Un tribunal géorgien condamne à cinq ans de prison un manifestant contre la loi sur les agents étrangers

Le tribunal municipal de Tbilissi a condamné Pridon Bubuteishvili, 20 ans, à cinq ans de prison pour avoir attaqué un pompier et endommagé les portes du Parlement lors des manifestations de mai contre la loi sur les agents étrangers. Le tribunal a également approuvé les plaidoyers de deux autres manifestants.

Le tribunal a condamné Bubuteishvili lundi.

Il a été arrêté le 9 mai pour avoir blessé un pompier et endommagé les portes du Parlement en leur lançant des pierres le 1er mai, au plus fort des manifestations contre la loi controversée sur les agents étrangers.

Pendant des semaines, alors que le Parlement discutait de la loi sur les agents étrangers, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Géorgie pour protester contre le projet de loi. Dix manifestants ont été arrêtés au cours de cette vague de manifestations.

La loi, adoptée le 16 mai, qualifie toute société civile ou organisation médiatique qui reçoit au moins 20 % de son financement de l’étranger d’« organisations défendant les intérêts d’une puissance étrangère ». Ces organisations sont soumises à une surveillance tous les six mois, ce qui, selon les avocats, pourrait notamment les obliger à divulguer leurs communications internes et leurs sources confidentielles. Les organisations qui ne s’y conforment pas s’exposent à de lourdes amendes.

Le bureau du procureur aurait refusé de signer un accord de plaidoyer pour Bubuteishvili, tout en acceptant de signer des accords avec deux autres personnes arrêtées lors des manifestations : Omar Okribelashvili, 19 ans, et Saba Meparishvili, 23 ans.

Okribelashvili et Meparishvili ont été arrêtés pour avoir endommagé les barricades érigées à l’entrée principale du Parlement le 16 mai. Les deux manifestants ont admis avoir causé des dégâts à la barricade, mais ont nié avoir agi en groupe.

Omar Okribelashvili et Saba Meparishvili. Photo : Mindia Gabadzé.

Le procureur Nugzar Chitadze a déclaré aux journalistes que les deux jeunes avaient « avoué le crime qu’ils avaient commis et s’étaient repentis, ce qui a permis à l’État de leur accorder la clémence ».

Chitadze a déclaré qu’aux termes de l’accord de plaidoyer, Okribelashvili et Meparishvili avaient été condamnés à trois ans de prison, dont un an était considéré comme une peine avec sursis, tandis qu’un an et demi de leur peine devait être purgé de prison.

RFE/RL a indiqué que leur peine de trois ans avait été réduite à deux ans et demi grâce à l’amnistie de septembre. Détenus depuis mai, les deux manifestants contre la loi sur les agents étrangers devraient être libérés d’ici dix mois.

Publique Selon des informations, l’Institut de recherche sur la démocratie (DRI), qui a défendu leurs droits, a indemnisé les dommages causés à la barricade à hauteur de 400 ₾ (140 dollars).

Un manifestant tente de franchir les barricades bloquant l’entrée du Parlement. Photo : Mariam Nikuradze/OC Médias.

S’adressant aux journalistes lundi, l’avocat de Meparishvili, Davit Gamkrelidze, a déclaré qu’ils avaient l’intention de faire appel au président contesté de Géorgie, Mikheil Kavelashvili, pour qu’il gracie Meparishvili et Okribelashvili.

Dimanche, Kavelashvili a annoncé qu’il avait gracié plus de 600 condamnés à l’occasion de l’Epiphanie. La déclaration de Kavelashvili ne précise pas les types de crimes commis par les personnes graciées.

Le président géorgien contesté gracie 613 condamnés
On estime que le nombre total de personnes graciées a dépassé celui des grâces présidentielles précédentes.