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Ukraine : hryvnia, "Fluctuat nec mergitur ?" (novembre 2012)


vendredi 14 décembre 2012, par Emmanuel de Bettignies

 

E-Review Ukrainian Business Press : éditorial novembre 2012


Les élections législatives passées, le gouvernement doit faire face au problème de la monnaie nationale. Par démagogie, le gouvernement a pendant plusieurs mois maintenu artificiellement la parité hryvnia - dollar stable et ce, au prix d'une dégradation rapide de la réserve de devises du pays.

On peut déjà s'interroger sur l'intérêt politique de ce trompe-l'œil monétaire. Cette dissimulation coûteuse n'a trompé personne, puisque les experts, les journaux ont tous dénoncé ce simulacre de stabilité monétaire. D'ailleurs, parmi les ukrainiens, nombreux sont ceux qui ont déjà converti leur épargne en devises étrangères.

Mais, dans un pays qui a connu des dévaluations brutales de sa monnaie, laissant un traumatisme profond dans la mémoire collective, une dévaluation naturelle de la monnaie aurait laissé peu de chances au parti au pouvoir d'être réélu, là où l'illusion de la stabilité économique, même dénoncée par tous comme telle, aura suffit à jouer son rôle psychologique le temps d'une élection.

Mais le temps des faux-semblants est maintenant révolu et le gouvernement n'a plus d'autre choix que de faire face publiquement à la réalité : les réserves en devises de la Banque centrale d'Ukraine sont au plus bas et le déficit du Trésor se creuse.

Á force d'attendre, la situation est devenue tellement critique que l'on est arrivé à ce paradoxe : le gouvernement qui a sacrifié l'état de ses finances pour conserver le pouvoir est aujourd'hui contraint de laisser ce même pouvoir entre les mains des financeurs internationaux pour sauver ces mêmes finances publiques !

En effet, soit l'Ukraine est en mesure d'avoir un budget excédentaire en 2013, au prix d'efforts qui risqueraient de tuer dans l'œuf son économie, soit l'Ukraine finance son développement en empruntant. Dans ce second cas, qui est de loin le plus vraisemblable, l'accès aux marchés financiers internationaux à bons taux est largement conditionné par l'avis du FMI.

Or le FMI est une institution strictement économique, faisant fi des velléités démagogiques des partis politiques. Les conditions d'une reprise du programme du FMI en Ukraine sont claires : alignement des tarifs du gaz aux particuliers sur son coût réel, libéralisation du cours de la hryvnia. Ainsi, d'une part, le stock de devises de la Banque centrale ukrainienne ne permet plus de continuer cette politique monétaire onéreuse, d'autre part cette politique est condamnée par les grands pourvoyeurs de fonds internationaux. Reste à savoir : comment la Banque centrale ukrainienne va-t-elle libéraliser le cours de la hryvnia ?

Faute de fonds, la BCU n'a dans les faits plus qu'un pouvoir administratif. Ainsi, elle prévoit un certain nombre de mesures coercitives visant à rapatrier les devises en provenance des exportations le plus vite possible et à obliger la conversion partielle de ces devises en hryvnia. La véritable politique monétaire est dans les mains du FMI qui devra trancher entre une libéralisation totale de la hryvnia, comme ce fut le cas en Biélorussie ou une libéralisation graduelle comme c'est le cas en Russie. Le jeu du gouvernement sera de négocier auprès du FMI cette seconde option afin de trouver un compromis permettant de favoriser le commerce extérieur et le nivellement de la balance des paiements sans pour autant grever trop lourdement la dette extérieure et la consommation intérieure.

Il faut donc espérer qu'il n'est pas trop tard, et que la hryvnia saura fluctuer sans sombrer. Si c'est le cas, la hryvnia se dévaluera, et bien que le mot fasse peur dans la société ukrainienne, cette dévaluation saurait être bénéfique pour l'économie ukrainienne et ses exportations tandis que ce qui devrait s'apparenter à une gouvernance sous tutelle du FMI serait l'occasion de mener des réformes peut-être impopulaires mais nécessaires pour l'avenir économique du pays.

 

Pour en savoir plus


Consultez la revue de presse de novembre 2012 d'Odaessa-Consulting qui comporte

-  en page 4 : "Vers la flexibilité du taux de change"

-  en page 6 : "La Hryvnia promise à une libre fluctuation"

-  en page 7 : "Budget à réviser"

-  en page 8 : "Départ en nage libre pour la Hrynia"

-  en page 9 : "Du temps et de l'argent …"

-  en page 10 : la rubrique ECONOMIE

-  en page 15 : la rubrique TENDANCES.

Voir http://www.odaess-consulting.com/me....

 

Notes


(1) Emmanuel de Bettignies est responsable d'Odaessa-Consulting. Téléphone : + 38 06 38 54 69 36. Adresse : Vulitsa Malaya Arnautskaya, Bud 88, Kv 10, 65 007 Odessa, UKRAINA.

Voir : http://www.odaess-consulting.com/.

(2) "Fluctuat nec mergitur" est la devise de la ville de Paris qui signifie "Il flotte mais ne sombre pas".

 

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