Les artistes géorgiens à Paris au temps des "Années Folles"
mercredi 26 mai 2004, par Mirian Méloua
Au début du XXème siècle, des artistes géorgiens vinrent chercher à Paris les lumières de l'Europe. Petrograd avait perdu sa mission de fenêtre sur l'Occident. La capitale française était le siège du renouveau esthétique.
Les Années Folles, Paris accueille une élite artistique géorgienne
Hommes de lettres
Léo Chenguélaïa (1884-1963), dit Léo Kiatchéli, écrivain recherché par la police politique du tsar après les émeutes de 1905, se réfugie de 1912 à 1917 à Moscou, à Genève et enfin à Paris. Son oeuvre littéraire est marquée par l'influence de Stendhal et d'Anatole France. On lui doit en particulier Mtis katsi (L'homme de la montagne) ; cette nouvelle relate la défense du petit village de Soü, seul village géorgien que les troupes allemandes réussirent à occuper en 1942.
Mikhaïl Djavakhichvili (1880-1937), homme de lettres, s'enfuit de Géorgie en 1907 pour les mêmes raisons et suit des cours à la Sorbonne et à Genève. Il retourne à Tiflis en 1920 et est victime des purges staliniennes en 1937 , il laisse en particulier des traductions de Maupassant.
Paolo Iachvili (1893-1937), poète mystique, fréquente l'Ecole du Louvre à Paris. A son retour en Géorgie en 1915, il participe à la fondation du groupe et de la revue symboliste les olifants bleus, interdits en 1932. Il est lui aussi victime des purges staliniennes.
Peintres
Durant les années vingt, la circulation des artistes n'est pas tout à fait interdite entre la Russie soviétique et l'Occident. A Paris, le quartier Montparnasse est un lieu particulier d'accueil :
"Chaque cour d'immeubles abrite encore un atelier. Chaque nuit cache des joutes esthétiques entre peintres réputés géniaux. Chaque petit matin porte témoignage de dîners frugaux et de bouteilles vidées. L'art universel, mêlant toutes les nationalités se réinvente ; il ne sera jamais trouvé définitivement" (d'après le journal d'un Géorgien anonyme, chauffeur de taxi).
Le peintre Félix Varlamichvili (1903-1986), dit Varlam, s'y installe et restera en exil. Sa peinture est empreinte de la nostalgie de sa terre natale. Il repose dans le carré géorgien du cimetière communal de Leuville-sur-Orge.
Vera Pagava (1907-1988) restera également en France.
Eléné Akhvédiani (1901-1975) réside à Paris de 1924 à 1927 ; elle expose au Salon des Indépendants et au Salon d'Automne. Ses paysages urbains marquent cette période.
David Kakabadzé (1889-1952) réside à Paris de 1920 à 1927 ; il peint en particulier des tableaux de Bretagne.
Lado Goudiachvili (1896-1980) réside à Paris de 1920 à 1926, où il expose en compagnie de David Kakabadzé et de Chalva Kikodzé : la femme, souvent accompagnée d'un animal, est au centre de ses portraits.
L'histoire se renouvelle après la chute du mur de Berlin
Paris accueille à nouveau artistes et apprenti-artistes géorgiens
Si l'orfèvre Goudji Amachoukéli, le cinéaste Othar Iosséliani et le sculpteur Zourab Tsérétéli se firent connaître à Paris avant la chute du mur de Berlin, le rétablissement de la libre circulation des personnes qui s'ensuivit déclenche un vaste mouvement d'artistes géorgiens vers la vieille Europe.
Ils tentent leur chance malgré la dure loi de la concurrence et le foisonnement créatif qu'ils y trouvent, les conditions d'exercice de leur art n'étant plus réunies à Tbilissi.
Conférences, projections cinématographiques, concerts de musique classique et de musique traditionnelle, chants lyriques et traditionnels, expositions de peinture, de sculpture et d'art technologique conduisent à nouveau les jeunes générations géorgiennes à Paris, faisant revivre l'histoire de leurs aînés.
Voir aussi :
Géorgie, France et Géorgie : Hélène Akhvlédiani (1901-1975), peintre
Géorgie et France : Vera Pagava (1907 -1988), peintre
Géorgie et France : Félix Varlamichvili (1903-1986), peintre
Géorgie : le Musée des Beaux-Arts de Tbilissi .
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