Serbie : ré-élection du président "pro-européen" Boris Tadic le 3 février 2008
lundi 4 février 2008
Le 1er tour des élections présidentielles de Serbie avait laissé en piste Tomislav Nikolic, nationaliste du Parti radical serbe (SRS), pro-russe et Boris Tadic, président sortant, du Parti démocrate (DS), pro-européen.
D'après les résultats provisoires, le 2ème tour donne l'avantage à Boris Tadic avec 50,56% des voix. Tomislav Nikolic reconnaît sa défaite avec 47,42%.
La clef de la victoire a appartenu aux électeurs serbes qui se sont déplacés en masse le 3 février (67%).
Plusieurs facteurs auraient pu jouer en défaveur de Boris Tadic :
1) le jeu des désistements : celui de Parti Démocrate Serbe (DSS) n'a pas été clair. Son leader Vojislav Kostunica, Premier ministre, et pourtant allié de Boris Tadic, n'a pas pris position : le nouveau président lui rappellera certainement,
2) l'usure de l'équipe sortante : pour les uns la situation économique n'est pas bonne, pour les autres les réformes n'avancent pas assez rapidement,
3) l'oubli progressif des années difficiles, notamment des années de guerre, sous la tutelle nationaliste de Slobodan Milosevic,
4) l'auto-proclamation planifiée de l'indépendance de la province du Kosovo, berceau historique de la nation serbe et sous contrôle international depuis 1999, à laquelle la très grande majorité des Serbes s'oppose,
5) le jeu de la Russie. Hostile à l'indépendance du Kosovo, elle a besoin de la Serbie pour asseoir sa stratégie énergétique vis-à-vis de l'Union européenne : Gazprom s'est d'ailleurs rendu acquéreur du pétrolier serbe NIS.
A contrario les réflexes "libéralisme, ouverture à l'Occident et candidature future à l'Union européenne" ont joué en faveur du président sortant.
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La victoire, acquise de justesse, illustre une certaine fracture du pays : il n'en sera que plus difficilement gouvernable.
Voir aussi :
Serbie : les élections présidentielles du 20 janvier 2008
Kosovo : l'échec des négociations entre Serbes et Albanais projette au premier plan le rôle que pourrait jouer un éventuel véto russe devant l'ONU (mars 2007)
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