Géorgie : manifestation nationale de l'opposition extra-parlementaire le 9 avril 2009
mercredi 8 avril 2009, par Mirian Méloua
Afin de réclamer le départ du président Mikheïl Saakachvili, treize partis politiques d'opposition (1) ont lancé un appel à une manifestation nationale le 9 avril 2009 :
l'Alliance pour la Liberté, composée du Parti de la Liberté dirigé par Konstantiné Gamsakhourdia (fils d'un ancien président et lui même ancien candidat à l'élection présidentielle), du Parti des Femmes dirigé par Gougouli Magradzé, du Parti Traditionaliste dirigé par Akaki Asatiani et du Parti du Futur dirigé par Guiorgui Maïssachvili (ancien candidat à l'élection présidentielle),
le Parti Conservateur dont l'un des dirigeants est Zviad Dzidzigouri,
le Mouvement démocratique - Géorgie unie dirigé par Nino Bourdjanadzé (ancien présidente de la République par intérim et ancien présidente du Parlement),
la Voie de la Géorgie dirigée par Salomé Zourabichvili (ancienne ministre),
le Parti des Industrialistes dirigé par Gogui Topadzé,
le Mouvement pour la Géorgie unie fondé par Irakli Okrouachvili (ancien ministre, exilé en France),
le Parti du Peuple dirigé par Koba Davitachvili,
l'Alliance pour la Géorgie dirigée par Irakli Alasania (ancien ambassadeur auprès des Nations unies), composée du Parti Républicain dirigé par David Ousoupachvili et du Parti des Nouvelles Droites dirigé par David Gamkrélidzé (ancien candidat à l'élection présidentielle),
le Forum national dirigé par Kakha Chartava,
de personnalités indépendantes comme Lévan Gatchétchiladzé (ancien candidat à l'élection présidentielle) (2).
Historique récent des mouvements d'opposition
En septembre 2007, à la faveur de l'arrestation d'un ancien ministre de la Défense du président Saakachvili, Irakli Oukrouachvili, soupçonné de corruption, des manifestations sont lancées par les partis d'opposition : elles sont aussi motivées par la situation économique des Géorgiens.
Le 8 novembre 2007, devant l'ampleur des mouvements de rue, et "le risque de déstabilisation du pays face à la Russie" selon les autorités, l'état d'urgence est proclamé : des violences policières sont exercées et des atteintes à la liberté de la presse sont constatées (3).
Le 5 janvier 2008, Mikheïl Saakachvili remet son mandat en jeu, par anticipation, et recueille 53% des suffrages exprimés : bien que validés par les observateurs internationaux présents, les résultats sont contestés par les partis d'opposition qui réclament un deuxième tour de scrutin.
Le 21 mai 2008, la tension est la même lors des élections législatives et à l'exception des députés du Parti Chrétien Démocrate, du Parti Par Nous Mêmes et du Parti National Démocrate, les députés de l'opposition élus refusent de siéger et sont considérés comme démissionnaires.
En août 2008, les conditions du déclenchement des conflits géorgianno-sud ossète et russo-géorgien accroissent encore la tension entre les différentes oppositions "extra-parlementaires" et le président Saakachvili, même si la commission d'enquête parlementaire (incluant les députés des trois partis d'opposition restés au Parlement) conclut à la responsabilité de la Russie et à certains manquements dans la chaîne de commandement géorgien.
Depuis, plusieurs diplomates à l'étranger, Irakli Alasania en poste à New-York auprès des Nations unies, Viktor Dolidzé en poste à Vienne auprès de l'OSCE, Alexis Pétriachvili en poste à Achkhabad pour le Turkménistan et l'Afghanistan, ont démissionné et rejoint l'opposition (4).
Analyses :
Pour les uns, la communauté internationale a failli en faisant valider des élections présidentielles et législatives truffées d'irrégularités. La classe dirigeante géorgienne a failli lors d'une guerre russo-géorgienne qui aurait peut-être pu être évitée. La démocratie doit s'exprimer librement et pacifiquement dans la rue, puis dans les urnes. Une alternative politique se constituera. Une nouvelle majorité se dégagera. La communauté internationale devra soutenir la construction d'une société véritablement démocratique en Géorgie, et non soutenir des leaders individuellement (5).
Pour les autres, il n'est temps ni de manifester, ni de voter (6). Après le traumatisme de la guerre russo-géorgienne, il ne serait pas bon pour la Géorgie d'entrer dans une phase d'instabilité, en pleine crise économique mondiale. Il est temps de continuer la reconstruction du pays, amputé de 20% de son territoire. Les armées russes stationnent toujours à quelques dizaines de kilomètres de Tbilissi et de l'oléoduc Bakou / Tbilissi / Ceyhan, et l'unité nationale est plus que jamais nécessaire (7).
Par ailleurs le Conseil de l'Europe, par la voix des rapporteurs à l'Assemblée parlementaire Matyas Eörsi (Hongrie) et Kastriot Islami (Albanie), "appellent toutes les parties à la modération et au calme avant les manifestations" (8).
Notes :
(1) Géorgie : les partis politiques (de 1991 à 2009)
(2) Ne participent pas à l'appel à la manifestation, le Parti Chrétien Démocrate dirigé par Guiorgui Targamadzé, le Parti Par Nous Mêmes dirigé par Dimitri Lortkipanidzé et le Parti National Démocrate dirigé par Gouram Tchakhvadzé (tous de l'opposition parlementaire), le mouvement pour une Géorgie juste dirigé par Zourab Nogaïdéli (ancien Premier ministre) et le Parti Travailliste dirigé par Chalva Natélachvili (ancien candidat à l'élection présidentielle).
(3) Liberté de la presse selon RSF : la Géorgie régresse à la 120éme place mondiale (2008)
(4) Géorgie : historique des titulaires de postes d'ambassadeur (2013)
(5) http://www.nytimes.com/2009/04/04/o...
(6) La Constitution géorgienne limite l'exercice présidentiel à deux mandats : le 2ème -et dernier- mandat de Mikheïl Saakachvili est prévu pour se terminer en 2013.
(7) http://www.civil.ge/eng/article.php...
(8) http://assembly.coe.int/ASP/Press/S...
Voir aussi Association géorgienne en France : communiqué relatif à la manifestation du 9 avril 2009
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