La Commission de Venise critique la Géorgie
L’Association des jeunes avocats géorgiens (GYLA) a indiqué que la Commission de Venise a demandé au tribunal de Strasbourg de l’autoriser à participer en tant que tierce partie à l’affaire contestant les nouvelles lois adoptées par le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, qui sont critiquées comme étant antidémocratiques.
La Commission de Venise a soumis sa position au tribunal par écrit, soulignant qu’elle avait déjà publié une évaluation critique des lois sur la « transparence de l’influence étrangère » (présentées comme une version géorgienne du FARA américain) et des amendements aux lois sur les « subventions » et la « radiodiffusion ».
Le rapport a été commandé par la commission de suivi de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. La Commission de Venise a analysé les lois collectivement et systématiquement, notant qu’elles visent toutes à « prévenir toute influence étrangère inappropriée ».
La Commission de Venise affirme que les lois imposent des obligations excessives et des sanctions sévères aux médias et aux ONG, et elle a recommandé aux autorités de les abroger – une recommandation qui a été refusée.
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La commission avait précédemment exhorté les autorités géorgiennes à abroger les lois sur les subventions et les agents étrangers.
Déclaration de GYLA
Le 15 octobre 2025, la Commission de Venise du Conseil de l’Europe a soumis une déclaration écrite (amicus curiae) à la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire concernant la nouvelle législation géorgienne, calquée sur le droit russe (affaire : Association des jeunes avocats géorgiens et autres c. Géorgiedemande n° 31069/24).
Dans son mémoire, la Commission de Venise a noté qu’elle avait déjà évalué la loi géorgienne sur la « transparence des influences étrangères » (communément appelée en public « législation de type russe ») et conclu que les règles actuelles sont incompatibles avec une société démocratique.
La Commission a souligné que toute restriction aux activités de la société civile doit être clairement et étroitement définie. Ils devraient également inclure des garanties efficaces contre les abus afin d’empêcher leur utilisation à des fins de stigmatisation ou de marginalisation des organisations en fonction de leurs sources de financement ou de leur position politique perçue.
La loi contestée ne répond pas à cette norme, car elle contient des dispositions larges et vagues, incluant des termes tels que « État étranger » et « organisation représentant les intérêts d’un État étranger ». Le ministère de la Justice dispose de pouvoirs excessifs pour exiger la divulgation de données personnelles sans justification.
La Commission de Venise a souligné que la transparence ne peut à elle seule justifier des restrictions aux droits fondamentaux garantis par la Convention européenne des droits de l’homme. Les restrictions légales doivent être liées à des intérêts publics spécifiques, tels que la sécurité nationale, l’ordre public ou la prévention du crime. Si la transparence peut servir ces objectifs dans certains cas, la loi contestée n’établit de lien concret avec aucun d’entre eux.
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En conséquence, la transparence ne peut à elle seule justifier des restrictions aveugles aux droits fondamentaux. Limiter les activités des organisations de la société civile mine le discours démocratique et le pluralisme.
La Commission de Venise a également noté que la loi viole le principe de proportionnalité, car elle menace la viabilité financière des organisations, en particulier des plus petites.
Si les règles existantes ne parviennent pas à atteindre leur objectif, elles devraient être améliorées, plutôt que d’introduire parallèlement des mesures restrictives supplémentaires.
Individuellement, et plus encore collectivement, les lois imposent des obligations vastes et interconnectées qui, combinées à des mécanismes de responsabilité stricts, imposent une charge disproportionnée aux individus et aux organisations engagés dans le contrôle démocratique et le travail en faveur des droits de l’homme.
Dans son avis final, la Commission de Venise a conclu que le cadre juridique complexe créé par ces lois viole les principes de clarté et de nécessité juridiques et confère aux autorités des pouvoirs discrétionnaires excessifs, incompatibles avec une société démocratique.
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Ces lois interdisent les médias financés par l’étranger, renforcent le contrôle de l’État et punissent les journalistes qui critiquent les autorités.

Contexte
Le 15 octobre, la Commission de Venise a publié un avis sur les lois répressives adoptées par le parti Rêve géorgien concernant le financement étranger, appelant les autorités à abroger la loi « Influence étrangère » (FARA) ainsi que les amendements aux lois « Subventions » et « Diffusion » qui restreignent le financement étranger.
Le document note également que le Bureau anti-corruption n’est pas un organisme indépendant et ne devrait pas se voir confier de tels pouvoirs.
Il souligne en outre que ni les représentants du parti Rêve géorgien ni les chefs du Bureau anti-corruption, Razhden Kuprashvili et Tamar Zodelava, n’ont rencontré la Commission de Venise lors de la préparation de l’avis.
La Commission de Venise critique la Géorgie