Nezavisnost ! : la Commission électorale et l'Union européenne valident la victoire du "oui" au référendum sur l'indépendance du Monténégro (2006)
lundi 22 mai 2006, par Hervé Collet
En fin de matinée du 22 mai, la Commission électorale centrale a validé les résultats du référendum sur l'indépendance du Monténégro.
La participation a atteint 86,6 % et le oui a obtenu 55,4 % des voix, dépassant de peu le seuil minimum requis par l'Union Européenne pour valider le scrutin. Bruxelles, par la voix de Xavier Solana, n'a pas tardé, de son côté, à confirmer la validité du scrutin, ce qui ouvre la voie à la reconnaissance internationale de l'indépendance de la province. L'État commun de Serbie-et-Monténégro a donc vécu. Le Monténégro ne va pas tarder à recouvrer l'indépendance qu'il a perdue en 1918 et qu'il aurait peut-être pu retrouver en 1992 si un certain Milo Djukanovic, aujourd'hui premier ministre et ardent indépendantiste, n'avait pas soutenu le référendum intégrant la république dans une nouvelle fédération yougoslave, qui n'a rassemblé dans les faits que la Serbie et le Monténégro (1)...
Pour le moment, à Belgrade, seule l'armée a réagi, déclarant qu'elle respecterait la validité du scrutin. La séparation de fait des compétences juridiques et économiques des deux républiques rendra plus facile la répartition des responsabilités "régaliennes" des deux futurs États, à l'exception de la question de l'attribution des ambassades à l'étranger, qui ne manquera pas de soulever d'épineux conflits, à l'image des complications qu'a suscitées l'éclatement de l'ex Yougoslavie. Par ailleurs, la Serbie perd, avec le Monténégro, sa façade maritime. Se trouve ainsi posé le problème de la flotte serbo-monténégrine qui mouille en rade de Tivat. L'indépendance du Monténégro,enfin, renforce les espoirs des Albanais du Kosovo de voir cette province - dont le statut est actuellement en discussion - acquérir elle-aussi une reconnaissance internationale.
Hervé Collet/COLISEE.
(1) Pour mémoire, Milo Djukanovic a soutenu, avec Momir Bulatovic et beaucoup d'autres, le référendum de 1992 pour le maintien de la République dans une nouvelle Fédération yougoslave, qui se trouvera dans les faits réduite à la Serbie et au Monténégro. Il a changé d'avis en 1997 après avoir battu son ancien compagnon de parti Momir Bulatovic lors de l'élection présidentielle. Prenant délibérément parti contre Milosevic, sa seule porte de sortie politique était la séparation du Monténégro avec la Serbie.
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