Des habitants du Daghestan soupçonnés d’avoir planifié l’assassinat d’un « dissident russe » en France

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Quatre hommes – dont trois seraient originaires du Daghestan – ont été arrêtés en France, soupçonnés d’avoir fomenté une tentative d’assassinat contre un « dissident russe » vivant dans le pays.

Médias français Le Figaro et Le Parisiencitant le Bureau du Procureur national antiterroriste (PNAT), a indiqué que la cible présumée était le militant des droits de l’homme et fondateur du projet Gulagu.net, Vladimir Osechkin.

Selon le parquet, les suspects ont été arrêtés lundi avec le concours de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le service de renseignement intérieur français. Les hommes ont entre 26 et 38 ans et l’un d’eux est citoyen français.

Le Figaro a écrit que tous les quatre avaient été arrêtés dans le sud-ouest de la France, près de la ville côtière de Biarritz, où réside Osechkin. Bien que les autorités françaises n’aient pas officiellement confirmé la cible visée, les deux Le Parisien et Le Figaro des sources citées nommant Osechkin.

Osechkin a confirmé au Agence France-Presse (AFP) que, selon ses informations, il était la victime prévue du complot déjoué. S’adressant aux journalistes, il a remercié la police française d’avoir empêché l’attaque et arrêté les suspects.

« Je suis reconnaissant aux services de sécurité français pour leur professionnalisme et pour avoir arrêté les criminels avant que quelque chose d’irréversible ne se produise », a-t-il déclaré.

Selon Le Figaroles hommes arrêtés ont nié tout acte répréhensible, affirmant qu’ils s’étaient rendus à Biarritz « pour des vacances ». Cependant, les enquêteurs soupçonnent qu’ils effectuaient une surveillance près du domicile d’Osechkin. Des images vidéo tournées à proximité de sa résidence auraient été retrouvées sur leurs téléphones portables.

Dans un communiqué, le bureau du procureur a indiqué qu’une affaire pénale avait été ouverte pour « participation à un complot terroriste dans le but de préparer un ou plusieurs crimes contre une personne ».

L’enquête a débuté mi-septembre après que les services de renseignement ont reçu des informations sur une éventuelle menace contre « un opposant à Vladimir Poutine résidant à Biarritz ». Selon AFPle prétendu complot a été déjoué « au dernier moment ».

Osechkin vit en France depuis 2015, après avoir fui la Russie après l’ouverture de plusieurs poursuites pénales contre lui. Depuis 2022, il bénéficie d’une protection policière constante suite à des menaces de mort répétées.

Il est surtout connu comme le fondateur de Gulagu.net, un projet de défense des droits humains créé en 2011 pour dénoncer la torture et les abus dans les prisons et colonies pénitentiaires russes. En 2021, le site Internet du projet a été bloqué en Russie après la publication d’images d’un hôpital pénitentiaire pour tuberculeux de Saratov montrant des actes de torture et des violences sexuelles contre des détenus. Les vidéos ont conduit à l’ouverture de 12 affaires pénales par la commission d’enquête russe et le chef du Service pénitentiaire fédéral, Alexandre Kalachnikov, a été limogé au milieu du scandale.

En Russie, Osechkin fait face à plusieurs poursuites pénales. En 2023, un tribunal l’a condamné par contumace à huit ans de prison pour avoir prétendument diffusé des « faux » sur l’armée russe. Plus tard, les enquêteurs ont ouvert une autre affaire l’accusant de « justifier le terrorisme ». Le ministère russe de la Justice a désigné Osechkin comme « agent étranger ».

Osechkin a déjà affirmé avoir survécu à une tentative d’assassinat en France. En 2022, il raconte avoir remarqué un point laser rouge sur le mur de sa maison à Biarritz avant d’entendre plusieurs coups de feu. Il a déclaré que sa « réaction ultra-rapide » et les « erreurs du tueur à gages » lui avaient sauvé la vie. Cependant, il n’a fourni aucune preuve et les procureurs français ont ensuite classé l’enquête. Le média indépendant russe Projet a indiqué que la police aurait pu considérer l’incident présumé comme un canular.

Les enquêteurs français n’excluent pas que les suspects aient agi sur instructions de l’étranger, même si aucun autre détail n’a été divulgué. Des représentants du bureau du procureur ont déclaré AFP que l’affaire est traitée « en stricte conformité avec les protocoles internationaux de lutte contre le terrorisme ».