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Filip Vujanovic, président du Monténégro : Bruxelles se rend compte que l'Union de Serbie-et-Monténégro ne peut pas survivre (2004)


lundi 20 septembre 2004

L'Union européenne est en train d'accepter peu à peu l'idée que la Serbie et le Monténégro gagneraient à être indépendants. Le vibrant plaidoyer du Président de la République du Monténégro en faveur de deux États : « amis, alliés, mais indépendants ».

"Après plus de deux ans et demi d'existence ou, plutôt, de mauvais fonctionnement d'une Union coûteuse et inefficace, et après nous avoir entendu affirmer de façon permanente que nous nous causerions du tort à vouloir harmoniser notre système douanier et les relations commerciales internationales, l'Europe accepte enfin cette réalité.

De façon précise, Bruxelles a finalement accepté que les différences entre les économies serbes et monténégrines sont le résultat objectif de nos structures économiques différentes, de nos ressources ainsi que du rythme différent de nos réformes. Étant données ces différences, il est clair que les deux économies pâtiraient si les deux économies étaient artificiellement, et de force, harmonisées.

L'approche nouvelle de la double voie est l'occasion d'accélérer le processus selon lequel chaque république peut négocier séparément un Accord de Stabilisation et d'association avec Bruxelles.

Chaque république assumera sa responsabilité quant à la qualité et aux résultats de la négociation, même si le processus se conduit formellement dans le cadre de l'union d'États.

Nous voulons tous avancer sur la route de notre avenir commun, c'est-à-dire l'intégration dans l'UE. Et, dans ce processus, la Serbie comme le Monténégro gagneraient le plus à conserver de bonnes relations, dans le cadre d'une union d'États vraiment indépendants.

Construction européenne et intégration régionale

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE semblent accepter cette réalité ce qui confirme mon point de vue que la transformation d'une union d'États en deux États indépendants représente la meilleure des solutions.

Les modèles précédents de relations bilatérales entre la Serbie et le Monténégro, tout d'abord comme États indépendants, puis comme membres de l'État fédéral yougoslave, et maintenant comme une union de deux États, suggèrent que les relations étaient plus honnêtes et plus resserrées quand les deux pays étaient indépendants.

Le modèle slovaque et tchèque est un excellent exemple d'un accord amical et à la fois rationnel, qui résulte dans la mise sur pieds de deux pays, indépendants et prospères, là où il n'y avait qu'un seul État. Les deux pays font maintenant partie de l'UE. La dissolution de l'ancienne Union Soviétique est un autre modèle utile.

Après la dissolution de l'État commun de la Serbie et du Monténégro, la République Fédérale de Yougoslavie qui, à l'époque de Milosevic, présentait beaucoup de dangers, l'accord de Belgrade était une tentative pour établir de nouvelles relations dans le cadre d'une union de deux États membres. Ce modèle n'avait jamais été envisagé dans le passé, ni en théorie, ni en pratique.

L'accord de Belgrade accordait pleine souveraineté à ses membres dans les domaines économiques et juridiques ainsi que sur celui de la sécurité intérieure.

L'accord accordait à l'État certains pouvoirs de sécurité extérieure et en diplomatie, incluant un modèle unique de représentation paritaire tournante au niveau de la communauté internationale.

Mais, même si l'accord de Belgrade et les nouvelles relations entre les deux États faisaient disparaître de nombreuses faiblesses du premier État commun, comme l'hégémonie de la plus forte entité et le chantage de la plus petite, d'autres problèmes demeuraient, comme le disfonctionnement, l'inefficacité et les coûts élevés de l'institution.

Le Monténégro se considère comme l'otage de l'Union d'États, même si l'harmonisation à tout prix, indépendamment de sa raison économique, n'est plus invoquée.

Beaucoup d'autres points de contentieux demeurent, y compris l'attitude de la Serbie sur le Tribunal des crimes de guerre de La Haye et ses accusations contre des États de l'OTAN.

Voilà pourquoi conserver l'union d'États à tout prix fera encore perdre plus de temps, d'énergie et d'argent, pour aboutir à un niveau de vie plus faible et créer de nouveaux problèmes à la communauté internationale.

Le Monténégro veut être maître de son destin

Nous, au Monténégro, nous voulons seulement être maîtres de notre destin, être pleinement responsables de nous- mêmes, afin de contribuer de la meilleure façon à la stabilité de la région et à l'union de l'Europe. Continuer à avoir de bonnes relations avec la Serbie est une question de bon sens et d'intérêt mutuel. Il faut aussi que ces rapports soient clarifiés. On pourrait facilement maintenir leur rapprochement, tout en consolidant les intérêts mutuels avec des frontières ouvertes, le passage libre des gens, des biens et des capitaux, cela avec des droits égaux réciproques et garantis pour tous.

La direction du Monténégro et ses citoyens veulent maintenir la stabilité et le bon voisinage dans les Balkans avec, comme objectif ultime, le développement économique.

Voilà pourquoi nous saluons la décision de Maastricht comme une possibilité de débloquer et d'accélérer le Processus de Stabilisation et d'Association, et de sortir du piège où sont enfermés et le Monténégro et la Serbie, ce qui les empêche d'assumer leur pleine responsabilité pour se réformer et se développer.

En bref, l'UE a été raisonnable. C'est à nous maintenant - les dirigeants serbes et monténégrines - de lancer les discussions, de calculer le coût de l'union d'États et de déterminer les effets négatifs de son disfonctionnement.

Il serait irresponsable de vouloir maintenir une union qui ne rapporte aucun des bénéfices attendus aux États membres, et qui n'est que source de dépenses non justifiées. Deux états indépendants mais alliés : telle est la meilleure solution pour l'avenir.

Il est cependant évident que la dissolution de l'union ne peut se faire qu'avec l'accord des États membres, par référendum. C'est aux citoyens qu'appartient la décision finale. Si la Serbie insiste pour maintenir l'union, un référendum aura le dernier mot.

Dans ce cas, on perdra du temps alors que chacun aura à supporter les conséquences négatives de l'union des états. Ce qui ne m'empêche pas de penser que des points de vue pragmatiques et des objectifs pragmatiques puissent l'emporter en Serbie et dans sa façon de penser.

Quant à la communauté internationale, elle est forcée, par sa tradition démocratique, d'accepter tout accord entre le Monténégro et la Serbie, dans la mesure où il n'y a pas de meilleure façon de résoudre les problèmes que par le consentement mutuel."

Texte publié par IWPR en date du 17 septembre 2004, traduction de Pierre Dérens mise en ligne le 19 septembre sur le site de Courrier des Balkans : http://www.balkans.eu.org/article45...



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