[ Accueil ] [ Retour à l'article ]
Le "carré géorgien" du cimetière communal de Leuville-sur-Orge
http://www.colisee.org/article.php?id_article=1646mardi 27 avril 2010, par Mirian Méloua Le nouveau cimetière communal de Leuville-sur-Orge est inauguré en 1923, quelques mois après l'installation des dirigeants de la Ière République de Géorgie (1) dans ce petit village agricole de Seine-et-Oise. Un "carré géorgien", plus ou moins formel, y prend naissance dans les années cinquante. Le relevé effectué en 2000 par les élèves du lycée Timbaud de Brétigny-sur-Orge, sous l'impulsion du professeur Jean Bret, et les travaux complémentaires de 2004, conduisent à un dénombrement de 500 sépultures "géorgiennes". Après la Seconde Guerre mondiale, le président de l'Association géorgienne en France, Charles Skamkotchaïchvili, entreprend des pourparlers avec la municipalité de Leuville-sur-Orge afin d'agrandir la superficie du "nouveau" cimetière communal et afin d'y accueillir les sépultures d'une population géorgienne émigrée vieillissante : il est lui même propriétaire de terres en proximité. Il décède en 1949. Ses successeurs, Chalva Abdoucheli, Elissé Pataridzé et Lévan Zourabichvili, au nom de l'association et de membres de l'association, feront don de terrains attenant (2) : l'existence d'un "carré géorgien" au sein du cimetière communal sera reconnue par Noël Coste (maire de 1948 à 1953), Yvonne Ollive (1953 à 1956) et Raymond Faure (1956 à 1971). Les officiels de la Ière République de Géorgie Nicolas Cheidzé aurait certainement du être un des premiers officiels géorgiens inhumés à Leuville-sur-Orge où il s'était suicidé en 1926 : en fait il le fut au cimetière du Père Lachaise, Noé Ramichvili, assassiné en 1930, également : il y reposera plus tard. L'une des premières personnalités géorgiennes inhumée au cimetière de Leuville-sur-Orge fut Nino Takhaichvili, en 1931, épouse du savant et homme politique Ekvtimé Takhaichvili : après son retour au pays, à la fin des années quarante, ce dernier fit rapatrier la sépulture de son épouse en Géorgie. Année après année, le "carré géorgien" accueille les sépultures de la plupart des officiels de la Ière République de Géorgie en exil : en 1953 Noé Jordania, en 1954 Evguéni Guéguétchkori, en 1958 Constantiné Kandélaki, en 1959 Akaki Tchenkéli et Gricha Ouratadzé, en 1965 Rajden Arsénidzé, en 1978 Noé Tsintsadzé, Cette photographie historique de la Géorgie est complétée par des représentants de la plupart des mouvements politiques, des membres de l'intelligentsia, des militaires ou des simples citoyens qui s'étaient opposés à la domination de leur pays par la Russie tsariste avant 1917, ou par la Russie soviétique après 1921. Les générations émigrées après 1924 Aux générations des officiels géorgiens, viennent d'abord s'ajouter celles de l'insurrection nationale géorgienne de 1924, Kakoutsa Tcholokhachvili, Mikheïl Lachkarachvili et leurs compagnons, ainsi que des dizaines de jeunes Géorgiens insurgés dans les régions de l'Ouest. Les générations émigrées avec la Seconde Guerre mondiale S'ajoutent ensuite les générations de la Seconde Guerre mondiale, celles des militaires géorgiens de l'Armée rouge ayant réussi à échapper au retour en URSS et à s'installer en France. Des générations émigrées ailleurs qu'en France Leuville-sur-Orge est devenu un point de ralliement pour les Géorgiens en exil. Quelque soit leur pays de décès, ils souhaitent y être inhumés au milieu de leurs compatriotes. Ce sera par exemple le cas d'Irakli Tsérétéli, décédé aux Etats-Unis en 1959, dont les cendres reposent en terre leuvilloise. Quelques années plus tard, un monument avec un ossuaire sera édifié à leur intention. Les 2ème et 3ème générations Enfin, conjoints ou enfants, de citoyenneté française, souhaitent parfois rejoindre époux ou épouses, ou parents, pour le repos éternel. Le "carré géorgien" s'enrichit ainsi de dizaines de patronymes à consonnance moins géorgienne, illustrant l'intégration des anciennes générations à la nation française. La tradition d'accompagner l'inhumation d'une poignée de terre venue de Géorgie est restée néanmoins. * Un témoignage des émigrations politiques géorgiennes du XXéme siècle en France, et vers bien d'autres pays, s'est ainsi constitué en quatre-vingts années à Leuville-sur-Orge. L'Association Géorgienne en France et l'Association Cultuelle Sainte Nino y célébrent régulièrement les anniversaires d'évènements historiques. Les autorités municipales l'ont bien saisi et manifestent chaque année leur solidarité le jour de la fête nationale géorgienne, le 26 mai, souvent avec les représentants de l'Ambassade de Géorgie en France. Les différents président de la République de Géorgie, restaurée une nouvelle fois en 1991, ne s'y sont pas trompés et sont venus le saluer, Edouard Chevardnadzé en février 1997 et Mikheïl Saakachvili en mars 2004. Les émigrés économiques géorgiens du XXIème siècle ne manquent pas l'occasion d'y effectuer un pélerinage, en particulier lors des Pâques orthodoxes, avec la tradition de déposer des boissons et des aliments sur les tombes afin d'honorer les morts. 25 kilomètres au sud de Paris par N20, Leuville-sur-Orge (91-Essonne), route de Linas. Il est préférable de disposer d'un accompagnateur lisant la langue géorgienne. Notes : (1) La Ière République de Géorgie en exil en France (2) Les dons de terrain attenant au cimetière de Leuville-sur-Orge, coordonnés par l'Association géorgienne en France, proviennent en particulier de M. Simon Tsérétéli (Prince et colonel, ayant fait de la commune de Leuville-sur-Orge son légataire universel) pour une superficie de 10 ares, de MM. Arsénidzé et Dzchgenti pour 10 ares également, comme l'atteste la délibération du conseil municipal du 11 février 1955 et comme le confirme le Préfet de Seine-et-Oise le 12 novembre 1955. Voir aussi :
[ Accueil ] [ Retour à l'article ] [ Haut ] |
![]() |
© 2013 COLISEE |