Le Moyen-Orient se rapproche du Caucase du Sud
« Le Caucase du Sud existe dans de multiples dimensions : il fait partie de l’Europe de l’Est, de l’espace post-soviétique, du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Au cours des trois dernières décennies, les liens et les interactions avec ces régions se sont intensifiés. La géopolitique de ces dernières années a encore davantage rapproché le Caucase du Sud de l’Asie centrale, de l’Europe et du Moyen-Orient », déclare Farhad Mammadov, analyste politique azerbaïdjanais.
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Selon lui, les transformations en cours au Moyen-Orient entraînent progressivement une implication plus profonde des pays du Caucase du Sud :
« Plus important encore, la guerre civile en Syrie a eu un impact profond sur le Caucase du Sud. Les citoyens azerbaïdjanais ont rejoint les groupes djihadistes des deux côtés, tandis que l’Arménie a accueilli des réfugiés syriens. Des unités armées d’Arméniens syriens et libanais ont participé à la guerre du Karabakh et l’Arménie a envoyé son personnel militaire en Syrie dans le cadre du contingent armé russe.
« Un nouveau statu quo émerge en Syrie » : vue depuis Bakou
Les analystes azerbaïdjanais discutent de la situation en Syrie, alors que les principales puissances voisines – la Russie, l’Iran et la Turquie – sont profondément impliquées.
La Turquie, la Russie et l’Iran ont établi le format d’Astana pour la Syrie, qui a également eu, dans une certaine mesure, un impact sur le Caucase du Sud. La situation est restée équilibrée jusqu’à ce que l’Iran et la Russie subissent des revers en Syrie à la fin de l’année dernière. Ce changement a créé une nouvelle réalité avec de nouveaux acteurs et de nouvelles contradictions qui influencent le Caucase du Sud.
À ce stade, la question kurde apparaît comme l’un des sujets les plus urgents, formant des coalitions « pour » et « contre » les ambitions kurdes.
Voici un bref aperçu de l’état de la population kurde dans la région : :
- En Turquie, les Kurdes constituent le troisième parti politique le plus populaire et une organisation terroriste clandestine ;
- En Iran, les Kurdes ont une représentation parlementaire mais pas en tant que parti unifié, aux côtés de groupes armés faibles ;
- En Irak, les Kurdes jouissent d’une pleine autonomie avec des ressources économiques, des forces armées puissantes et des relations internationales, mais ils n’ont pas accès à la mer.
- En Syrie, avec le soutien des États-Unis, les Kurdes disposent de forces armées qui contrôlent des territoires au-delà de leurs colonies traditionnelles, mais n’ont pas non plus d’accès à la mer.
Actuellement, les forces sur le terrain en Syrie comprennent la Turquie, Israël, les États-Unis et d’autres groupes alignés sur ces puissances. La question kurde a déjà provoqué des tensions dans les relations entre la Turquie et les États-Unis et devrait faire de même dans les relations entre la Turquie et Israël.
Y a-t-il des forces militaires israéliennes en Azerbaïdjan et l’Iran pourrait-il les frapper ? Un commentaire de Bakou
« Il n’y a pas de forces militaires israéliennes en Azerbaïdjan ; de telles affirmations sont des provocations destinées à entraîner le Caucase du Sud dans le conflit du Moyen-Orient. »
Les États-Unis et Israël visent à assurer la stabilité à long terme de la Syrie, mais cela ne peut être réalisé sans la participation de la Turquie. Autrement, l’Iran et la Russie pourraient réaffirmer leur influence. Dans le même temps, les Kurdes restent la seule force capable de contenir la Turquie dans la région, raison pour laquelle ils bénéficient d’un soutien continu.
La Turquie, à son tour, cherche à consolider ses acquis grâce à une double approche. Tout en entamant des négociations sur l’avenir de la Syrie avec les représentants kurdes, elle mène également des opérations militaires contre les groupes terroristes en Syrie, réduisant ainsi le territoire sous contrôle kurde. Ces négociations sont menées à la fois par le biais du gouvernement intérimaire syrien et directement avec les États-Unis, avec désormais la participation de Barzani, une personnalité éminente du Kurdistan irakien.
Quelle est la place du Caucase du Sud dans ce scénario ?
« En signant la Charte avec les États-Unis, l’Arménie s’est engagée à participer à la coalition américaine contre l’EI. Il s’agit d’une forme indirecte, mais notable, de soutien aux militants kurdes en Syrie qui luttent contre la Turquie.
Pour l’Azerbaïdjan, cette situation présente à la fois des risques et des opportunités. Le risque réside dans une éventuelle confrontation ouverte entre la Turquie et Israël en Syrie si Israël soutient ouvertement les militants kurdes. Cependant, si les États-Unis parviennent à former une coalition avec Israël et les Kurdes syriens, cela pourrait conduire à un scénario dans lequel Israël et l’Arménie participeraient à la coalition, quoique indirectement, sous l’égide des États-Unis.»
Stratégie de l’Azerbaïdjan pour l’Europe de l’Est : vue de Bakou
Selon les analystes politiques, la coopération entre Bakou et les pays de la région repose non seulement sur les questions économiques et de transport énergétique, mais aussi sur les intérêts communs de sécurité.
Ces derniers jours, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a rencontré le ministre turc des Affaires étrangères, le président israélien et le Premier ministre du Kurdistan irakien. Bakou pourrait jouer un rôle dans l’apaisement des tensions entre la Turquie et Israël, dans la mesure où le statu quo émergent – dans lequel la Turquie et Israël sont des acteurs clés au Moyen-Orient – est bénéfique pour l’Azerbaïdjan.
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