Biélorussie : coup de force contre des défenseurs des droits de l'homme (novembre 2012)
PAR IWONA OSTAPKOWICZ
vendredi 7 décembre 2012
La police biélorusse a fermé le 26 novembre le Centre de défense des droits de l'homme Viasna à Minsk. Taciana Reviaka, responsable du Centre, explique que, malgré le coup porté contre cette ONG indépendante, les militants continuent d'apporter de l'aide aux victimes du régime de Loukachenko.
La fermeture de Viasna intervient au moment où son directeur, Ales Bialiatski, qui est aussi vice-président de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), est derrière les barreaux, condamné en 2011 à 4,5 années de prison. S'il a pu être jugé pour "fraude fiscale", c'est parce que la Pologne et la Lituanie avaient fourni à l'administration biélorusse des informations sur les comptes bancaires de l'organisation à l'étranger.
Taciana Reviaka, membre dirigeante de l'ONG indépendantte Centre Viasna (le printemps), explique que les militants continuent à apporter de l'aide aux victimes des répressions du régime du président Alexandre Loukachenko.
"Le Centre a été fondé en 1996, au moment de premières arrestations et condamnations d'opposants à Loukachenko", précise Taciana Reviaka.
"Un groupe de gens a alors décidé d'aider les victimes de répressions, et de recueillir des informations à leur sujet. A l'époque, Ales Bialatski était directeur du musée de littérature à Minsk, et je travaillais avec lui. Nos premières activités de défense des droits de l'homme ont eu lieu au sein du musée. En 1998, le ministère de la Culture nous a dit de choisir entre notre poste et nos activités militantes. Bialiatski a démissionné, et je l'ai suivie quelques mois plus tard", explique Mme Reviaka.
Depuis ce temps, ils aident les victimes de répressions. Il ne faut pas oublier que l'Etat reste le principal employeur en Biélorussie.
Le Centre a secouru des milliers de personnes
"Après le refus de la Cour suprême de nous accorder un statut légal en 2003, Ales Bialiatski a ouvert des comptes bancaires en Pologne et en Lituanie, pour pouvoir collecter des fonds pour son organisation", explique Taciana Reviaka.
Selon elle, La Lituanie et la Pologne ont commis une "imprudence" en fournissant aux autorités biélorusses des informations sur les mouvements sur les comptes bancaires de Viasna à l'étranger.
"Ales Bialiatski a été accusé d'avoir caché ses revenus, comme si l'argent de l'organisation lui appartenait, malgré la documentation montrant comment cet argent avait été dépensé", poursuit Mme Reviaka.
En presque dix-sept ans, le Centre a secouru des milliers de personnes. "Des gens poursuivis pour de motifs politiques, mais aussi de simples citoyens dont les droits étaient bafoués", explique-t-elle.
Comment Viasna va-t-elle pouvoir continuer ses activités après la saisie de son local ? "Nous n'avons rien perdu, parce que, officiellement, nous n'avions rien", répond Mme Reviaka, rappelant que le Centre que Viasna est une organisation illégale en Biélorussie.
Aujourd'hui, le Centre publie sa "hot line" sur les réseaux sociaux, et il y a toujours quelqu'un pour répondre aux gens qui cherchent de l'aide. "Nous continuons parce que nous n'avons pas d'autres choix", sourit Taciana Reviaka.
"Non seulement nous sommes optimistes quant à l'avenir de notre pays et de notre organisation, mais nous attendons avec l'impatience la libération d'Ales et d'autres prisonniers politiques. Notre but à court terme est qu'il n'y ait plus de prisonniers politiques en Biélorussie."
Source : Courrier international du 30 novembre 2012 :
http://www.courrierinternational.co....
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