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Géorgie : premier bilan du nouveau pouvoir, à l'aune de la liberté d'expression (mars 2005)


MIKHEÏL SAAKACHVILI ACCUSÉ D'AUTORITARISME
jeudi 10 mars 2005, par Mirian Méloua

Le classement 2004 de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la presse dans 167 pays du monde situe la Russie au 140ème rang, l'Ukraine au 138ème, l'Azerbaïdjan au 136ème, la Géorgie au 94ème, l'Arménie au 83ème et la France au 19ème.

La régression de la Géorgie, 73ème en 2003, est attribuée aux violations constatées depuis la Révolution des Roses. L'autoritarisme de Mikheïl Saakachvili en serait la cause. Elle vient après le refus du président géorgien de baisser le seuil de représentation des partis politiques au Parlement, après la dénonciation des relents soviétiques du système pénitencier géorgien et celle de la mise en péril de l'écologie par l'oléoduc Bakou - Tbilissi - Ceyhan, après les observations du Conseil de l'Europe, après la médiatisation des mutineries de soldats et d'une altercation avec la présidente du Parlement.

Les médias russes accusent Mikheïl Saakachvili de cruauté et le comparent à Staline (RIA Novosti, 11 février 2005). La démesure empêche la mesure. Faut-il rappeler que les défis relevés par Mikheïl Saakachvili, l'évacuation des bases militaires russes de Géorgie, le retour de 250 000 Géorgiens expulsés d'Abkhazie, celui de l'Ossétie du Sud à un état de droit, la cohabitation des Géorgiens (70 %) et des minorités (30 %) sur le sol géorgien, la pacification de la frontière russo- géorgienne, l'indépendance énergétique et la construction d'une démocratie à valeurs occidentales, gênent passablement la Russie ? Faut-il rappeler que depuis deux siècles, blanche, rouge ou noire, la Russie n'a jamais accepté la constitution d'une Géorgie indépendante : les archives et les témoignages le confirment. Elle n'a pas plus accepté que le Caucase Nord puisse respirer : les hypothèses concernant la mort d'Aslan Maskhadov le 7 mars 2005 abondent en ce sens.

En attendant l'avènement d'une Russie véritablement démocratique, la Géorgie se dote peut-être - avec l'appui des Etats-Unis et de l'OTAN - des moyens de résistance à l'hégémonie de son grand voisin du Nord.

Reste qu'il eut été préférable d'abaisser le seuil de représentativité au Parlement : le jeu des divisions a conduit depuis à la constitution d'une opposition de quelques députés. Reste que l'évacuation des bases militaires russes ne s'effectue pas, du fait de la Russie : 11 années et 500 millions de dollars seraient nécessaires. Reste que la république autoproclamée d'Abkhazie a interrompu les négociations depuis des mois : elle ne compterait plus que 62.000 Abkhazes. Reste que le tunnel de Roki échappe à tout contrôle, entre Ossétie du Nord russe et Ossétie du Sud géorgienne. Reste que les observateurs de l'OSCE ont quitté la frontière russo-géorgienne à l'Est, du fait de la Russie. Mais reste aussi que les relents de l'époque soviétique subsistent toujours dans les administrations géorgiennes. Reste aussi que la tentation est forte d'oublier l'écologie. Reste aussi que la presse embarrasse le pouvoir.

Les démocratie occidentales, pas plus que la Russie, n'ont de leçon à donner aux pouvoirs publics géorgiens. Le traitement de l'information, en France durant la guerre d'Algérie, et aux Etats-Unis durant celles du Vietnam et d'Irak, est présent dans les esprits. La réalité russe dans le Caucase Nord dépasse l'imagination. La raison d'Etat n'est pas plus admissible en Géorgie qu'en Russie ou dans les démocraties occidentales lorsqu'elle transgresse les valeurs fondamentales. C'est aux Géorgiens, pour les Géorgiens, d'en décider. C'est à la communauté internationale, et aux pays amis de la Géorgie, de calibrer les aides au vu des résultats. Les ONG remplissent leur rôle d'alerte, RSF en particulier.



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