Les données du CRRC ont collectées montrent qu’il y a eu des changements importants dans les attitudes des Géorgiens envers les libertés sexuelles des femmes depuis 2013, en particulier chez les musulmans, qui ont connu une forte diminution des taux de désapprobation, bien que cela ne se soit pas traduit par une augmentation significative de l’approbation.
Les données ont été collectées dans le cadre de la connaissance et des attitudes envers le sondage de l’Union européenne en Géorgie, réalisée pour la Fondation Europe entre 2013 et 2023.
Selon les statistiques qui en ont résulté, la part des Géorgiens signalant qu’il est toujours ou parfois justifié pour une femme d’avoir des relations sexuelles avant le mariage, de 22% en 2013 à 36% en 2023. De même, en 2013, seulement 32% des Géorgiens ont déclaré qu’il était toujours ou parfois justifié pour une femme d’avoir un bébé en dehors du mariage, contre 51% en 2023.
Ces chiffres montrent que les attitudes à l’égard du sexe sont desserrées, en particulier en ce qui concerne les femmes. Mais à qui changent les attitudes?
En 2013, 87% des musulmans ont déclaré qu’il n’avait jamais été justifié pour une femme d’avoir des relations sexuelles avant le mariage, contre 67% des chrétiens apostoliques arméniens et 66% des chrétiens orthodoxes. Dix ans plus tard, seulement 58% des musulmans ont déclaré qu’il n’était jamais justifié, contre 68% des chrétiens apostoliques arméniens et 50% des chrétiens orthodoxes.
Cependant, alors que le nombre de musulmans affirmant que les relations sexuelles avant le mariage n’ont jamais été justifiées de façon spectaculaire, cela ne s’est pas accompagné d’une augmentation proportionnelle des musulmans qui disent que les relations sexuelles avant le mariage étaient justifiées. En effet, il n’y a eu qu’une augmentation de 6% des musulmans signalant que les relations sexuelles avant le mariage étaient parfois ou toujours justifiées en 2013 à 15% en 2023. Au cours de cette même période, le nombre de musulmans qui a refusé de répondre à la question est passé de seulement 1% en 2013 à 18% en 2023.
En revanche, la diminution de l’opposition au sexe avant le mariage par les chrétiens orthodoxes est venue avec une augmentation notable du pourcentage qui croyait que le sexe avant le mariage était toujours justifié – en 2013, seulement 3% des chrétiens orthodoxes ont convenu que le sexe pré-mariage était toujours justifié, par rapport à 13% en 2023. Le nombre de relations sexuelles pré-matières était parfois justifiée, aussi, par rapport à 21% de 26%. Le taux de refus de réponse pour ce groupe n’a pas changé de manière significative.
Ce modèle est répété avec des attitudes envers les enfants en dehors du mariage.
En 2013, 84% des musulmans ont déclaré que cela n’avait jamais été justifié, tandis qu’en 2023, seulement 55% ont signalé la même chose. Dans ce cas, le nombre de musulmans qui ont déclaré qu’un enfant en dehors du mariage était toujours justifié est passé de 0% en 2013 à 5% dix ans plus tard, mais encore le plus grand changement a été chez ceux qui ont refusé de répondre, passant de 2% en 2013 à 16% en 2023.
Le pourcentage de musulmans qui a déclaré que les relations sexuelles avant le mariage n’ont jamais été acceptables ont diminué de 29 points, tout comme le pourcentage de ceux qui ont dit que les enfants en dehors du mariage n’ont jamais été acceptables. Les nombres pour les chrétiens orthodoxes étaient également cohérents, tous deux en baisse de 16 points.
La communauté apostolique arménienne différait, cependant – alors que leurs opinions sur les relations sexuelles avant le mariage pour les femmes étaient assez cohérentes, le pourcentage qui a déclaré que le fait d’avoir un enfant en dehors du mariage était toujours injustifié est passé de 80% en 2013 à 60% en 2023. Contrairement au cas de l’évolution des opinions musulmanes, cette diminution est venue largement de chrétiens arméniens (0%) disant que les enfants en dehors du mariage étaient parfois (17% à 30%) ou toujours (0%) pour 5%). La part des refus n’a pas changé de manière significative.
Pendant ce temps, les chrétiens orthodoxes ont montré les plus grands changements d’approbation complète des relations sexuelles avant le mariage, ainsi que l’approbation complète de la sortie des enfants hors mariage.
L’opposition aux femmes ayant des enfants en dehors du mariage et aux femmes ayant des relations sexuelles avant le mariage a diminué en Géorgie de 2013 à 2023.
Certaines des plus grandes diminutions sont venues des musulmans géorgiens, qui font partie des groupes religieux les plus désapprobateurs de ces comportements. Cependant, cette diminution de l’opposition ne coïncide pas avec une augmentation uniquement en matière d’approbation – au lieu de cela, en plus d’un certain degré d’acceptation, les musulmans ont de plus en plus refusé de répondre aux questions sur le sexe.
Les données utilisées dans cet article sont disponibles ici.
Cet article a été écrit par Katharine Khamhaengwong, membre international de CRRC Georgia, et Makhare Atchaidze, chercheur chez CRRC Georgia. Les points de vue exprimés dans cet article sont les auteurs seuls et ne reflètent pas nécessairement les vues du CRRC Géorgie, de la Fondation Europe ou de toute entité liée.
