Géorgie : arrestation de personnalités proches du président Saakachvili (19 décembre 2012)
vendredi 21 décembre 2012
Le 19 décembre 2012, plusieurs arrestations ont eu lieu à Tbilissi, dont des personnalités proches du président Saakachvili,
deux anciens ministres, Nika Gvaramia (actuellement directeur de la chaine de télévision "Rustavi-2", favorable au président) et Alexandre Khetagouri,
le directeur de la filiale géorgienne "Telasi" d'une entreprise russe de production et de distribution électrique "Inter RAO", Devi Kandelaki,
le directeur d'une autre filiale de "Inter RAO", propriétaire de trois centrales électriques, Kakhaber Damenia (vice-ministre de l'Economie de 2005 à 2008, partenaire d'un cabinet de consulting "GDC Solutions"), ainsi que l'un de ses partenaires, Bela Gutidze,
le fondateur d'une entreprise présumée fantôme, "Elendef Service", Giorgi Nemsitsveridze.
Suite à une investigation du ministère des Finances (1), le parquet géorgien, dans le cadre de ses préogatives au sein du ministère de la Justice (2), a retenu comme chefs d'accusation
acceptation de pots-de-vins,
falsification de documents
et mise en place de filière de corruption.
Notes :
(1) Le ministère des Finances, dirigé par Nodar Khaduri, a publié un communiqué selon lequel :
"Afin d'échapper au paiement d'impôt, avec l'accord d'Alexandre Khetagouri -alors ministre de l'Energie-, un million de dollars aurait été transféré de "Telasi" à "Elendef Service" par l'intermédiaire de Kakhaber Damenia, au profit de Nika Gvaramia".
(2) Tea Tsulukiani, ministre de la Justice dans le gouvernement de Bidzina Ivanishvili, est issue du parti "Notre Géorgie / Démocrates libres" dirigé par Irakli Alasania. Elle a 37 ans, est ancienne juriste à la Cour européenne des Droits de l'homme de Strasbourg et a été formée à l'ENA à Paris.
Analyse du COLISEE :
La cohabitation engagée en octobre 2012 entre Mikheïl Saakachvili et Bidzina Ivanishvili ne semble pas des plus "tendres", comme l'avaient d'ailleurs été la pré-campagne et la campagne électorale législatives (contrôles fiscaux, amendes, confiscations d'avoirs, perte de nationalité, ...). Il est difficile de ne pas voir dans ces arrestations, comme dans les interpellations du 1er et du 7 décembre de l'ancien Premier ministre -Vano Mérabishvili-, une réponse du berger à la bergère.
Il est vraisemblable aussi que le nouveau gouvernement cherche à illustrer l'existence de filières de "grande" corruption (évasion fiscale en particulier) -alimentant peut-être les caisses de partis politiques-, la "petite" corruption ayant été éradiquée en Géorgie depuis plusieurs années (fonctionnaires, police).
Le risque, est que d'ici octobre 2013, date des élections présidentielles, les deux camps figent leurs positions et que la Géorgie ne soit pas dirigée. Pour preuve, cinq "grands" ambassadeurs sont en disponibilté, un train de nominations se prépare depuis trois mois. Proposées par le président Saakachvili, mais devant faire l'objet d'un vote au Parlement (acquis à Ivanishvili) : elles attendent. Selon les augures, les négociations sont en cours.
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