Scolarisation des filles en Azerbaïdjan
Le ministre azerbaïdjanais de l’Éducation, Emin Amrullaev, a déclaré que parmi les élèves de 15 ans, les filles obtiennent de moins bons résultats que les garçons dans les évaluations des connaissances.
Il a noté que certains attribuent cet écart à des « facteurs biologiques », mais a identifié la raison principale comme les restrictions – voire l’interdiction pure et simple – auxquelles les filles sont confrontées lorsqu’elles poursuivent leurs études après avoir terminé la neuvième année.
Statistiques et différences régionales
Les sites Web gouvernementaux, notamment le Comité national des statistiques et le ministère des Sciences et de l’Éducation, ne fournissent pas de données régionales distinctes sur l’abandon scolaire précoce des filles.
Les publications officielles se concentrent sur le nombre d’écoles, la répartition des élèves par niveau et la fréquentation scolaire, mais les statistiques régionales sur les cas d’abandon scolaire précoce chez les filles ne sont pas publiées.
Par conséquent, il n’existe aucune donnée officielle sur la proportion ou le nombre de filles quittant l’école entre la 9e et la 11e année entre 2022 et 2024.
Selon les chiffres officiels, dans certains districts, beaucoup moins de filles passent les examens finaux en 11e année qu’en 9e année.
Par exemple, en 2020, dans le district de Sabirabad, les filles représentaient 46,5 % des participants aux examens de neuvième année mais seulement 41,5 % en onzième année. La même année, dans le district d’Imishli, leur part est passée de 46 % à 38,83 %.
Les experts en éducation notent également des différences régionales. Dans une interview de 2023 publiée sur AzEdu.az, il a été rapporté que l’abandon scolaire précoce chez les filles est plus courant dans les régions d’Aran et de Mughan et dans le sud du pays, en particulier dans les districts de Saatly, Sabirabad, Imishli, Beylagan, Astara, Lerik et Yardimli. Même si le nombre de filles dans ces régions est à peu près égal à celui des garçons en 9e année, il diminue fortement en 11e année.
Dans l’ensemble, les dernières données montrent un écart important entre le nombre de filles et de garçons bénéficiant d’un enseignement secondaire. Selon la Commission de la famille, de la femme et de l’enfant, au cours de l’année scolaire 2023-2024, 794 560 filles et 910 449 garçons étaient inscrits dans les écoles d’enseignement général, ce qui représente un écart entre les sexes de 6,8 %.
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Raisons socioculturelles
Les experts affirment que les conditions sociales et culturelles sont les principaux facteurs à l’origine du déclin du nombre de filles dans les classes du deuxième cycle du secondaire.
Selon une étude de l’AZƏRTAC, les principaux obstacles au droit des filles à l’éducation restent la pauvreté, le mariage précoce, la violence sexiste et les stéréotypes dépassés.
- Mariage précoce et pauvreté : dans de nombreuses régions isolées, les familles marient leurs filles entre 14 et 15 ans pour « alléger le fardeau financier », obligeant les filles à quitter l’école.
- Violence basée sur le genre : Dans certaines familles et communautés rurales, les filles sont confrontées à des pressions physiques ou psychologiques en raison de leur sexe, les conduisant à abandonner leurs études.
- Stéréotypes dépassés : les opinions traditionnelles attribuent aux filles le rôle de ménagères et de mères, réduisant ainsi leur motivation à poursuivre leurs études.
- Attitudes parentales et sociétales : Le ministre de l’Éducation, Emin Amrullaev, a également souligné que le problème ne réside pas seulement dans le système éducatif, mais aussi dans la perception qu’a la société du rôle des filles. Des idées fausses telles que « le rôle de la femme est d’avoir des enfants » empêchent de nombreuses filles de poursuivre leurs études.
Ces facteurs sont étroitement liés et se manifestent différemment selon les régions. Dans la région de Talysh, par exemple, la combinaison de croyances traditionnelles et de niveaux de pauvreté élevés augmente la prévalence des mariages précoces et de l’abandon scolaire. Les experts affirment qu’il est essentiel de surmonter ces barrières sociales pour améliorer le statut des filles et garantir qu’elles puissent poursuivre leurs études.
Déséquilibre entre les sexes et avortements sélectifs
Le rapport de masculinité déséquilibré en Azerbaïdjan se reflète également dans les statistiques démographiques.
Selon le Comité national des statistiques, entre janvier et juin 2025, 53,3 % des nouveau-nés étaient des garçons et 46,7 % des filles, ce qui correspond à environ 114 à 115 garçons pour 100 filles.
Le Fonds des Nations Unies pour la population rapporte que cette tendance persiste dans le pays depuis de nombreuses années, faisant de l’Azerbaïdjan l’un des pays présentant les plus hauts niveaux de déséquilibre entre les sexes à la naissance. Les experts associent cela à la pratique des avortements sélectifs.
Le Fonds estime que si cette tendance se poursuit, d’ici 2050, il y aura 12 000 à 15 000 garçons de plus que les filles qui naîtront chaque année en Azerbaïdjan.
Remédier à ce déséquilibre entre les sexes nécessite des changements législatifs, ainsi que des campagnes éducatives et médiatiques. Cependant, les mesures gouvernementales restent jusqu’à présent superficielles et symboliques. Malgré les allégations de campagnes de sensibilisation, leur impact réel, notamment dans les zones rurales, est minime. Les organisations féministes et les ONG de défense des droits humains ont souligné à plusieurs reprises que de telles initiatives ne sont souvent que des formalités et ne parviennent pas à s’attaquer aux causes profondes des inégalités.
Les campagnes portant des slogans tels que « soutenir l’éducation des filles » se transforment souvent en exercices de relations publiques sans s’attaquer aux obstacles structurels.
Les experts soulignent que garantir l’égalité des chances en matière d’éducation pour les filles nécessite une réforme législative, des systèmes de protection sociale renforcés, des approches éducatives sensibles au genre et des programmes communautaires à long terme. Le gouvernement doit aborder cette question non pas comme une « campagne » mais comme une transformation sociétale, changeant tout le système de relations sociales.
L’égalité des sexes dans l’éducation ne peut être réalisée en quelques années ; cela nécessite des décennies de politique cohérente et systémique. Sans responsabilité du gouvernement, les générations futures de filles seront confrontées aux mêmes obstacles.
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