens sont morts. Les deux cent cinquante à trois cent mille Géorgiens déplacés s'installent dans des infrastructures de fortune et dans les hôtels, réquisitionnés. L'aide internationale se met difficilement en place. La position de la Russie est sans ambiguïté : "tenir l'Abkhazie, après l'Ossétie du Sud, est tenir les portes de la Géorgie".

Sous l'ère Saakachvili

En décembre 2003, Mikheïl Saakachvili le désigne à son tour ministre d'Etat, chargé de la résolution des conflits.

Depuis, Guiorgui Khaïndrava ne compte plus le nombre de réunions effectuées à Tskhinvali et à Tbilissi ou à Vladikavkaz et à Moscou avec les représentants des autorités sécessionnistes d'Ossétie du Sud, avec ceux de la Fédération de Russie (Ossétie du Nord, Russie) et ceux de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) afin de faire progresser au quotidien les conditions de vie des habitants de la zone des conflits et afin de trouver un terrain d'entente sur les solutions à moyen terme.

A l'automne 2005, le gouvernement géorgien présente un plan de paix pour l'Ossétie du Sud aux assemblées générales des Nations Unies et de l'OSCE. Le 6 décembre 2005, dans sa déclaration de Ljubljana, le conseil des ministres de l'OSCE apporte son soutien à la démarche. Le plan comporte un processus susceptible d'aboutir à la conclusion d'un accord sur le statut de l'Ossétie du Sud au sein de la Géorgie : outre une vaste autonomie, la région se verrait garantir en particulier certains droits linguistiques et éducatifs et serait représentée au sein des organes centraux des pouvoirs exécutifs et judiciaire à Tbilissi.

Les autorités sécessionnistes de Tskhinvali, appuyées par la Fédération de Russie (Ossétie du Nord et Russie), s'y opposent.

Le 21 juillet 2006 le départ du gouvernement de Guiorgui Khaïndrava est annoncé par le Premier ministre, Zourab Nogaïdéli pour "ne pas avoir suivi la ligne officielle du gouvernement à plusieurs reprises".

L'opinion publique géorgienne a déjà été alertée le 15 juillet : une polémique publique l'a opposé à Irakli Okrouachvili, ministre de la Défense, sous la responsabilité duquel la police militaire géorgienne a provisoirement arrêté des officiels russes à Gori, en proximité de l'Ossétie du Sud.

Quelques heures plus tard, les autorités sécessionnistes ossètes expriment leurs regrets "de voir partir un négociateur avec qui il était possible de travailler bien qu'il défende d'abord les intérêts de la Géorgie".

Les droits de l'homme et l'opposition politique

Le 31 juillet 2006, les médias géorgiens annonce l'adhésion de Guiorgui Khaïndrava au "Equality Institute", mouvement des droits de l'homme connu pour ses positions critiques vis-à-vis du ministre de l'Intérieur, Vano Mérabichvili.

En août 2006, le Parti Conservateur et le Parti Républicain, dans l'opposition, songent à la candidature de Guiorgui Khaïndrava à la mairie de Tbilissi.

En mars 2007, différents membres de "Equality Institute", dont Guiorgui Khaïndrava, se voient infligés des amendes pour avoir critiqué un jugement de la Cour d'Appel de Tbilissi.

En septembre 2007, il rejoint une dizaine de mouvements politiques d'opposition pour obtenir la libération d'Irakli Okrouachvili, ancien ministre de la Défense, et l'anticipation des élections parlementaires à avril 2008.

L'homme

L'homme n'est pas conventionnel. Il appartient à cette catégorie de personnes directes, frontales, à priori peu disposées pour la diplomatie. Et pourtant il pèse, il soupèse, il analyse : position de l'armée russe, position des hommes politiques russes ultranationalistes, position des diplomates du Kremlin.

Il n'hésite pas à quitter une réunion tripartie à Moscou dans laquelle il représente la Géorgie. Il déclare aux agences russes de presse que le candidat prorusse aux "présidentielles" abkhazes (élection dénoncée comme illégitime par son président Mikheïl Saakachvili) sera le meilleur pour appliquer les dispositions prises avec la Russie, lorsque cette dernière aura amendé sa position.

Avant de rejoindre Tskhinvali pour une nouvelle réunion tripartie, il arrête son automobile ministérielle au pied des chars russes de la "force de paix" et engage la conversation avec les soldats en faction. On le connaît, on le respecte, on croît en sa parole. Avec lui on peut discuter, même si les intérêts russo-géorgiens divergent pour encore un temps.

Guiorgui Khaïndrava a traversé trois présidences, celles de Gamsakhourdia, Chevardnadzé et Saakachvili. Il avait accordé un soutien spontané au premier, mais ses critiques de "l'ultranationalisme géorgien" l'avait conduit en prison. Après la désastreuse guerre d'Abkhazie, il avait posé sa caméra pour le second et essayé de lui apporter sa connaissance du terrain. Son expérience avait semblé indispensable à l'actuel président de la Géorgie, même si les jeunes trentenaires qui siègent au conseil des ministres s'en agaçaient parfois. D'ailleurs Mikheïl Saakachvili avait récidivé en appelant d'autres personnalités atypiques, la "Française" Salomé Zourabichvili et le "Russe" Kakha Bendoukidzé. Depuis les relations entre Micha et Goga se sont bien détériorées.

Si vous croisez Goga à Tbilissi, à Tskhinvali ou à Moscou, n'hésitez pas à lui adresser la parole. Il vous répondra en géorgien, en russe ou même en anglais. Il n'a ni l'allure, ni la tête d'un ministre. Il ressemble à un Géorgien qui voudrait voir les conflits abkhaze et ossète se résoudre avec la Russie et les droits de l'homme respectés dans son pays. Il voudrait pouvoir enfin s'atteler aux films qu'il a en tête !

Il est est marié, père de deux enfants.

*

Sources multiples :

-  biographie officielle

-  médias géorgiens dont La Vie en Géorgie et Civil Georgia

-  médias internationaux.

Voir aussi :

-  Ossétie du Sud : l'odeur des roses de Tbilissi (2004)

-  Géorgie : historique des titulaires de postes ministériels



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