Macron sur les élections législatives en Géorgie
Le 6 janvier, lors de la réunion annuelle des ambassadeurs de France, le président français Emmanuel Macron a évoqué la politique agressive de la Russie envers la Géorgie et d’autres pays post-soviétiques, citant comme exemple la déstabilisation des élections législatives d’octobre en Géorgie.
« Ces dernières années, la Russie a accru son agression envers l’Europe et d’autres parties du monde. Nous le voyons en Arménie, où la Russie est soudainement devenue une alliée de l’Azerbaïdjan simplement parce que les Arméniens leur ont résisté. Nous le voyons en Géorgie, à travers la déstabilisation du processus électoral », » a déclaré Macron.
Les élections parlementaires du 26 octobre ont déclenché des manifestations massives dans toute la Géorgie. Quatre groupes d’opposition – trois coalitions et un parti – qui sont entrés au Parlement ont dénoncé à l’unanimité une fraude électorale généralisée, ont refusé de reconnaître la légitimité du nouveau Parlement et ont renoncé à leur mandat.
La présidente géorgienne Salomé Zurabishvili a également condamné les élections, les qualifiant de truquées et le nouveau parlement illégitime, ainsi que toutes ses décisions. Elle s’est engagée à rester en fonction jusqu’à la tenue de nouvelles élections législatives, permettant un transfert légal du pouvoir.
Le 28 novembre, Irakli Kobakhidze, Premier ministre du parti « Rêve géorgien », a annoncé que la Géorgie suspendrait les négociations d’adhésion à l’UE jusqu’en 2028. Cela a déclenché une nouvelle vague de protestations continues. Des dizaines de milliers de personnes réclament la protection de la Constitution, qui consacre l’engagement du pays en faveur de l’intégration européenne, et la tenue de nouvelles élections législatives.
Les remarques de Macron ont suscité des réactions de la part de l’ambassadeur de France en Géorgie, du député républicain américain Joe Wilson, ainsi que du Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze et du président du Parlement Shalva Papuashvili.
Kobakhidze a exhorté Macron à « regarder l’Ukraine », tandis que Papuashvili a affirmé que 61 % des citoyens français seraient censés soutenir la démission d’Emmanuel Macron.
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Comment le monde a-t-il réagi à la déclaration de Macron ?

Sheraz Gasri, ambassadrice de France en Géorgie a souligné dans un article sur la plateforme de médias sociaux X que Macron soutient de nouvelles élections législatives en Géorgie :
« Alors qu’Emmanuel Macron fait du soutien à la démocratie et aux combattants de la liberté une priorité de notre politique étrangère, il salue le courage des manifestants et de Salomé Zourabichvili en Géorgie et souligne que de nouvelles élections pourraient être une porte de sortie de la crise politique »

Joe Wilson, membre du Congrès républicain américain a également répondu au président français Emmanuel Macron, exprimant son soutien à des élections équitables en Géorgie :
« Je suis reconnaissant qu’Emmanuel Macron ait soutenu l’appel du peuple géorgien et de Salomé Zourabichvili en faveur d’élections libres et équitables en Géorgie. J’ai hâte qu’il travaille avec Donald Trump pour faire de cela une réalité ! »

Le Premier ministre géorgien Dream, Irakli Kobakhidze a suggéré à Macron de se concentrer sur l’Ukraine, qu’il a qualifiée de « sacrifiée » :
«Si la Russie s’ingère quelque part dans les pays voisins, elle s’immisce en Ukraine. <…> Le président français devrait se tourner vers l’Ukraine, sacrifiée à la destruction. Je m’attaque au vrai problème. Je ne peux pas commenter les mensonges. Je commente le défi auquel nous sommes tous confrontés : la destruction de l’Ukraine.
Présidente du Parlement géorgien Shalva Papuashvili a réagi avec ironie aux remarques de l’ambassadeur Sheraz Gasri sur la nécessité de nouvelles élections en Géorgie :
« Je n’ai pas l’intention de m’immiscer dans la politique intérieure de la France, mais étant donné que 61% des citoyens français soutiennent la démission de Macron et 50% souhaitent la dissolution de l’Assemblée nationale, de nouvelles élections pourraient être un bon moyen de résoudre la crise politique en France. »
« Compter l’argent ne sauvera pas le gouvernement » : des experts géorgiens soutiennent le rapport électoral critique de l’OSCE
« Intimidation, coercition, corruption et contrôle sur les membres des commissions électorales. Il n’est pas nécessaire d’être avocat pour tirer des conclusions du rapport.»
Le 20 décembre, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a publié son rapport final sur les élections législatives du 26 octobre en Géorgie, déclarant que les élections se sont déroulées dans un contexte inquiétant :
● Le rapport a souligné les violations du secret du vote et l’intimidation des électeurs, notant que les élections n’étaient pas conformes aux recommandations ou aux normes de l’OSCE ;
● Il a souligné que les récents changements apportés à la législation géorgienne, tels que l’adoption de la loi sur la « transparence de l’influence étrangère » et de la loi contre la « propagande LGBT », ont eu un impact négatif sur les libertés civiles et la société, ont réduit l’indépendance des institutions impliquées dans le processus électoral, et une pression accrue sur les électeurs ;
● L’OSCE a également noté que les plaintes concernant des violations électorales n’ont pas été traitées de manière adéquate, tandis que la dispersion violente des manifestations et les arrestations massives de manifestants ont porté atteinte à la liberté de réunion pacifique ;
● L’OSCE a recommandé aux autorités géorgiennes de résoudre les problèmes évoqués dans le rapport afin de respecter les principes démocratiques dans le pays.