Un Italien à la tête de la Banque centrale européenne (novembre 2011)
mardi 12 juillet 2011, par Pierre Appruzzel
Arrivé en fin de mandat, le Français Jean-Claude Trichet quittera la présidence de la BCE en novembre 2011 (1). La défaillance du candidat allemand qui devait lui succéder a conduit l'Allemagne à changer son fusil d'épaule et à accepter celle d'un Italien.
L'homme
Mario Draghi est âgé de 63 ans. De 1991 à 2001, il est directeur du Trésor italien : à partir d'une situation calamiteuse (déficit budgétaire à hauteur de 11% du produit intérieur brut, inflation de l'ordre de 5%), il assainit les finances en vue de l'intégration de l'Italie à la zone euro. De 2002 à 2005, il assure la vice-présidence de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, expérience à double tranchant : aujourd'hui, les uns y voient l'acquisition d'une expertise des banques et des marchés utile dans ses futures fonctions, les autres s'inquiètent d'une trop grande proximité avec le secteur financier et du risque de conflit d'intérêt. A partir de 2006, il anime une instance de G20, le Conseil de stabilité financière (FSB) chargé de coordonner les questions de régulation.
Les nouvelles responsabilités
A compter de novembre 2011, il présidera non seulement la Banque centrale européenne à Francfort, mais également le tout nouveau Conseil européen du risque systémique (CERS) chargé de surveiller le système financier européen : aux missions traditionnelles des banquiers centraux, le credo anti-inflationniste, s'ajouteront celles des analystes de marché, anticiper la formation des bulles financières comme la bulle des subprimes aux Etats-Unis en 2008.
Le cas singulier de l'Italie
Cette nomination intervient en pleine turbulence financière pour l'Italie. Après avoir fait valider un nouveau plan d'austérité de 43 milliards d'euros afin de permettre au budget italien de revenir à l'équilibre en 2014, le ministre de l'économie Giulio Tremonti risque d'être invité à démissionner pour raison personnelle. Son successeur n'aura peut-être pas l'autorité suffisante pour résister aux pressions de la majorité politique actuelle qui juge la potion particulièrement amère, à 18 mois des élections législatives.
Il serait paradoxal que la première priorité pour l'Italien Mario Draghi soit de se pencher sur le cas de l'Italie, pays que les Agences de notation (Standard and Poor's, Moody's) menacent de déclasser, rendant plus difficiles les emprunts de l'Etat italien sur les marchés et augmentant le risque d'un non-remboursement de la dette existante.
Note :
(1) Le départ du Français Jean-Claude Trichet de la présidence de la BCE, après celui du Français Dominique Straus-Kahn de la direction générale du Fonds monétaire international (FMI), prive la zone euro de deux acteurs qui avaient oeuvré en grande proximité avec le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe. Ils avaient défendu l'euro après la crise financière mondiale déclenchée par la mise en faillite de la banque américaine Lehman Brothers et conçu les mécanismes destinés à sauver de la faillite les Etats irlandais, grecs et portugais.
[ Imprimer cet article ] [ Haut ]
|