Le corps de l’adolescent affiché en Tchétchénie
À la suite de l’attaque tragique d’un couteau par un adolescent sur un poste de police de la circulation dans le tchétchène russe Achkhoy-Martan, une série d’actions difficiles et controversées s’est suivie: les détentions de masse, les expulsions familiales et l’affichage public du corps du garçon.
L’incident est devenu non seulement un prétexte de répression, mais aussi un reflet de la pratique alarmante de la punition collective qui fait partie de la réalité politique de la région.
Tragédie dans Achkhoy-Martan
Le 7 avril 2025, un incident choquant et tragique a eu lieu dans le centre d’Achkhoy-Martan, une ville de Tchétchénie, envoyant des ondes de choc à travers la République et tout le pays. Un adolescent armé d’un couteau a attaqué un point de contrôle de la police de la circulation, tuant Ramzan Dubaev et blessant au moins deux de ses collègues.
L’attaquant a été abattu sur les lieux. L’incident a suscité non seulement l’indignation du public, mais aussi une réponse sévère des autorités tchétchènes, entraînant des répressions de masse et des violations des droits des citoyens.
De l’attaque aux «organisateurs identifiés»
Selon le comité d’enquête de la Russie, l’incident s’est produit vers 18 heures, des rapports officiels disent qu’un adolescent a approché des policiers de la circulation et les a poignardés. Un officier, le lieutenant principal de 37 ans, Ramzan Dubaev – qui avait servi depuis 2014 et a reçu des éloges du ministère de l’Intérieur – a été tué.
L’attaquant, apparemment âgé de 16 ou 17 ans, a été abattu sur les lieux. Son identité a été rapidement confirmée, mais les autorités n’ont pas cessé d’attribuer des responsabilités individuelles.
Peu de temps après l’incident, le chef tchétchène Ramzan Kadyrov a blâmé non seulement l’adolescent, mais aussi des «organisateurs» prétendument basés à l’étranger.
Selon lui, «les services de renseignement ukrainiens et les agents se cachant en Turquie» étaient à l’origine de l’attaque. Kadyrov a également accusé les membres de l’opposition Telegram Channel Niyso d’implication et les a qualifiés de collaborateurs de «ennemis étrangers».
Expulsions forcées et pression sur les familles
En réponse, les autorités tchétchènes ont immédiatement lancé une vague de répression de masse. Kadyrov a ordonné l’expulsion non seulement des proches de l’adolescent tué mais aussi des familles de tous ceux qu’il a qualifiés de «complices» parmi les militants de l’opposition.
« Nous expulserons non seulement les parents, mais tous les parents – frères, sœurs, oncles, tantes. Nous prendrons leur propriété », a déclaré le chef régional.
En effectuant cet ordre, des officiers du ministère de l’Intérieur, de la Garde nationale et de la FSB ont commencé à fouiller les maisons, à saisir des biens et à détenir des individus sans explication.
Les groupes de défense des droits de l’homme rapportent qu’au moins six personnes ayant des liens familiaux avec les membres de la chaîne Niyso Telegram ont été détenus, dont certains qui n’avaient pas vécu en Tchétchénie depuis de nombreuses années.
Leur lieu où se trouvera inconnue et les avocats se sont vu refuser l’accès à leur accès. Ces actions constituent une sanction collective, qui viole directement le droit russe et international.
Corps de l’adolescent exposer
L’un des aspects les plus inquiétants de la réponse des autorités a été l’affichage public de la «punition». Le lendemain de l’attaque, un rassemblement impromptu a eu lieu sur la place centrale d’Achkhoy-Martan.
Selon des témoins oculaires et des médias indépendants, les résidents locaux – y compris les enseignants, les écoliers et les travailleurs du secteur public – ont été amenés de force à l’événement. Là, le corps de l’adolescent tué, vêtu d’uniforme militaire, a été exposé.
Les organisateurs auraient interdit à quiconque de quitter la place avant la fin de l’événement, même s’ils se sentaient mal – ce qui, dit-on, s’est produit fréquemment, en particulier chez les femmes et les adolescents.
L’incident a suscité l’indignation parmi les organisations de défense des droits de l’homme et certains politiciens russes. La députée du Parti communiste Nina Ostanina a déclaré à la presse: «L’affichage public d’un corps est un retour aux pratiques médiévales. C’est cruel, inhumain et essentiellement criminel. Même un criminel a le droit de dignité après la mort.»
Les événements du 7 avril à Achkhoy-Martan ne sont pas seulement une tragédie qui a laissé un policier mort et un adolescent tué. L’affichage de l’organisme public, les expulsions des familles et la pression sur les médias d’opposition indiquent tous une profonde crise de l’état de droit.
De telles actions érodent non seulement la confiance du public dans les autorités, mais créent également un précédent dangereux: la peur, la violence et l’humiliation sont utilisées comme outils pour contrôler l’esprit des jeunes. Combien de temps cela peut être maintenu sous le couvercle avant qu’une autre explosion ne se produise est une question rhétorique.