Ukraine : La mort de l'ancien ministre Kravtchenko suscite des controverses (mars 2005)
lundi 7 mars 2005
Contestation de la thèse du suicide
Le député au parlement ukrainien Taras Tchornovil a déclaré vendredi 4 mars que la mort de l'ancien ministre ukrainien de l'Intérieur Iouri Kravtchenko n'était pas un suicide, selon l'agence "Novosti-Oukraïna".
"Je connaissais un peu M. Kravtchenko, il ne se suiciderait pas, parce qu'il avait assez de moyens de se retirer du jeu, par exemple en quittant le pays", a souligné le député.
M. Tchornovil a également indiqué qu'il avait soupçonné que les témoins de l'affaire Gongadzé pourraient être éliminés.
Le président ukrainien Victor Iouchtchenko et le procureur général Sviatoslav Piskoun ont déclaré que le crime avait été pratiquement élucidé. "Encore quelques déclarations du genre et deux personnes, intermédiaires entre les auteurs et les commanditaires, seront éliminées. Il s'agit avant tout du général Féré, adjoint de Kravtchenko. D'ailleurs, il est dans le coma et ne peut pas déposer", a indiqué le parlementaire.
M.Tchornovil a également supposé que le meurtre de Kravtchenko pourrait profiter à certains politiques au pouvoir. La mort de l'ancien ministre pourrait être liée aux "garanties absolues d'immunité offertes à Léonid Koutchma", selon lui.
"Quelqu'un a décidé de respecter toutes les promesses qui n'ont pas été données à M.Koutchma, mais à des intermédiaires (...) Les enregistrements vidéo de l'ancien officier de la garde présidentielle Nikolaï Melnitchenko n'y sont pour rien, Iouri Kravtchenko avait lui-aussi des pièces compromettant le nouveau et l'ancien pouvoir".
M.Tchornovil a annoncé avoir rencontré ce vendredi le porte-parole du Service de sécurité d'Ukraine. "Je voudrais présenter des preuves attestant que Iouri Kravtchenko souhaitait quitter l'Ukraine. Mais ce n'est plus d'actualité".
"À présent, il sera impossible d'identifier les commanditaires du meurtre de Guéorgui Gongadzé".
"Ce sera une affaire pareille à l'affaire Kennedy", a souligné Taras Tchornovil.
Dans le même temps, le ministre ukrainien de l'Intérieur Iouri Loutsenko a estimé que Iouri Kravtchenko s'était suicidé, selon la Cinquième chaîne de télévision nationale. Le ministre a souligné qu'il s'agissait de son "opinion personnelle".
De son côté, l'ancien premier ministre, Victor Ianoukovitch, candidat malheureux de Victor Ioutchenko, dénonce l'instruction dilettante de l'affaire Gongadzé. "À mon avis, le parquet a enquêté sur l'affaire Gongadzé en dilettante", a-t-il déclaré samedi 5 mars. "Je regrette que la situation qui s'est créée dans le pays exerce souvent une influence politique sur la procédure judiciaire".
C'est l'influence de la politique qui a provoqué le meurtre de l'un des "témoins principaux" de l'affaire Gongadzé. M.Kravtchenko a récemment subi des pressions en tant que témoin important, selon M.Ianoukovitch.
Le Parquet dénonce les pressions politiques sur l'affaire
Pour sa part, le parquet général d'Ukraine a dénoncé les pressions exercées sur les enquêteurs de l'affaire Gongadzé.
"Contrairement à la Constitution et aux lois ukrainiennes, on accuse arbitrairement des personnes concrètes d'implication dans ce crime et exige de les arrêter immédiatement. On propose même de mettre les témoins en garde à vue pour assurer leur protection", rapporte l'agence "Novosti-Oukraina", citant une déclaration diffusée par le service de presse du Parquet.
Le collège du Parquet général et les juges d'instruction du Parquet chargés de l'affaire Gongadzé considèrent ces actions entreprises par certains politiques et d'autres personnes comme des pressions.
"L'ingérence dans les activités de ces organes est illégitime et la Cour Constitutionnelle d'Ukraine l'a confirmé à maintes reprises", selon la déclaration.
Le Parquet général note : "Certains députés, politiques, journalistes et différents "experts" émettent des propos irresponsables et des accusations contre les dirigeants du Parquet général et des enquêteurs".
Cependant, le Parquet a assuré que les juges d'instruction enquêtaient sur le meurtre de Guéorgui Gongadzé uniquement dans le cadre du Code pénal de procédure ukrainien.
"Toutes les personnes impliquées dans ce crime seront punies conformément à la loi. Dans le même temps, personne ne sera arrêté ni poursuivi en justice sur le fondement des déclarations politiques et d'affirmations gratuites", lit-on dans la déclaration.
D'après des dépêches de RIA Novosti/4 et 5 mai 2005.
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