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Géorgie : élections présidentielles du 5 janvier 2008
http://www.colisee.org/article.php?id_article=2471jeudi 3 janvier 2008, par Mirian Méloua A la suite des manifestations de masse qui se sont déroulées début novembre 2007 (1), le président Saakachvili a instauré l'état d'urgence et suspendu l'émission des chaînes de télévision privées (2). Initialement ces manifestations avaient été suscitées par une dizaine de partis de l'opposition extraparlementaire, ils demandaient l'anticipation des élections législatives. Les préoccupations économiques de la population géorgienne ont vite repris le dessus. Le président Saakachvili a donc décidé Conformément à la Constitution géorgienne, il démissionne de la Présidence de la République le 25 novembre afin de pouvoir se porter candidat. Pour la deuxième fois, Nino Bourjanadzé (5), présidente du Parlement, est devenue présidente de la République par interim : elle avait déjà occupé cette responsabilité en 2003, après la Révolution des Roses et le départ d'Edouard Chévardnadzé, avant l'élection du nouveau président Mikheïl Saakachvili. Les candidatures enregistrées sont les suivantes :
Badri Patarkatsichvili (8), oligarque russe et milliardaire géorgien, recherché par la justice russe, vivant le plus souvent en Israël et en Grande-Bretagne, est la septième candidature enregistrée. Le 27 décembre, il annonce son retrait suite à la tentative de corruption d'un responsable du ministère de l'Intérieur, Irakli Kodoua, enregistrée et rendue publique (9). Le 3 janvier, il revient sur cette décision et maintient sa candidature, entraînant la démission de son directeur de campagne Giorgui Jvania, frère de l'ancien Premier ministre. D'autres candidatures ont été refusées par la Commission Centrale des Elections, les 50 000 signatures nécessaires n'étant pas valides, Guiorgui Chévarchidzé et Avtandil Margiani (anciens de l'ère Chévardnadzé) ou des indépendants comme Kartlos Garibachvili, Artchil Ioséliani, Lévan Kidzinidzé et Chalva Kouprachvili. Eléments d'analyse Mikheil Saakachvili reste le candidat le mieux placé, pourtant il convient de tenir compte de l'exaspération de la population géorgienne sur le plan économique et sur le plan de la liberté d'opinion. Si les indicateurs globaux de l'économie géorgienne s'améliorent année après année depuis la Révolution des Roses, les situations individuelles ne semblent pas suivre le même chemin. Les 12 à 13% de croissance s'accompagnent d'une inflation dépassant 11% selon le Fonds Monétaire International, plus de 2 millions de Géorgiens (pratiquement 50% de la population) ont recours aux aides sociales, l'émigration économique vers l'étranger continue, le budget de la défense nationale atteint 27,50% du budget national. Si la chaîne de télévision privée Rustavi 2 avait "accompagné" la Révolution des Roses, la chaîne Imedi n'a pu "accompagner" la révolution de novembre 2007 : elle a été fermée en novembre par les autorités. Les Géorgiens ont toujours été attentifs à la liberté d'opinion, y compris durant l'ère soviétique : les intimidations de journalistes et les fermetures de chaînes de télévision privée ont desservi l'image de Mikheïl Saakachvili. Ce faux pas, le plus grave en quatre années, pèsera lourd. Badri Patarkatsichvili a travaillé avec et contre Edouard Chévardnadzé, avec et contre Mikheïl Saakachvili. Sa fortune et sa réussite font rêver les Géorgiens : auraient- ils été prêts à confier les clés de leur pays à un homme d'affaires ayant de tels antécédents ? C'est moins sûr. Son retrait et le parfum de scandale qui l'a entouré, son retour inattendu dans les élections à 48 heures du scrutin ne militent pas en sa faveur. Lévan Gatchétchiladzé propose de vider la fonction présidentielle de son autoritarisme, et de son autorité. L'établissement d'un régime parlementaire en Géorgie serait un nouveau changement et certainement une source de division entre les neufs partis concernés : ils penchent parfois pour une république parlementaire, parfois pour une monarchie constitutionnelle. L'homme est honnête et respectable, son "ticket" avec Salomé Zourabichvili donne une visibilité internationale à la démarche. Il n'est pas certain que la population géorgienne comprenne et suive. Chalva Natélachvili mérite un siège au Parlement, David Gamkrélidzé le possède déjà. Ils représentent des intérêts, et des catégories d'électeurs, opposants et opposés. Une victoire par défaut de Mikheïl Saakachvili semble aujourd'hui la plus probable, même si les sondages prévoient un 2ème tour (10). Notes
* BCG Research pour 13 000 sondés dans toute la Géorgie : 36,7% pour Saakachvili, 9,7% pour Gatchétchiladzé, 4,7% pour Patarkatsichvili, 3% pour Gamkrélidzé, 2,5% pour Natélachvili, moins de 1% pour Maisachvili et Sarichvili, avec 29,5% d'indécis, *ACT Research pour 1500 sondés : 41% pour Saakachvili, 11,1% pour Gatchétchiladzé, 6,5% pour Patarkatsichvili, 3,5% pour Natélachvili, 2,1% pour Gamkrélidzé, moins de 1% pour Maisachvili et Sarichvili, avec 20,6% d'indécis. [ Accueil ] [ Retour à l'article ] [ Haut ] |
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