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VIII) L'intégration à la société française des immigrations politiques géorgiennes
http://www.colisee.org/article.php?id_article=3623vendredi 19 avril 2013, par Mirian Méloua Huitième partie du Dossier : les émigrations géorgiennes vers la France au XXème et au XXIème siècles (2012)
Les générations nées en GéorgieSi traditionnellement les métiers de la terre ont permis aux premiers immigrés en France de subvenir à leurs besoins sur le court terme, d'autres métiers sont investis : taxis, épiceries, restaurants, fabrication et commerce de yaourts, mécanique automobile, ... Les plus jeunes, et les plus entreprenants, se forment à de nouveaux métiers, techniques ou d'encadrement, ou renouvellent leur formation militaire : ils deviennent -de fait- des vecteurs d'intégration. Voir :
La liste des chaufeurs de taxi serait longue à établir. Certains s'illustreront ensuite comme chauffeur de maître (comme Gogui Kalandarachvili au volant de sa luxueuse Cadillac), d'autres auraient inspiré -avant Patrick Modiano-des héros de roman (comme Simon Abachidzé, pour le romancier Jacques Laurent), la plupart cherchent d'abord une vie honnête et paisible. Le commerce, la restauration Les familles Méliava, Pataridzé, Tzéréthéli, entre autres, tiennent des épiceries, Hélène et Micha Tsagarelli également. Des restaurants géorgiens s'ouvrent à Paris, à Cannes, à Juan-lès-Pins, à Leuville-sur-Orge. Le plus célèbre reste "La Toison d'Or" des frères Antadzé qui fait courir le tout Paris dans le XVème arrondissement. Voir :
La mécanique automobile Les constructeurs automobiles recherchent du personnel : les usines Peugeot, Citroën et plus tard Simca, accueillent des Géorgiens. Lado Bakradzé, ancien responsable de la mission diplomatique géorgienne en Pologne, négocie avec Peugeot une convention qui permet aux jeunes Géorgiens de se former aux métiers de la construction automobile et d'être embauché : plusieurs centaines le sont -surtout après 1924- et une « colonie bis » se forme dans la région de Sochaux - Montbéliard. Voir : photographie de travailleurs géorgiens dans les Etablissements Peugeot Frères (1930) :
L'encadrement Michel Khoundadzé, envoyé en Europe en 1918 pour y poursuivre ses études, obtient un doctorat de droit et accède au management supérieur de Citroën. Artchil Zourabichvili, envoyé en France en 1919 pour poursuivre ses études, obtient un diplôme d'ingénieur électricien à Grenoble : il conduira une carrière chez Rolls Royce, Alsthom et à l'UNESCO. Lévan Zourabichvili obtient un diplôme d'ingénieur des mines et accède au management supérieur de Simca Chrysler France. Nicolas Tsertsvadzé obtient un diplôme d'ingénieur et œuvre dans les ponts et chaussées. Micha Macarachvili obtient un diplôme d'ingénieur à Grenoble et deviendra directeur d'une filiale de Peugeot. Bagrate Tchantouria devient ingénieur-dessinateur au bureau d'études de la Société métallurgique de Normandie. Voir :
Les entrepreneurs Chalva Skamkotchaïchvili obtient un diplôme d'ingénieur électricien et crée sa propre entreprise de montage de postes radio (TSF à lampes). Serge Tarassachvili fonde une entreprise d'électrification des chemins de fer (« La Compagnie havraise d'entreprise » et emploie nombre de ses compatriotes. Quelques émigrés formés en Géorgie, s'investissent dans leur propre entreprise comme Joseph Eligoulachvili (textile). Voir :
Les professions libérales D'autres émigrés, également formés en Géorgie, repassent leur diplôme en France comme le docteur en médecine Jacques Khotcholava, le docteur vétérinaire M. Mguébérichvili ou l'avocat international Ilamaz Dadéchkéliani. Georges Zourabichvili (1898-1944), envoyé à Berlin pour engager des études de droit, rejoint plus tard la communauté géorgienne en France. Voir :
Les artistes Après des hauts et des bas, Félix Varlamichvili et Vera Pagava connaîssent le développement d'une carrière de peintre de premier plan. Voir :
Les militaires Les Ecoles militaires françaises (Saint Cyr et Ecoles d'application de Saint Maixent) attirent un certain nombre de Géorgiens, dont d'anciens cadets de l'armée nationale. Voir :
D'autres militaires géorgiens suivent des Ecoles d'application, Saumur pour Toukneff Saîd Soultanoff (Lieutenant de l'armée géorgienne). Des dizaines d'autres s'engagent dans la Légion étrangère comme Michel Pridon Tsouloukidzé (qui y retrouvera un grade d'officier) et Akaz Andronikachvili (dit Andronikof). Avec parfois des revers de situation Georges Togonidzé raconte dans son livre, "Larmes d'exil", comment un certain nombre d"émigrés géorgiens des années 1920, mobilisés dans l'armée française en 1939/1940, ont du revenir provisoirement aux métiers agricoles après la fermeture des usines automobiles où ils travaillaient. Voir :
Les émigrés, arrivés enfants Les plus jeunes, arrivés enfants, bénéficient de la scolarité à la française et accède à la vie professionnelle, l'architecte Achille Tsitsichvili, le directeur des Affaires sanitaires et sociales à la Santé publique Roland Assathiany, l'attachée de presse Kéthévane Chédeau (Barnovi), le chef des ventes Victor Homériki, la comédienne Maria Mériko (Alikhanachvili), le docteur (médecine) Akaki Ramichvili, l'interprète Constantin Andronikachvili, les personnalités comme Nathéla Jordania et Nina Ramichvili, le psychiatre Serge Tsouladzé ... ainsi que des dizaines d'autres ! Voir :
Les descendants de première génération, nés en France, apatrides ou FrançaisEduqués et formés à la française, ils s'intègrent sans difficulté, parfois issus de mariage mixte. Cette génération donne à la France l'académicienne Hélène Carrère d'Encausse (Zourabichvili), l'animateur de mouvements associatifs Laurent Assathiany, l'archiprêtre Artchil Davrichachvili, les architectes Georges Davrichéwy, Pierre-Alexis Kobakhidzé et Mérab Odichélidzé, l'artisan Alexandre Liadzé, l'avocat Guivi Béguiachvili, la chef de collection Hélène Méloua, les chefs d'entreprise Arsène Liadzé, Guia Sardjvéladzé et Charles Takaïchvili, le chef des ventes Alain Khoundadzé, la collaboratrice du CIO Marie-Hélène Roukhadzé, le compositeur Nicolas Zourabichvili, les conseils en entreprise Natacha Méliava, Thamaz Naskidachvili et Nodar Odichélidzé, le contrôleur de gestion Michel Vodé, la danseuse étoile Ethery Pagava, le dessinateur en architecture Ramine Naskidachvili, le diacre selon la religion catholique Laurent Kitiaschvili, les diplomates Claude de Kemoularia et Salomé Zourabichvili, le directeur administratif Georges Kirtava, le directeur de l'organisation et de l'informatique Mirian Méloua, le directeur financier Othar Pataridzé, la docteur (dentiste) Catherine Chasseloup (Liadzé), les docteurs (médecine) Thémouraz Abdouchéli, Rémy Assathiany, Stéphane Havard (Guédévanichvili), Révaz Nicoladzé, Elisso Tarassachvili et Othar Zourabichvili, le docteur (physique) Guivi Guélachvili, l'écrivain Vassili Karist (Karistchirachvili), l'éditeur Pascal Assathiany (à Montréal), l'élu Paul Chenguélia, les fonctionnaires internationales Mireille Moreau (Assathiany) et Milly Zourabichvili, les hauts fonctionnaires Othar Amilakvari, Roland Assathiany et Lia Vodé, les ingénieurs Tariel Zourabichvili (travaux publics), Michel Méliava (agronomie), Serge Méliava (Physique Chimie) et Albert Bébérachvili (Ponts et Chaussée), les journalistes Guy Kédia, Goulnara Pataridzé et Luc Méloua, la kinésithérapeute Nina Monos (Liadzé), le maître d'art (verrerie) Guy Méliava, les musiciens Irakli Davrichéwy, Sandrik Davrichéwy, Eliane Roukhadzé et Tamara Sombart (Khoundadzé), les peintres Agnan Kroichvili, Henri Matchavariani, Ivlita Moudjiri et Mohandas Roukhadzé, les responsables de relations presse Christine Pagava (Boulez) et Nicolas Tchavtchavadzé, la responsable d'ONG Thamar Bourand (Charachidzé), les sculpteurs Darédjane Bérékachvili et Nathéla Villecourt (Nikoladzé), le sportif de haut niveau Michel Yachvili, l'universitaire linguiste Georges Charachidzé, l'un de ses gardes du corps du général de Gaulle Georges Diani (Akhvlédiani) … et des centaines d'autres dont la liste reste à établir ! Voir :
Les descendants de deuxième génération, nés FrançaisNés sur le territoire français, de parents intégrés à la société française, ils sont eux-mêmes complètement intégrés, mais restent souvent attachés à certaines traditions. Cette génération donnent à la France l'architecte Martine Monestier (Homériki), l'avocate Kéthévane Méliava, le chef cuisinier Vakhtang Méliava, la cinéaste Mery Zourabichvili, la comédienne et chanteuse Nathéla Davrichewy, la conseil en entreprise Leïla Naskidachvili, les docteurs (médecine) Nathalie Baudot (Abdouchéli) et Elisabeth Dejours (Abdouchéli), la docteur (pharmacie) Tsiala Bénard (Tzéréthéli), le docteur (vétérinaire) Laurent Naskidachvili, l'écrivain Kéthévane Davrichéwy, la grammairienne Dominique Gauthier (Eligoulachvil), la journaliste Kéthévane Gorjestani (Gougouchvili), la maître des Ecoles Tamara Méliava, le philosophe François Zourabichvili, la pianiste Elizabeth Sombart (Khoundadzé), les professionnels de nouvelles technologies Guillaume et Stéphane Takaichvili, la sophro-relaxologue Nathéla Naskidachvili, les sportifs de haut niveau Grégoire, Dimitri et Charles-Edouard Yachvili ...pour ne citer que ceux-là ! Voir
Une intégration réussieLe facteur temps, comme pour les autres immigrations de cette époque en provenance d'Europe de l'Est, est un facteur d'intégration. Les immigrés géorgiens (pour la plupart nés citoyens de l'Empire russe, devenus citoyens de Géorgie en 1918, puis apatrides afin de ne pas porter la citoyenneté soviétique) meurent apatrides ou demandent la naturalisation française. Les descendants de première génération, nés en France, déclarés apatrides ou Français, convergent vers une citoyenneté française pleine. Les classes d'hommes nés durant les années 1930 et 1940 sont appelées dans l'armée française au titre du service militaire obligatoire, souvent en Allemagne ou en Afrique du Nord. Ces Français d'origine géorgienne servent la France comme les autres Français. Pour les descendants de deuxième génération la question de l'intégration ne se pose plus. Il est probable que la guerre froide (et "l'espoir perdu d'un retour en Géorgie"), la croissance économique (les "Trente glorieuses"), l'enracinement des enfants nés en France et la tradition géorgienne des études (recherche du savoir, "ganatleba") ont contribué à accélérer cette intégration ... même si parfois les prénoms et les noms ne permettaient pas de masquer les origines ! Retour à Dossier : les émigrations géorgiennes vers la France au XXème et au XXIème siècles (2012). [ Accueil ] [ Retour à l'article ] [ Haut ] |
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