Russie : course au profit, corruption et obsolescence technique dans les transports (2011)
vendredi 7 octobre 2011, par Nicolas Lévilidane
Ancienneté de construction, corruption des agences attribuant les autorisations de transport, opacité des relations entre compagnies exploitantes et véritables propriétaires, objectif de profitabilité maximum, telles sont les caractéristiques des moyens de transport russes privatisés dans les années 1990 et devenus des vaches à lait pour quelques privilégiés résidant souvent à l'étranger.
Le transport aérien
Les incidents sur les lignes aériennes intérieures se multiplient. Les avions de fabrication ancienne (30 ans, voire 40 ans) ne sont pas remplacés faute de volonté de réinvestissement (et parfois aussi à cause de la perte de savoir faire de l'industrie aéronautique russe). Les opérations de maintenance technique sont différées faute de contrôle par l'administration. Les autorisations de vol sont renouvelées sans examen approfondi. Le dernier incident en date, le 11 juillet 2011, a conduit à la mort 7 personnes en Sibérie : un vénérable Antonov 24 de l'ère soviétique a été contraint à un atterissage forcé sur le lit d'un fleuve.
Le transport fluvial
Particulièrement prisé par les Russes, avides de croisières touristiques sur leurs nombreux fleuves et des festivités qui les accompagnent, le transport fluvial n'est pas épargné. Le dernier incident en date, le 10 juillet 2011, sur la Volga, a conduit à la mort au moins 116 personnes. Le nombre réel est incertain, plus de 200 passagers auraient embarqué sur le navire Bulgaria sensé en accueillir 140. Construit en 1955, ce navire aurait du rejoindre à la casse ses congénères depuis longtemps.
Le responsable de l'agence attribuant les autorisations de naviguer a été arrêté. Le propriétaire du bateau, un citoyen russe résidant à l'étranger, est introuvable. Le directeur de la compagnie d'explotation a été arrêté (surcharge, absence d'assurance). Selon les témoins, le Bulgaria a sombré en moins de 5 minutes.
Le profit, maître mot et maître des maux
Le président Dmitri Medvedev a du décréter une journé de deuil national et rappeler à la stricte application des règles de sécurité existantes.
La plupart des observateurs indépendants du pouvoir estiment ces règles inapplicables. Elles conduiraient à la réforme d'un trop grand nombre de moyens de transport et entraveraient la vie économique du pays. Ils estiment aussi que l'administration russe est un obstacle majeur à toute évolution. Les hommes d'affaires à la recherche du profit maximum et proches du pouvoir, ont pris l'habitude d'en corrompre tous les échelons et d'obtenir facilement des passe-droits.
Les propos du "réformiste saint petersbourgeois" Dmitri Medvedev ont peu d'impact réel sur les pratiques quotidiennes. Tout au plus lui permettent-ils de "prendre une posture" et d'exister un peu à côté d'un Premier ministre porté par "les hommes à épaulettes" et "la verticale du pouvoir", Vladimir Poutine.
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