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Serbie : bilan politique de l'année 2006 à la veille des élections législatives


samedi 6 janvier 2007

La renaissance de la Serbie en tant qu'État

Après la déclaration officielle de l'indépendance du Monténégro le 3 juin dernier, le Parlement serbe a adopté le 5 juin une déclaration faisant officiellement de la Serbie le successeur de l'ancien État de Serbie et Monténégro. Le 15 juin, l'ancien ministre fédéral des Affaires étrangères, Vuk Draskovic, devenu ministre des Affaires étrangères de Serbie, a reconnu l'indépendance du Monténégro et signé sept jours plus tard avec son homologue monténégrin un protocole d'accord pour l'établissement de relations diplomatiques entre les deux États.

La nouvelle constitution souligne l' « indivisibilité » du pays

La nouvelle Constitution serbe remplace la précédente Loi fondamentale promulguée en 1990 sous le gouvernement de Slobodan Milosevic et définit, pour la première fois depuis 1918, la Serbie comme un pays indépendant, prenant acte du démantèlement de la Yougoslavie achevé le 21 mai dernier avec l'indépendance du Monténégro. Votée à l'unanimité par le Parlement en septembre 2006, elle a été adoptée par 53,04 % des électeurs les 28 et 29 octobre dernier. « C'est un moment historique, le moment où la Serbie démontre clairement qu'elle veut protéger son unité et que le Kosovo est une partie intégrale de la Serbie », avait alors déclaré le Premier ministre Vojislav Kostunica à la télévision. « Les citoyens de Serbie ont décidé de soutenir la Serbie européenne », avait affirmé le Président de la République, Boris Tadic, précisant que « cette Constitution marque une rupture avec l'époque de Slobodan Milosevic. Elle est meilleure que l'ancienne. Ce n'est pas uniquement une Constitution à propos du Kosovo, c'est une Constitution qui définit de la meilleure manière l'Etat serbe. Notre but politique n'est pas seulement la nouvelle Constitution mais aussi les normes européennes pour nos citoyens et finalement l'adhésion à l'Union européenne ».

L'ensemble des formations politiques avait appelé à voter « oui » à la nouvelle Loi fondamentale, mais plusieurs partis d'opposition avaient critiqué l'absence de débat national lors de l'élaboration du texte et avaient par conséquent appelé à boycotter le référendum. Les Serbes du Kosovo ont participé de façon massive au référendum sur la Constitution. Dans certaines villes, notamment à Prizren et à Pec, la participation a atteint 96 %. Les Albanais, qui ne participent plus à aucun scrutin organisé en Serbie depuis 1990, ont boycotté le referendum.

Le statut du Kosovo constitue plus que jamais un enjeu politique majeur

Afin de ne pas interférer avec les élections législatives du 21 janvier prochain, la remise du rapport de l'envoyé spécial des Nations Unies pour le Kosovo, Martti Athisaari, au groupe de contact sur le futur statut de la province (qui réunit l'Allemagne, les Etats-Unis, la France, l'Italie, la Russie et le Royaume-Uni) a été reportée au début de l'année 2007. Les Albanais du Kosovo réclament l'indépendance de la province, alors que les Serbes refusent de renoncer à une terre qu'ils considèrent comme le berceau de leur histoire et ne semblent disposer qu'à accepter une plus ou moins large autonomie.

Le préambule de la nouvelle constitution stipule : « La province du Kosovo est une partie intégrante du territoire de la Serbie, avec une autonomie substantielle dans le cadre de l'État souverain de Serbie et par conséquent toutes les institutions d'Etat ont obligation constitutionnelle de défendre les intérêts de la Serbie au Kosovo ». Le texte prévoit que le Président de la République doit commencer son serment par : « Je jure que je consacrerai toutes mes forces à la préservation de la souveraineté du territoire de la République de Serbie, y compris le Kosovo qui en fait partie ».

Le Premier ministre Vojislav Kostunica (DSS) se prévaut lui-même d'œuvrer en faveur d'un Kosovo serbe par l'adoption de la nouvelle Constitution qui a fait de la province une « partie inaliénable » de la Serbie. « Le Kosovo a toujours été et restera une partie intégrante et inaliénable de la Serbie », a-t-il déclaré.

Relations avec l'Union Européenne

En mai dernier, l'Union européenne a suspendu la négociation sur l'accord de stabilisation de d'association, première étape vers une adhésion, pour faire pression sur les autorités serbes afin que celles-ci coopèrent avec le Tribunal pénal international de La Haye notamment pour l'arrestation des deux anciens chefs politiques et militaires des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, suspectés de génocide sur la population bosniaque durant la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995). « Nous savons que la coopération avec le Tribunal pénal international sera la priorité du nouveau gouvernement démocratique. Tous les auteurs de crimes doivent être arrêtés et cette règle ne peut souffrir aucun compromis », a réaffirmé le Président de la République, Boris Tadic.

« La Serbie est la bienvenue dans l'Union européenne. C'est un pays que nous voulons voir dans l'Union » a déclaré Javier Solana, Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne. « Après les élections législatives, si le nouveau gouvernement montre sa volonté de coopérer avec le Tribunal pénal international, cela deviendra une réalité », a-t-il ajouté. Le 14 décembre dernier, le Président du Conseil italien, Romano Prodi, soutenu par l'Autriche, la Slovénie, la Hongrie et la Grèce, a suggéré, afin d'envoyer un « signal positif » aux forces démocratiques serbes, de ne plus lier la « pleine coopération » avec le Tribunal pénal international à la reprise des négociations avec seulement la mise en œuvre des accords. « La meilleure façon d'aider les forces démocratiques en Serbie est d'être cohérent, autrement dit de maintenir notre condition », a répondu Olli Rehn, commissaire européen à l'Elargissement. « L'Union européenne soutient le Tribunal pénal international, c'est notre ligne » a renchéri le Premier ministre finlandais, Matti Vanhanen, dont le pays occupe jusqu'au 31 décembre prochain la Présidence de l'Union. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont prévu de se réunir le 22 janvier prochain, soit au lendemain des élections législatives serbes, afin de réévaluer la situation politique du pays.

Corinne Deloy/Fondation Robert Schuman



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