Géorgie : les élections locales du 30 mai 2010
jeudi 27 mai 2010, par Mirian Méloua
L'élection des conseils municipaux
3 544 770 électeurs éliront pour 4 années,
670 conseillers municipaux au scrutin proportionnel,
1 025 conseillers municipaux au scrutin majoritaire.
Les élus iront ensuite garnir 64 conseils municipaux, les Sakréboulo.
Le mode de scrutin est mixte, majoritaire et à la proportionnelle.
Pour Tbilissi, 25 conseillers municipaux seront élu au scrutin majoritaire dans les circonscriptions, auxquels s'ajouteront 25 conseillers élus à la proportionnelle sur l'ensemble des voix de la capitale.
Trois coalitions et onze partis présentent des candidats.
L'élection des "maires "
A Tbilissi
Le maire de Tbilissi est directement élu par les électeurs, qui procèdent à un double vote, l'un pour les conseillers municipaux, l'autre pour le maire.
La fonction de maire est donc distincte de celle de président du conseil municipal.
Le poids de la capitale est tellement fort au sein du pays (981 505 électeurs soit plus de 27% des inscrits) que l'élu au poste de maire dispose d'un tremplin naturel vers l'élection présidentielle.
Neuf candidats se sont déclarés
Gigi Ugulava (Guigui Ougoulava), 34 ans, Mouvement national (majorité présidentielle) et maire sortant,
Irakli Alasania (Irakli Alassania), 36 ans, Alliance pour la Géorgie, coalition des Républicains, de la Nouvelle Droite, de Notre Géorgie, de la Voie de la Géorgie (ex-ministre des Affaires étrangères Salomé Zourabichvili),
Zviad Dzidziguri (Zviad Dzidzigouri), 45 ans, Conseil national, coalition du Parti conservateur, du Parti du Peuple, du Mouvement pour la Géorgie juste (ex-Premier ministre Zourab Nogaïdeli),
Giorgi Chanturia (Guiorgui Chantouria), Union chrétienne démocrate, coalition du Parti du Peuple chrétien démocrtate et du Parti Par Nous Mêmes,
Gogi Topadzé (Gogui Topadzé), 70 ans, Industrialistes,
Davit Iakobidze (David Iakobidzé), Parti démocratique,
Nika Ivanishvili (Nika Ivanichvili), Démocrates populaires,
Tamaz Vashadze (Tamaz Vachadzé), Solidarité,
Giorgi Lagidze (Guiorgui Laguidzé), Géorgie de l'Avenir.
Le candidat arrivé en tête avec plus de 30% des voix sera élu, sinon un 2ème tour départagera les deux candidats arrivés en tête au 1er tour.
En dehors de Tbilissi
Les maires des 4 autres villes importantes, Batoumi, Koutaïssi, Poti et Roustavi, sont élus par les conseils municipaux.
Pour les autres cas, "un chef de district", Gamgebeli, est nommé après approbation des conseils municipaux concernés.
Le contexte
Incontestablement, la perspective de l'élection présidentielle de 2013 pèse sur ces élections locales.
Mikheïl Saakachvili ne pourra pas briguer de 3ème mandat, la Constitution lui interdit. Néanmoins une Commission s'attache à la réformer : elle propose de donner plus de pouvoirs au Premier ministre et de laisser au Président un rôle d'arbitre entre le législatif et l'exécutif . Un ancien Président devenu Premier ministre afin de garder le pouvoir cela s'est déjà vu, pas très loin de Tbilissi. Il est beaucoup trop tôt pour savoir si cette hypothèse relève du fantasme ou de la probabilté.
Gigi Ugulava se verrait bien présidentiable, avec l'appui de la majorité sortante. Depuis quelques années, il effectue le parcours nécessaire à la mairie de la capitale. Depuis quelques mois, il a engagé une campagne habile et efficace. Son risque ? Ne pas être élu au premier tour, et affronter un candidat fédérateur de l'opposition.
Irakli Alassania souhaiterait être celui-là, crédible lorsqu'il représentait la Géorgie aux Nations Unies, crédible lorsqu'il démissionnait en désaccord avec Mikheil Saakachvili sur l'analyse à postériori de la guerre d'août 2008, crédible lorsqu'il constituait autour de lui une coalition de 4 partis. Son risque ? Cela suffit-il ? Un premier poids lourd de l'opposition, Nino Bourdjanadzé, ex-Présidente du Parlement, appelle au boycott. Un second, Zourab Nogaïdéli, pousse un autre candidat. Tous deux n'hésitent pas à se déplacer à Moscou et à nouer des contacts au plus haut niveau. Irakli Alassania s'y refuse pour l'instant.
L'enjeu plus fondamental est la question de la progression de la Géorgie vers l'Etat de droit. La démonstration de la neutralité des médias et de la régularité du processus électoral convaint difficilement, même si la Géorgie se situe certainement en avance par rapport aux autres Etats postsoviétiques (à l'exception des pays baltes).
Quel que soit le candidat gagnant, la Géorgie serait gagnante si les observateurs internationaux, OSCE en particulier, étaient privés des contorsions nécessaires à l'identification de facteurs de progrès.
Si la classe dirigeante géorgienne veut réellement engager son pays sur une trajectoire européenne, -et les conditions sont plus que jamais réunies avec les feux verts récemment donnés par Bruxelles à la facilitation des visas et aux négociations pour créer une zone économique commune à horizon deux ou trois ans-, elle doit assumer le risque d'un processus électoral loyal.
Dans le cas contraire, la population géorgienne, malmenée par les conséquences de la guerre d'août 2008 et celles de la crise financière mondiale, demanderait des comptes à ceux qui ne lui auraitent pas versé les seuls dividendes encore disponibles de la Révolution des Roses, le progrès démocratique.
Nicolas Sarkozy et Mikheil Saakachvili s'en entretiendront de vive voix, à Paris, quelques heures après l'annonce du résultat des élections.
Voir aussi Géorgie : les partis politiques (de 1991 à 2009)
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