La Géorgie interdit le port du masque
Dans le centre de Tbilissi, la police mène des descentes ciblant les personnes portant des masques médicaux. Des dizaines de vidéos sont apparues sur les réseaux sociaux montrant des agents arrêtant des passants masqués, exigeant une pièce d’identité et les forçant à retirer leurs masques.
Les autorités affirment que ces contrôles visent à identifier les participants aux manifestations qui se déroulent en Géorgie depuis près d’un an.
Qu’est-ce que les masques ont à voir là-dedans ?
De tels « raids » sont devenus possibles après l’entrée en vigueur en Géorgie le 19 octobre d’une loi interdisant le port de masques lors des rassemblements.
La police a commencé à arrêter des manifestants pour avoir bloqué des routes ou pour avoir couvert leur visage lors de manifestations, ce qui est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 15 jours d’arrestation administrative.
Cependant, les personnes portant des masques pour des raisons médicales – dont beaucoup ne soutiennent pas les manifestations – sont souvent les victimes de ces raids.
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« Montre ta bouche »
Le 21 octobre, près d’une station de métro centrale de Tbilissi, la police a arrêté deux femmes, dont l’une portait un masque médical.
Les femmes ont déclaré qu’elles n’avaient aucun lien avec les manifestations et qu’elles revenaient simplement d’un concert de K-pop. La femme masquée a expliqué qu’elle s’était récemment fait enlever plusieurs dents. La police ne l’a pas crue et l’a forcée à retirer son masque et à montrer sa bouche. Des journalistes à proximité ont filmé l’incident et la vidéo est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux.
« Cette absurdité est le visage de la Géorgie,» a commenté un utilisateur des réseaux sociaux, soulignant la situation tragi-comique : dans un pays qui, il y a quelques années à peine, infligeait des amendes aux personnes ne portant pas de masque pendant la pandémie de COVID, des personnes sont désormais arrêtées pour en porter.
« C’est notre travail »
La vidéo capture également un dialogue entre un policier et la femme masquée.
Elle demande pourquoi ils l’arrêtent, et le policier répond : « C’est notre travail. »
L’expression est rapidement devenue un mème et une source de sarcasme en ligne, symbolisant ce que les forces de l’ordre géorgiennes semblent faire aujourd’hui.
Les réseaux sociaux ont également largement partagé l’histoire d’Aza Chilachava, un réfugié abkhaze de 71 ans, contre qui le ministère de l’Intérieur a porté plainte pour port de masque et l’a renvoyée au tribunal.
Les médecins lancent un avertissement
La situation a également attiré l’attention des professionnels de la santé.
Maya Butsashvili, spécialiste des maladies infectieuses, a écrit sur Facebook qu’interdire les masques médicaux pendant la saison de la grippe et des virus respiratoires est une grave erreur :
« Interdire l’utilisation de masques médicaux en public, surtout en cette saison où les infections respiratoires sont en augmentation, est une erreur. Ceci est particulièrement dangereux pour les personnes atteintes de maladies chroniques, pour lesquelles la grippe et d’autres virus respiratoires peuvent entraîner de graves complications,« , a écrit Butsashvili.
Les utilisateurs des réseaux sociaux partagent leurs propres histoires. Une personne a écrit à propos d’un proche qui ne peut pas se rendre au centre-ville, craignant d’être arrêté pour avoir porté un masque, mais qui ne se sent pas en sécurité en prenant le bus sans masque.
« Quand le Center for Disease Control and Prevention fera-t-il une déclaration ?» a demandé l’utilisateur au directeur du centre, Paata Imnadze.